Pour diverses raisons, les femmes sont plus sensibles et actives en matière d’écologie que les hommes. Face à l’urgence climatique, il importerait, dès lors, de leur accorder davantage de place et de tendre vers une société plus égalitaire. C’est l’ambition des adeptes de l’écoféminisme qui tentent d’imposer leurs « thématiques » qui bousculent tout. Ou presque.
Par Fabrice Barbian
Les femmes sont plus écolos que les hommes soulignent de nombreuses études sur le sujet. Elles ne possèdent pas un gène particulier qui ferait que… Non, l’explication réside dans l’éducation. Les garçons et les filles ne sont pas logés à la même enseigne, ce n’est pas un scoop. Les petites filles sont notamment beaucoup plus sensibilisées à l’importance de s’intéresser et de se soucier des autres, à la solidarité, à la bienveillance, à l’éthique du soin (ce qui ne signifie pas que les garçons sont tous des monstres d’égoïsme). Et la question de l’environnement impactant finalement toute l’humanité, elles sont davantage « préoccupées » par ces questions. D’autant plus d’ailleurs qu’elles sont en première ligne, dans l’action. Ce sont les femmes qui se chargent encore majoritairement des tâches domestiques. Ce sont elles qui font les « courses », qui privilégient (ou pas) des produits bios ou éthiques, qui connaissent les produits frais et de saison, qui utilisent des sacs recyclables ou des cabas pour se rendre au marché. Pas franchement un truc de « mec » de tirer ce « truc » à roulettes. Cela dit, les hommes « achètent » aussi « écolo ». Surtout s’il y a des bénéfices à en retirer en termes de reconnaissance comme le mari responsable, le super-papa ou le gars qui dépasse les clichés, car suffisamment costaud pour ne pas craindre que sa virilité puisse être remise en cause. D’ailleurs, pour favoriser les comportements d’achat « verts », l’un des axes de travail en matière de marketing, consiste à masculiniser l’écologie et ses « pratiques ». Avec pour subtilité de faire passer le message que cela participerait aussi à rendre les hommes plus sexy aux yeux des dames.
Les femmes plus exposées aux risques
Une autre explication mise en avant pour expliquer que les femmes sont plus écolos réside dans le fait qu’elles sont davantage exposées aux risques climatiques. C’est le cas sous nos latitudes dans la mesure où elles assurent une part plus importante du travail domestique non rémunéré et ont des emplois moins bien payés (elles sont donc davantage exposées ou fragilisées). À l’échelon planétaire, c’est plus tangible encore. Selon l’ONU, les femmes et les enfants ont 14 fois plus de chance que les hommes de mourir lors d’une catastrophe naturelle.
Dans une chronique disponible sur le site internet des Nations Unies, écrite par Balgis Osman-Elasha (climatologue soudanaise),on apprend que sur le 1,3 milliard de personnes vivant dans des conditions de pauvreté, 70% sont des femmes. « Dans les régions urbaines, 40% des ménages les plus pauvres ont une femme pour chef de famille. Alors que les femmes jouent un rôle clé dans la production alimentaire mondiale (50 à 80%), elles détiennent moins de 10% des terres », précise-t-elle encore. Il importe, dès lors, de les soutenir, car elles ne sont pas seulement les victimes des changements climatiques, elles disposent, aussi, de précieux savoirs et savoir-faire. « La collecte et l’entreposage de l’eau, la préservation de la nourriture et son rationnement, la gestion des ressources naturelles sont des domaines que les femmes ont traditionnellement maîtrisés », précise Balgis Osman-Elasha.
L’écoféminisme
Alors compte tenu de ces « constats », ne serait-il pas judicieux de « féminiser » l’écologie (pour de vrai !) ? C’est ce que pensent les adeptes de ce que l’on appelle l’écoféminisme. Théorisée il y a plus de 50 ans, portée par différentes intellectuelles comme Françoise d’Eaubonne, Maria Mies ou bien encore Vandana Shiva, cette « théorie/mouvance/mode de pensée », dont il existe différents courants (politiques, spirituels…), tente de diffuser. À lire la littérature dédiée, l’écoféminisme, pour faire (très/trop) simple, articule des revendications en faveur du droit des femmes à la préservation de la nature en partant du principe que l’exploitation et la destruction de l’environnement par les humains et l’oppression des femmes par les hommes (de leur travail comme de leur corps et de leur sexualité) sont les conséquences d’un même système.
Tout changer…
La grande ambition est d’agir en faveur d’une société plus égalitaire au sein de laquelle les femmes ont toute leur place, ce qui s’accompagnerait de facto d’une société plus encline à prendre soin de la planète (et de l’humanité tout entière). La fin du patriarcat capitaliste, pour résumer. Une (r)évolution qui revient donc à modifier les rapports à la nature, mais aussi au corps, à la sexualité, au travail, aux animaux, à la nourriture… Et à repenser la virilité comme on l’entend aujourd’hui avec ce qu’elle peut avoir de positif et de regrettable ? Pas qu’un peu mon neveu ! Et cela va bien au-delà pour les hommes que d’apprendre à manier un cabas rempli de fruits et légumes de saison (la viande, c’est pour les prédateurs, il paraît), dans les allées du marché. Mais c’est pour La cause : sauver la planète à l’heure où il importe d’agir rapidement !
Reste à savoir si cette « ambition » pourrait être bénéfique (pour l’environnement s’entend). Pas simple d’y voir clair. Pour tout un chacun, il est même compliqué de se faire une petite idée tant les débats (quand il y en a) sont « passionnés ou politisés », tant l’écoféminisme bouscule « l’ordre établi » et s’accompagne de sacrées remises en cause. Allez, à défaut d’y voir clair, une petite chanson pour finir, histoire de phosphorer un peu et de s’apaiser… « Il faudra réapprendre à vivre, ensemble, écrire un nouveau livre. Redécouvrir tous les possibles. Chaque chose enfin partagée, tout dans le couple va changer d’une manière irréversible », chantait Jean Ferrat, en 1975 avec « La femme est l’avenir de l’homme ».