Texte par Cadfael

La semaine dernière ONU Femmes* publiait une étude globale sur la situation des femmes en relation avec le COVID. Elle posait de sérieuses questions quant à la pérennité des acquis en matière d’égalité femmes/hommes.

Une perspective globale pessimiste

En se définissant comme « l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes » ONU Femmes se veut le porte-drapeau mondial des femmes et des filles. Elle a été créée pour « accélérer les progrès dans la réponse apportée à leurs besoins partout dans le monde. » L’étude constate que la charge des femmes depuis l’éruption de la pandémie s’est considérablement alourdie que ce soit en matière professionnelle ou en termes de travail domestique. De plus, il y a risque de perte de travail et de paupérisation. 

D’après cette organisation dans beaucoup de parties du monde un réel danger existe, celui de retourner vers les stéréotypes des années 1950 en matière d’égalité femmes hommes. D’après les chiffres de l’ONU, avant la pandémie on évaluait que pour une heure de travail non rémunéré masculin on aboutissait à trois heures de travail non rémunéré féminin. Au Japon ce rapport grimpe de 5 pour 1. Depuis la pandémie ces chiffres dérapent dans tous les pays européens. En Allemagne toutefois ce rapport est de 1.6 fois, en France de 1.7 fois, en Italie de 2.4 fois.

Un pays avec des « Bomi » championnes

Les chiffres montrent également une autre réalité :  le rôle renforcé joué par les grands parents (65 ans +) dans la garde des enfants : dans les pays européens cités, les grands-parents luxembourgeois sont en tête avec 37.3 % des grands-mères engagées pour 30.7 % des grands-pères. Notre pays se place avant la Suisse, la Belgique ou le Portugal qui a le taux d’engagement le plus bas. La « Bomi » luxembourgeoise reste une valeur sûre, surtout en ces temps de tensions où les femmes et les hommes qui sont au contact quotidien avec le virus sont mis à dure épreuve. 

Dans ce contexte, il demeure malgré tout des imbéciles qui pensent que ce virus est un fake ou le résultat d’un obscur complot entre des espions et des petits bonhommes verts invisibles afin de museler nos libertés individuelles (D’après le Larousse un imbécile est quelque chose « dépourvu d’intelligence, sot, stupide).

Des services de santé à bout de souffle ?

Jour et nuit, les équipes des services de santé sont à pied d’œuvre dans une ambiance de stress amplifiée par l’angoisse d’être infecté par cet ennemi invisible qui par nature, implique que l’on arrive à se méfier implicitement de l’autre. La fatigue et le manque de perspectives en matière d’amélioration de la situation laminent un moral qui malgré tout tient encore le coup, combien de temps ?

Le système s’essouffle face au Covid, même dans notre pays où les politiques assument et tiennent le cap. Par contre les faiblesses structurelles bien connues de notre système de santé ressortent au grand jour.

Un sous-effectif en matière de médecins et de personnel soignant chronique qui n’est pas en voie de résorption. Le Luxembourg compte trois médecins pour 1 000 habitants, soit moins que la moyenne de l’UE en 2017 (3,6 pour 1 000), mais plus de personnel de santé toutes catégories confondues. À cela on rajoute le vieillissement des effectifs de médecins et de personnels soignants dont la formation est longue : aujourd’hui, l’âge moyen des généralistes est de l’ordre des 51 ans et celui des spécialistes au-dessus de 52 ans. En outre, plus de 60% de l’ensemble des professionnels de santé qui travaillent au Luxembourg sont ressortissants d’autres pays dont plus de la moitié des femmes.

Le renouvellement de certaines spécialités n’est plus assuré par de nouveaux diplômés. Les départs naturels en pension, les délais de recrutement de certaines catégories médicales sont trop longs et en plus difficiles à trouver ce qui force à chercher ces personnels de plus en plus loin géographiquement. Et même si les rémunérations sont bonnes les hôpitaux de la grande région ne dorment pas et font tout pour rendre leurs jobs attractifs. Luxembourg doit faire un gros effort car les temps de transport et les coûts très élevés du logement sont des arguments qui jouent contre notre pays, arguments connus de longue date et toujours pas en voie de résolution.

Une lumière avant Noël

Dans les services, des absences pour maladie augmentent, absences qui, face au nombre croissant de malades, mettent le système entier à risque.  On appelle à la rescousse des retraités, des congés sans solde et autres dont certains, malgré leur âge qui les met à risque, reviennent « au front ».

Il faut saluer ces femmes et ces hommes et espérer que chez nous ils donneront tort à ONU Femmes. Selon la BBC le Royaume-Uni débutera sa campagne de vaccination la semaine prochaine. Une petite lumière avant Noël, assombris par les réflexions les catégories de personnes à vacciner en premier. Dans certains pays européens, on pense que vacciner les anciens est inutile. De la médecine de guerre dans un monde qui a besoin de paix et de sérénité.

* https://data.unwomen.org/publications/whose-time-care-unpaid-care-and-domestic-work-during-covid-19

À LIRE AUSSI