En 2024 il y aura des élections dans 64 pays en plus de celles de l’Union européenne. Cette constellation est un risque supplémentaire pour une péninsule ibérique européenne fragilisée par des crises à répétitions.

Par Cadfael

Lisbonne en crise permanente.

Le Premier ministre socialiste portugais et plusieurs membres de son gouvernement ont été contraints de démissionner à la suite de soupçons de corruption en relation avec deux projets douteux : l’un est l’exploitation de lithium et l’autre, la construction d’une unité de production d’hydrogène, cette dernière subventionnée à coups de centaines de millions communautaires. Les deux dernières années du règne de Socrates ont été marquées par une succession ininterrompue de scandales et les démissions d’au moins une douzaine de ministres pour les raisons obscures. Son successeur à la tête du parti, ancien ministre des Infrastructures, avait lui aussi démissionné après un scandale d’indemnités surdimensionnées pour une dirigeante peu douée de la société aérienne nationale en quasi-faillite. L’actuel ministre des finances portugais serait, selon CNN, également inculpé pour des prises d’intérêts illicites et d’abus de pouvoir dans des projets immobiliers à l’époque où il était maire de Lisbonne, ce que l’intéressé nie. La destruction urbanistique systématique de Lisbonne et la spéculation sans limites ont créé un problème de logement sans précédent.

Une économie affaiblie.

Le succès économique du pays repose en grande partie sur le tourisme qui s’est développé après le printemps arabe. Le gouvernement a mis en œuvre une politique misant sur des jobs précaires et bon marché dont les Portugais ne veulent plus. Trente pour cent des jeunes portugais entre 15 et 39 ans en majorité des diplômés ont quitté le pays et ne pensent plus revenir. La politique de son ministre des finances, qui vise surtout l’excédent budgétaire, a eu comme conséquence des investissements publics quasi inexistants en matière d’éducation, de santé publique, de services de secours, de système hospitalier, de logement, d’infrastructures, de chemins de fer, et de salaires des fonctionnaires. Tous ces secteurs sont marqués par des grèves à répétition. Les fermetures temporaires des services hospitaliers publics par manque de personnel sont courantes. Dans l’enseignement, il manque 11.000 professeurs ! Très à la mode ces derniers temps, les « promenades spontanées » de centaines de policiers, gendarmes, gardiens de prison qui chantent l’hymne national. Pendant ce temps, les inculpés des megascandales comme l’ancien premier ministre socialiste Socrates ou le banquier Salgado de « Banco Espirito Santo » et leurs « associés » se promènent presque librement depuis des années. La justice leur reproche leur responsabilité dans les détournements impliquant des centaines de millions d’euros. Récemment Salgado prétextait souffrir d’Alzheimer devant un juge en invoquant des symptômes inconnus de la maladie. Le dernier projet en date du défunt gouvernement socialiste est un train à grande vitesse reliant Lisbonne à Porto pour une facture de 1.65 milliard dont 500 millions en fonds européens. Il fera probablement des courses de vitesse avec le train Alfa Pendulaire Lisbonne Porto qui existe déjà et dont la vitesse atteint plus de 200km/h.

Madère

La semaine dernière à la suite d’une méga opération de police sur l’île de Madère aux Açores, le président de la région Madère, son adjoint et deux entrepreneurs se sont retrouvés dans un avion militaire en direction de Lisbonne pour y être interrogés. Il leur est reproché corruption, prise d’intérêts illicites, prévarication, abus de pouvoir et trafic d’influence. Un ancien vice-président de l’île a clamé devant les caméras : « Luttons pour l’autonomie de Madère ».

Une Espagne fissurée par le venin indépendantiste.

Créé en 1974, le parti autonomiste, la « convergence démocratique », de tendance centre gauche a muté en « un parti attrape-tout réunissant d’anciens communistes comme d’anciens franquistes avec une ligne politique très ambiguë sur la question nationale », explique Joan Culla Clarà, professeur d’histoire contemporaine à l’Université autonome de Barcelone. En 2017, après un référendum et une déclaration unilatérale d’indépendance en pleine illégalité, certains dirigeants indépendantistes se retrouvent à la case prison, tandis que d’autres, mieux organisés, s’exilent à l’étranger comme leur chef Puigdemont. Pour mieux manœuvrer le dogmatique, Puigdemont a créé en 2020, Junts, parti qui remportera 7 voix aux élections de 2023. Le Premier ministre espagnol sortant, le socialiste Sanchez était minoritaire par rapport au vainqueur, le Parti populaire, démocrate-chrétien aux racines franquistes.  Pour pouvoir gouverner, il avait besoin des 7 voix de Junts. Il a sacrifié l’intégrité de la Démocratie espagnole sur l’autel de l’autonomisme catalan en contrepartie d’une loi d’amnistie pour crimes de sécession et de terrorisme. Un juge antiterroriste a repris les contacts de Junts avec la Russie comme charge supplémentaire. Le vote de la loi a échoué ce mardi, Junts ayant voté contre le texte n’allant pas assez loin à son goût. En attendant, des dizaines de milliers de personnes manifestent toutes les semaines, refusant un pays déchiré. L’Espagne est un des piliers de l’Europe avec le Portugal !