Texte par Cadfael

Laisser derrière lui un héritage empoisonné n’empêche pas le président américain sortant d’organiser une mise en scène de départ digne des plus méritants. Il confine le retour à la démocratie parlementaire derrière des barbelés et sous la protection de soldats défenseurs des institutions.

Tapis rouge et trompettes

Que Trump n’assiste pas à la cérémonie de prise de pouvoir du nouveau président élu Joe Biden et de sa vice-présidente est conforme à l’image qu’il s’est construite et qu’il laissera à la postérité. D’après ABC news, la Maison Blanche est dans une atmosphère de crépuscule de dieu, le Walhalla brûle et s’effondre. Un autre monde, celui de la démocratie parlementaire est à reconstruire.

Au lieu de disparaitre dans les flammes comme chez Wagner, les médias nous apprennent que président sortant est en train d’organiser son tombé de rideau. Dans sa mise en scène de départ il inclut un tapis rouge, une musique et des honneurs militaires et selon Associated Press le tout accompagné de 21 coups de canon, une tradition qui remonte à l’an 1842.

« Business Insider » mentionne qu’il aurait également souhaité inclure dans cette cérémonie de départ, un « color guard » c’est-à-dire une présentation des drapeaux des quatre armés par des cadets militaires selon un rituel bien défini. Le tout se passerait probablement avant l’installation du nouveau président élu. Ensuite il s’envolera avec Air force one vers Palm Beach pour aller à Mar de Logo dont il a fait sa Maison Blanche bis et qui est censée devenir sa résidence privée.

Le football nucléaire

Conséquence de ce planning, Trump emmènera le « football » nucléaire avec lui lorsqu’il s’envolera de Washington. Football nucléaire est le nom qu’on donne à une mallette qui contient le nécessaire afin d’activer l’armement nucléaire en cas de crise.

Les présidents américains sont accompagnés 24/24 et 7/7 par des officiers militaires qui portent une mallette en cuir avec les éléments nécessaires pour déclencher un tir nucléaire avec un des engins issus de la panoplie nucléaire américaine.

Lors de la cérémonie d’installation cette mallette est transférée au nouveau président, le jour d’installation, à midi précises. Et Trump s’envolera avant cette heure. Les derniers jours des entretiens ont eu lieu au plus haut niveau entre la nouvelle équipe et des responsables du Pentagone dans la crainte d’une « bavure trumpienne »

Un attaché case et un biscuit

Il s’agit d’un attaché case en aluminium fabriqué par « Zero Halliburton » et entouré d’une enveloppe en cuir lui conférant un aspect moins militaire et plus diplomatique.

Selon le site de la « Smithsonian Institution », il contient les éléments nécessaires à la  communication avec les services ad hoc du Pentagone afin d’ordonner une éventuelle riposte immédiate. Il donne de manière simplifiée les options à disposition à savoir selon le site « détruire tous les ennemis d’un seul coup ou de seulement éliminer Moscou, Pyongyang ou Beijing ».

A cela s’ajoute le « biscuit » qui est une carte plastique qui contient des codes d’identification positifs du président et qui est censée être portée par le président 24 heures sur 24 et, 7 jours sur 7. Clinton l’avait perdue et lorsque Reagan a été blessé lors d’un attentat, elle a été retrouvée dans une des poubelles de sa chambre d’hôpital.

Un des experts du Centre pour le Contrôle de L’Armement et la Non-Prolifération, situé à Washington est d’avis qu’il existe plusieurs exemplaires de ce football un peu spécial : un pour le président, une pour le vice-président et un pour le survivant désigné. La « Smithsonian Institution » qualifie cette mallette de symbole le plus proche de la couronne et du sceptre des rois du moyen-âge, symbole « du pouvoir incroyable et de la responsabilité énorme » du président américain.

Pour autant que l’on sache la plupart des nations disposant de l’armement atomique fonctionnent sur des modèles analogues, si ce n’est la Corée du Nord, où le Dictateur parle d’un bouton toujours accessible.

Ubu à Palm Beach

Une fois tous ces honneurs reçus, Ubu roi quittera Washington avec Air Force Number One pour aller à Palm Beach à Mar de Lago où les voisins ne veulent plus de lui d’après le Washington Post du 15 décembre dernier. Là un imbroglio juridique l’attend car il ne peut à priori pas utiliser Mar de Lago comme résidence privée du fait de contrats que lui-même, a signés par lui-même lorsqu’il était à court d’argent…

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