Autoroutes bloquées, péages occupés, foins déversés sur les routes, manifestations : depuis le 18 janvier, pour les agriculteurs français, la colère ne descend pas et s’étend même un peu partout en Europe pour la plus grande inquiétude des politiques…
Par Anaïs Riffi
Le monde agricole est actuellement en ébullition en Europe, avec une mobilisation massive des agriculteurs qui abandonnent les champs pour manifester dans les villes. Une colère qui a débuté au Pays-Bas et qui a donné des idées aux pays voisins tels que l’Allemagne, la France ou encore, plus loin, la Roumanie. Les agriculteurs expriment leur mécontentement envers des gouvernements qu’ils estiment déconnectés de la réalité, dénonçant des mesures jugées excessivement contraignantes et coûteuses. Les motifs de protestation varient d’un pays à l’autre, mais tous convergent vers une opposition unanime aux réglementations jugées trop strictes, avec la question des enjeux climatiques ravivant les tensions entre le monde agricole et l’environnement.
Une colère qui voit donc ses débuts en Hollande en 2019. Les agriculteurs avaient alors protesté contre les politiques gouvernementales, en particulier celles liées à la réduction des émissions d’azote de l’agriculture imposées pour répondre aux normes environnementales européennes. Les agriculteurs craignaient que ces mesures, impliquant la réduction du bétail et des restrictions sur les engrais, compromettent leur viabilité économique. Une manifestation majeure à La Haye en octobre 2019 a conduit à des discussions entre le gouvernement et les agriculteurs pour trouver des solutions.
Les Pays-Bas allument les mèches
Ces actions au Pays-Bas ont eu des répercussions au-delà des frontières, et ont raisonné dans toute l’Europe, notamment aussi en Irlande et en Belgique. En Irlande, les producteurs laitiers ont protesté en juillet contre des restrictions liées à l’azote, bien que les manifestations aient été moins importantes qu’aux Pays-Bas. En Belgique, des convois d’engins agricoles ont perturbé le quartier européen de Bruxelles en mars. À ce moment-là, le gouvernement flamand envisageait un plan similaire à celui des Pays-Bas pour réduire les émissions d’azote du secteur, notamment en fermant les exploitations agricoles les plus polluantes.
L’Allemagne sur le ring
En Allemagne, c’est une autre politique climatique qui a déchaîné le monde rural. Depuis le début de l’année, les agriculteurs se mobilisent contre un projet gouvernemental très mal accueilli. Une réforme de la fiscalité prévoit, à partir de 2026, de supprimer une exonération sur le diesel agricole dont bénéficiait la profession. La coalition allemande menée par Olaf Scholz espérait renflouer les caisses du pays, confrontées à une crise budgétaire sans précédent, en plus de mettre fin à une subvention « nuisible au climat ». La mobilisation, qui a culminé à Berlin le 15 janvier, s’est arrêtée provisoirement lorsque syndicats et gouvernement sont revenus à la table des négociations. Mais l’exécutif refuse de reculer.
En France, on en fait tout un foin
Depuis le mardi 23 janvier, la mobilisation des agriculteurs continue dans toute la France.
Et a été marquée par un drame. Une agricultrice a été tuée, et son mari et sa fille, adolescente, ont été grièvement blessés, après avoir été renversés à l’aube sur un barrage routier d’agriculteurs dans l’Ariège. La mobilisation se poursuit toujours, malgré l’échange avec le Premier Ministre Gabriel Attal ce mardi. Deux syndicats agricoles appellent au « blocus de Paris » ce vendredi, sorte de dernier recours pour faire entendre leur colère, estimaient mercredi de jeunes agriculteurs sur TF1…