Pourquoi défiler le 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes ? Parce que, globalement et nationalement, nous sommes encore très loin de pouvoir crier victoire pour l’égalité des genres ! Les femmes sont menacées et leurs droits régressent dans de nombreux pays, y compris au Luxembourg.

Elles gagnent moins que les hommes, que ce soit en salaire ou en patrimoine1, sont 6 fois plus susceptibles de travailler à temps partiel et sont sur-représentées dans les secteurs à bas salaires. Même celles qui touchent déjà une retraite gagnent 43% de moins que les hommes. À la maison, c’est souvent encore aux femmes de faire la majorité du travail domestique non rémunéré et de supporter la charge mentale du foyer. Les politiques familiales qui favorisent la présence maternelle au détriment de la paternelle, telles que le congé de maternité et de paternité inégal, ne font que perpétuer cette injustice. En ce qui concerne la crise du logement qui touche toute la population, ce sont encore les femmes qui sont les plus durement touchées : elles ont moins de budget et sont plus souvent seules avec des enfants à charge. Les familles monoparentales, qui sont à plus de 80% féminines, sont également confrontées à un système fiscal très injuste qui favorise les couples mariés.

Violence et discrimination

Les victimes de violence domestique se retrouvent souvent face à un manque de places dans les foyers d’accueil et dans l’incapacité de se loger sur le marché privé, ne leur laissant pour seul choix que la violence ou la rue. Et la violence cible encore et surtout les femmes : en 2022, parmi les victimes d’une expulsion suite à des violences domestiques, 230 sont des femmes, 316 sont des hommes. Au Luxembourg, 1 femme sur 4 déclare avoir été victime de violence sexuelle au cours de sa vie.

Au niveau politique ?

Enfin, en ce qui concerne la représentation politique, nous sommes encore loin de la parité ; 19 sur 100 bourgmestres sont des femmes, 20 sur 60 sont députées, 5 sur 15 sont ministres. Les femmes partagent ces discriminations avec d’autres groupes vulnérables et beaucoup d’entre elles font face à des discriminations multiples : la communauté LGBTQIA+, les personnes racisées et migrantes, les personnes âgées et handicapées ainsi que les étudiants. À ces exemples nationaux s’ajoute un constat international accablant. Partout dans le monde, des mouvements réactionnaires et d’extrême droite progressent, impactant les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. La traite, la remise en question du droit à l’avortement, le viol comme arme de guerre, les violences sexuelles dans le contexte migratoire, les restrictions vestimentaires, les atteintes à la liberté, les mutilations génitales et les mariages forcés sont autant de fléaux qui touchent encore les femmes en 2024. Les causes sont les mêmes partout dans le monde : sexisme structurel, patriarcat et misogynie.

Et si on incluait l’égalité des genres dans les textes législatifs

Aujourd’hui, nous appelons la Chambre des députés, le gouvernement et le Conseil d’État à reconnaître ce constat et à inclure une perspective d’égalité des genres dans la conception, l’émission d’avis et l’approbation des textes législatifs. Nous affirmons cette revendication face à une neutralité de genre toujours reconnue comme une option par le législateur lors de l’évaluation d’impact des projets de loi. Nous tenons à rappeler qu’il n’y a pas de neutralité de genre en matière de politiques et de textes de loi, et que tout ce qui se prétend neutre en genre discrimine inévitablement le groupe déjà défavorisé. La réponse pour garantir des politiques féministes qui luttent réellement contre toute forme de discrimination réside dans l’intégration systématique de la dimension de genre : alors que l’Union européenne en a fait un pilier depuis les années 1990, il est grand temps que le Grand-Duché modernise sa conception. Une politique qui intègre la dimension de genre est une politique qui a examiné de manière comparative la situation des femmes et des hommes concernés, identifié les éventuelles inégalités entre les sexes et cherché à les réduire ou à les éliminer. Des actions concrètes sont aujourd’hui plus que jamais indispensables.

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