Après la victoire à la présidentielle américaine du ticket démocrate, Joe Biden et Kamala Harris, le Sénat et la Chambre des Représentants ont procédé à de récentes élections. Parmi les nombreux élu.es, six femmes progressistes, militantes ou activistes dessinent l’avenir du pays et insufflent un vent d’espoir pour les années à venir.

Le Nouveau Mexique à l’image des minorités

Cet État américain, situé au Sud Ouest du pays compte deux représentantes démocrates au Sénat : Debra Haaland et Teresa Leger Fernandez.

Debra Haaland siège aussi à la Chambre des Représentants des États Unis depuis 2019. Suite à l’annonce de Michelle Lujan Grisham, qui ne compte pas se représenter au poste de Représentante des États-Unis, Debra Haaland remporte la primaire démocrate avec plus de 40% des voix dans son district. Ce qui est également important à souligner, c’est que Debra est membre de la tribu pueblo Laguna. Elle porte même une tenue traditionnelle lors de son investiture.

La jeune femme est l’une des premières natives américaines à siéger au Congrès et reçoit, pour son engagement, en février 2019, le prix du William C. Velasquez Trailblazer Award de laU.S. Hispanic Leadership Institute’s National Conference. Elle permet ainsi une représentation nouvelle de la minorité amérindienne à la Chambre des Représentants du Congrès avec sa collègue, Sharice Davids, élue du Kansas.

De son côté, élue au sein du même État, Teresa Leger Fernandez est née à Las Vegas en 1960. A la suite de l’annonce du représentant sortant, Ben Ray Luján de ne pas concourir à une réélection en 2020, Teresa Léger Fernandez saisit l’occasion de se présenter pour assurer la succession. Tout au long de la primaire démocrate, elle est critiquée pour des publicités visant une de ses opposantes, Valerie Plame.  Une de ces dernières comportait des croix gammées à la place des yeux de la candidate en référence à certains propos jugés antisémites. Dans cette affaire, Fernandez nie toute implication. Pendant la campagne, la candidate est légitimée par la membre du Congrès Debra Haaland.

Incarnant un progressisme politique, Leger reçoit le soutien du Working Families Party (“le parti des familles travailleuses”) , de Elizabeth Warren (candidate aux primaires démocrates à la présidentielle 2020), et d’Alexandria Ocasio-Cortez (élue à New York et nouvel espoir de la politique progressiste américaine). Teresa Léger Fernandez se classe première parmi les six autres candidats avec plus de 42% des voix. Aux élections générales du 3 novembre, elle bat le candidat républicain Alexis Johnson.

Le Kansas et Sharice Davids

Sharice Davids a un profil particulier : élue en tant que représentante des États-Unis pour le troisième district du Kansas, elle a tout d’abord commencé sa vie comme combattante en arts martiaux. Dans les années 2000, elle s’entraîne plus de trente heures par semaine, très impliquée dans ses combats. Elle fait partie de l’équipe féminine de l’Ultimate Fighting Championship.

Cet esprit très compétiteur, elle le montre dans sa vidéo de campagne en 2018. La même année, elle remporte les élections pour devenir gouverneure américaine contre son opposant républicain, Kevin Yoder. Dans la foulée, elle gagne un siège à la Chambre des représentants des États-Unis pour le 3e District du Kansas.

Ainsi, elle devient alors la première femme amérindienne élue au Congrès formant ainsi un duo prometteur avec Debra Haaland, et la première femme lesbienne élue pour représenter le Kansas.

Cori Bush pour représenter le Missouri

Infirmière, pasteure et militante américaine, Cori Bush est tout juste élue Représentante des États-Unis dans le premier district du Missouri. Militante américaine, la jeune femme lutte pour les droits des populations noires. Dès 2014 à Ferguson, elle devient l’une des leaders du mouvement de protestation local contre les violences policières suite à la mort de Michael Brown. Ce n’est pas sa première tentative pour se faire élire. En 2018, elle se trouvait face à Lacy Clay. Soutenue par Alexandria Ocasio-Cortez, elle ne réussit pourtant pas à l’emporter face au candidat, élu et réélu sans faute depuis 2000.

