La coalition gouvernementale de Pedro Sanchez a ouvert une crise qui divise profondément le pays. Via une alliance contre nature avec un leader catalan accusé de sédition et de terrorisme, le Premier ministre recherche une majorité pour gouverner, sacrifiant l’intégrité du royaume.

Par Cadfael

Les élections fatidiques

Le 23 juillet 2023, ont eu lieu des élections aux Cortes, la chambre des députés. Les 137 sièges du Parti populaire et les 122 sièges du parti socialiste de Sanchez ne permettent pas de gouverner. Le PS et son allié le Parti Sumar avec 31 sièges n’ont pas atteint pas la barre des 176 députés. Sumar est un agglomérat de 19 autres petits partis régionaux. Sanchez est allé les pêcher les sièges manquants au sein du vivier des 31 élus indépendantistes. Il a misé sur les Catalans d’ERC et Junts, ce dernier groupuscule créé juste avant les élections par Puigdemont pour revenir en Espagne et au pouvoir.

En 2017, après un référendum illégal organisé en Catalogne sous sa présidence et une déclaration unilatérale d’indépendance, Madrid a puni. Certains séditieux sont allés à la case prison, tandis que d’autres, mieux organisés, comme Puigdemont, ont fui à l’étranger. Il a été recherché par la justice espagnole sous l’accusation de terrorisme, de détournement de fonds et de sédition. A ces points s’est ajoutée une enquête sur une mystérieuse plateforme catalane appelée Tsunami démocratique appelant a la révolte. Réfugié en Belgique, il a réussi à se faire élire au Parlement européen en 2019.

Le prix à payer pour Sanchez est lourd : une loi d’amnistie taillée sur mesure afin que Puigdemont puisse revenir en Espagne et terminer son œuvre. Un premier projet de loi a été saboté par Junts. La seconde version été adoptée par les députés ce 14 mars. Elle devra passer devant le Sénat et ne sera pas adoptée avant mai. Le 12 mai il y aura des élections anticipées au Parlement catalan où Puigdemont veut se représenter. En attendant, des centaines de milliers d’Espagnols protestent contre cette loi d’amnistie.

L’affaire Ayuso.

Entretemps éclate l’affaire Ayuso. Le camp socialiste veut la tête de la présidente conservatrice de la communauté de Madrid. Son compagnon, technicien de santé, aurait profité de leur liaison pour faire des montages d’affaires douteux. Selon un article d’« El Pais », il a tenté en pleine pandémie de vendre des vaccins à la Côte d’Ivoire cinq fois au-dessus du prix du marché. Les pays européens ont offert des vaccins gratuitement et l’affaire est tombée à l’eau. Il restait 15 factures avec des frais fictifs de 1,7 million d’euros, c’est pour cette raison que lui et ses comparses sont poursuivi pour fraude fiscale et falsification de documents. Selon son avocat, il aurait admis les faits. Dans une autre opération, il serait intervenu en tant qu’intermédiaire pour l’achat de gants et de masques à la Chine. Le chiffre d’affaires de sa société est passé de 400 000 euros en 2019 à 2.3 millions en 2020.

L’affaire Koldo et Armengol.

Un ancien ministre de Sanchez a été poussé à démissionner pour son implication dans des contrats d’achat de masques lors de la pandémie. D’un volume de 53 millions d’euros, les commissions auraient été versées via son ancien chauffeur Koldo Garcia. Selon les autorités fiscales, cela aurait permis à l’ancien numéro trois du PS d’acheter 3 appartements à Benidorm dont un au nom de sa fille de deux ans. Devenu député socialiste, il n’a pas démissionné. Il a simplement changé de groupe parlementaire pour intégrer les non-inscrits, une nouvelle menace pour la majorité de Sanchez. La socialiste Francine Armengol, à l’époque présidente des îles Baléares et actuelle présidente des Cortes et Victor Torres à l’époque président des Canaries et maintenant ministre de Sanchez ont également acheté pour 15.9 millions de masques, tous défectueux, avec des fonds européens, via le circuit Koldo. Bruxelles enquête et les conservateurs exigent la démission d’Armengol.

Les amis russes de Puigdemont.

L’enquête publiée en mai 2022 par la plateforme d’investigation OCCRP et « El Periodico » catalan, de centre gauche, a révélé que juste avant la tentative de sédition de 2017, Puigdemont a reçu un diplomate russe, présenté comme un envoyé de Moscou. Il a offert une aide militaire (envoi de 10.000 troupes, nom de code « Voloh ») et 550 milliards en soutien économique à la Catalogne. Le nouvel état pro russe deviendrait un paradis du bitcoin dont le but est de déstabiliser l’Union européenne. Le juge espagnol en charge a entretemps découvert l’identité d’individus allemands, russes et italiens impliqués dont des diplomates en lien avec les services russes. Selon un rapport du tribunal suprême espagnol, le cercle des proches de Puigdemont était informé. Le Parlement européen enquête ! Après l’échec retentissant du gouvernement socialiste portugais qui a sombré dans une mer d’incompétence et de scandales, le socialisme espagnol suivrait-il la même voie, cette fois-ci avec des conséquences géopolitiques pour l’Europe. 

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