L’Iran représente probablement les plus efficaces exemples contemporains de dictatures religieuses. La répression touche autant les femmes que les hommes ou les jeunes. Le clan des mollahs cible particulièrement les femmes Mahsa Amini.

Les religions sont ce que le pouvoir qui les manipule, veut qu’elles deviennent, lieux de spiritualité, ou d’asservissement ? Il se trouvera toujours de bonnes personnes pour les transformer en une doctrine d’état que des valets serviles appliquent au nom d’un dieu qui fait peur.

Mahsa Amini, 22 ans, est décédée le 16 septembre 2022 dans un hôpital de Téhéran après avoir été arrêtée et tabassée par la police religieuse pour refus de porter le foulard. Il s’ensuivit un vaste mouvement de protestations initié par les femmes et bientôt suivi par des milliers d’hommes. Réprimé avec les savoir-faire et les outils dont s’est dotée la république islamique, cela s’est soldé par des emprisonnements, des condamnations à de longues peines et des exécutions.

Niloufar Hamedi and Elaheh Mohammadi, deux femmes journalistes qui avaient écrit sur la mort de Mahsa ont été condamnées le 22 octobre dernier à des peines de prison de 13 et 12 ans pour collaboration avec un état hostile (les États-Unis) et atteinte à la sécurité de l’état, chefs d’accusation standard en Iran lorsque le pouvoir a décidé de se débarrasser d’opposants.

Armita Geravand

Armita Geravand, lycéenne à Téhéran, aurait probablement préféré vivre plutôt que de se faire assaillir par une femme membre de cette sinistre Gestapo religieuse, le 1er octobre dernier, dans le métro de Téhéran. Son crime : ne pas avoir porté de foulard. Selon des témoins, même battue et tombée à terre, elle aurait été consciente. La même fonctionnaire qui l’a agressée était dans l’ambulance qui la transportait à l’hôpital militaire. En état de mort cérébrale, elle est décédée ce 28 octobre. La journaliste d’un quotidien officiel a été arrêtée lorsqu’elle voulait lui rendre visite. Deux amies qui accompagnaient Armita ont été détenues et mises sous pression afin qu’elles racontent une histoire montée de toutes pièces par les services de sécurité, idem pour les parents. Au collège d’Armita, des membres des services de sécurité menaçaient les lycéens avec défense de parler ou de faire circuler des photos d’elle. Lors de son enterrement, la célèbre militante des droits de l’homme et avocate, la sexagénaire Nasrin Sotoudeh, ainsi que d’autres ont été battus et arrêtés pour « avoir troublé de la sécurité mentale du pays. »

La répression continue

Le 23 octobre dernier, Fatemeh Rajai Rad, une femme médecin qui a osé se présenter sans foulard à un congrès médical pour recevoir une haute récompense, a été condamnée et interdite d’exercer.

Roya Zakeri, 31 ans, titulaire d’un master en informatique, est détenue depuis le 15 octobre dernier à Tabriz par une patrouille féminine de la police politique religieuse. Son crime : ne pas avoir porté le foulard, elle a été battue jusqu’à l’évanouissement selon « Iran Human Rights Monitor ». Durant son arrestation elle s’est mise à chanter et à crier : « mort au dictateur Khamenei ».  Elle a été emmenée dans un hôpital psychiatrique, sous prétexte qu’elle avait une maladie mentale. La méthode est courante chez les mollahs. Roya avait déjà fait l’objet d’une détention en 2022 lors des protestations puis relâchée après une grève de la faim.

L’espoir est porté par des femmes

La répression s’intensifie ces derniers mois. Depuis 2007, au total 219 femmes, ont été exécutées en Iran, exécution par pendaison-strangulation. Les jeunes générations iraniennes sont convaincues que les droits des femmes constituent un jalon fondamental et irréversible vers les changements nécessaires et un acte de résistance à « l’influence d’un gouvernement corrompu ». Le non-port du voile est devenu un acte de résistance civile courageux ! Le Prix Sakharov du Parlement européen sera remis le 13 décembre à titre posthume à Mahsa Amini et au mouvement « Woman, Life and Freedom » en Iran. Ce slogan repris lors des manifestations de 2022 en Iran trouve son origine dans les actions des femmes combattantes kurdes afin d’instaurer une vision égalitaire de leur société.