Elle tente de nouveau sa chance cette année et cette fois-ci, l’emporte. Son concurrent n’a pas changé mais les résultats balancent en sa faveur, coupant court au parcours sans faute de Clay, représentant sortant. Sa réussite est le résultat d’un travail important et d’une collaboration avec Alexandria Ocasio-Cortez, que l’on peut constater dans le documentaire Cap sur le Congrès dispo sur Netflix et à ne pas louper.

Cori Bush bénéficie de près de 49% des voix contre 45% pour Clay.  Sa victoire s’inscrit dans un contexte tendu et difficile dû à la mort de Georges Floyd en mai dernier et au mouvement massif que cela a entraîné, sans parler de la pandémie de coronavirus, elle qui prône un système public de santé meilleur et favorable aux minorités dénonçant l’inaction du Président Trump.

La première sénatrice transgenre : Sarah McBride, espoir d’un élan progressite

 Sarah McBride ou l’espoir LGBTG+ des États-Unis. Qualifiée comme la Most Valuable Progressive (« progressiste la plus importante ») du Delaware ou encore nommée comme l’une des cinquante milliénials qui feront une différence dans les années à venir, la jeune femme transgenre est massivement reconnue pour son activisme.

L’année 2016 est à l’image de ses engagements. En avril, Sarah McBride réalise une conférence TEDex intitulée « Gender assigned to us at birth should not dictate who we are », une façon d’assoir encore un peu plus son propos. Dans le cadre des élections présidentielles de la même année, elle siège au comité Trans United for Hillary, un groupe voulant instruire et mobiliser les personnes transgenres et leurs alliés pour soutenir Hillary Clinton. Le 28 juillet, Sarah McBride devient la première femme transgenre à effectuer un discours lors d’un congrès national de la Convention nationale démocrate. Enfin, elle est depuis, secrétaire nationale pour la presse de l’Human Rights Campaign, groupe de défense et lobby le plus important en matière de droits des personnes LGBT aux États-Unis.

Barack Obama avait d’ailleurs remarqué Sarah McBride pour son engagement lors des campagnes de Jack Markell au poste de gouverneur en 2008 et de Beau Biden, qui concourait alors comme procureur du Delaware. Ainsi, le 44e Président des États-Unis lui propose de rejoindre les équipes de la Maison Blanche comme stagiaire dans le cadre des problématiques LGBTQ+. Une première pour une personne transgenre.

En 2020, elle devient sénatrice du Delaware avec plus de 70% des votes en sa faveur et la première femme sénatrice ouvertement transgenre des États-Unis.

Alexandria Ocasio-Cortez, on ne la présente plus

Née en 1989 dans le Bronx, la jeune femme de 31 ans s’inscrit depuis quelques années, comme une figure de la politique américaine. Souvent appelée par ses initiales AOC, elle se fraie un chemin en politique. Il se trouve que celle qui se définit comme aussi déterminée qu’engagée, réussit plutôt bien. Fière d’être américaine et d’être une femme, elle prône une égalité des sexes et une reconnaissance légitime des communautés minoritaires.

Elle début en politique en faisant démarches téléphoniques lors de la candidature de Barack Obama aux élections présidentielles de 2008, puis par sa participation à la campagne de Bernie Sanders lors des élections à la primaire démocrate en 2016 qui finira par l’incliner face à Hillary Clinton. 

En 2018, elle est élue au poste de Représentante des États-Unis pour le 14e district de New York. D’origine hispanique par sa mère, née à Porto Rico, elle incarne en majorité la population de son quartier de naissance. La jeune femme s’oppose à Joseph Crowley qui siège à la Chambre des Représentants depuis 1999 et l’emporte à plus de 57% des voix en sa faveur, grâce à une campagne riche, capable de toucher toutes les populations.

Le documentaire Cap vers le Congrès sorti sur Netlfix en 2019 retrace son parcours et sa course folle pour la Chambre des Représentants. La jeune serveuse dans un bar du Bronx devient la plus jeune élue au Congrès américain à l’âge de 29 ans. Elle est réélue en 2020 avec plus de 72% des votes. Affiliée au parti de Bernie Sanders, elle se rallie par la suite à Joe Biden lors des élections présidentielles de 2020. Elle se définit comme socialiste-démocrate et défend les projets politiques progressistes comme une assurance maladie pour tous, une garantie à l’emploi, et l’adoption de politiques de contrôles des armes à feu.

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