Texte par Cadfael

Les vaccins nous concernent tous, particulièrement celui d’AstraZeneca. Bruxelles veut nous l’imposer, faute de mieux, mais malgré toutes sortes de gesticulations l’image du produit est sérieusement ébréchée. Et la saga ne semble pas terminée, loin s’en faut.

Semaine noire pour l’industriel

Le très américain « Data Safety Monitoring Board » (DSMB) informait le 23 avril 2020, quelques heures seulement après la publication des nouveaux résultats de tests cliniques d’AstraZeneca, qu’il les mettait en doute. Dans un communiqué adressé au « Niaid », « Barda », deux agences du ministère de la santé américain et à Astra Zeneca, il informait que la société pouvait avoir « utilisé des données obsolètes qui pouvaient avoir fourni une vue incomplète sur les résultats concernant l’efficacité du produit. Nous exhortons la société de revoir les données concernant l’efficacité ensemble avec le DSMB et d’arriver ainsi à des données les plus justes et à jour en matière d’efficacité afin de les rendre publiques le plus rapidement possible »

Et le communiqué précisait que les autorisations d’utilisation du vaccin seraient données après une revue indépendante des résultats par des comités d’experts de la « Food and Drug Administration » l’entité en charge de la sécurité alimentaire et pharmaceutique et des CDC (Centers for Disease Controls and Prevention), les entités en charge de la santé publique aux Etats-Unis, toutes sous le chapeau du Ministère fédéral de la santé.

Spécifiquement mentionnés étaient le « Niaid » une des 27 unités du « NIH », l’agence de recherche médicale nationale américaine en charge des menaces infectieuses et allergiques.

Également concernée par le communiqué est le « BARDA », l’agence qui sert de centre d’alerte et d’analyse de risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires.  Une partie de ses fonctions touche également à l’approvisionnement en vaccins. Son directeur a le rang de sous-secrétaire d’état.

Ce communiqué va totalement à l’encontre des bénédictions de l’agence médicale européenne d’il y à peine une semaine. Il est à prendre très au sérieux et constitue un contrepoint à la complaisance des européens.

Une polémique quasi publique

Dans un échange de communiqués entre l’industriel et les instances fédérales américaines, AstraZeneca justifie la rigueur scientifique de sa démarche et de ses résultats. Toujours est-il que selon l’industriel l’étude contestée aurait été faite dans les règles sur un échantillon de 37.000 personnes, et que son vaccin protègerait à 79 % et éviterait des complications lourdes de la maladie, même chez des personnes âgées.

La « Franfurter Allgemeine Zeitung » du 23 mars souligne qu’il était très exceptionnel que ce genre de débat soit réglé sur la place publique. Le vaccin d’AstraZeneca n’a actuellement pas d’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis.  Les vaccins de BionTech, Moderna et de Johnson et Johnson y sont mis en œuvre.

La mise sur le marché européen du vaccin de Johnson et Johnson entraine une simplification radicale des protocoles de distribution et de stockage :  il ne doit pas être réfrigéré a des températures aussi basses que certains de ses concurrents et se conserve pendant trois mois dans un réfrigérateur.

Money, money

Les marchés des vaccins représentent actuellement des enjeux économiques, sanitaires et politiques énormes. Selon Forbes de novembre dernier Pfizer/BionTech ont bénéficié d’un contrat de 1.95 milliards de dollars du gouvernement américain pour 100 millions de doses. Moderna a reçu presque 1 milliard de dollars du BARDA ainsi qu’un contrat de 1 milliard supplémentaire pour 100 millions de doses. Forbes note que selon les données intérimaires de la mi-novembre 2020 le vaccin de Pfizer possède une efficacité de 90% et celui de Moderna de 95% à 100%, chiffres confirmés le 28 février dernier par le site « biospace.com », proche des industries pharmaceutiques. Ce site donne une efficacité de 70% à AstraZeneca mais ne tient pas compte des derniers développements. Sur ce site on trouvera un listing clair de tous les vaccins sur le marché incluant leur efficacité face aux mutants.

Qu’en disent les Suisses

En Suisse, pays qui nous sert parfois d’exemple, Swissmedic a autorisé le vaccin de Johnson et Johnson, mais curieusement l’administration fédérale ne veut pas l’employer. Les confédérés préfèrent le BionTech/Pfizer et Moderna.

Et le reste du monde

L’OMS qui considérait le vaccin d’AstraZeneca comme sûr, mais ce avant la sortie du communiqué américain, déplore une inégalité grandissante de distribution des vaccins. L’écart des vaccins administrés dans les pays riches et dans les pays pauvres s’amplifie. L’initiative COVAX (Il s’agit d’une initiative ayant pour but d’assurer un accès équitable à la vaccination contre la covid-19 dans 200 pays), gérée conjointement par l’OMS et GAVI (est une organisation internationale créée en 2000 prenant la forme d’un partenariat des secteurs public et privé sur les questions d’immunisation qui a pour but d’accélérer les progrès des pays pauvres dans les possibilités d’accès des enfants à la vaccination et dans la palette des vaccins disponibles.

Une initiative privée-publique avec siège à Genève, a comme but de distribuer pendant les 100 premiers jours de 2021 un vaccin dans tous les pays en incluant 92 pays à bas revenus. 20% des populations de tous pays devrait être vacciné. Les Etats-Unis, l’Europe et la Grande Bretagne comptent pour 206 millions de doses administrées .31 millions de doses ont été distribuées dans 57 pays dans le cadre du programme COVAX 0.1 % des vaccins administrés l’ont été dans des pays dits « pauvres ».

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