Dès leur plus jeune âge, les enfants retirent des bénéfices à s’y « frotter ». En favorisant le multilinguisme et la diversité culturelle dès la crèche, le Luxembourg favorise l’épanouissement des enfants ainsi que le bien-vivre ensemble. Ce qui n’est pas anodin dans un monde où les relations entre les Hommes ont tendance à sérieusement se… crisper.  

Par Fabrice Barbian

Tous les experts de la petite enfance le mettent en lumière : les 1000 premiers jours de l’enfant ont un impact majeur sur son développement. Et cela vaut dans tous les domaines ou presque : social, émotionnel, moteur, cognitif… L’apprentissage progresse alors à grande vitesse, plus vite qu’à tout autre moment de la vie. Comprendre que tout ce qui est alors transmis à l’enfant durant cette période de la vie lui servira (ou le desservira, c’est selon) tout au long de sa vie. Si l’enfant est comme une éponge, l’idée n’est pas de le stimuler en permanence, mais le confronter très tôt à la diversité culturelle est assurément une bonne idée. C’est d’autant plus pertinent au Luxembourg qu’elle fait partie intégrante du quotidien, y compris dans les structures accueillant les bambins. Mais plus concrètement qu’est-ce qu’apporte aux jeunes enfants le fait d’être confronté très tôt à cette diversité ? 

Acquisition de compétences langagières

Commençons par le multilinguisme puisque pour soutenir les tout petits dans leur développement langagier, un programme d’éducation plurilingue a été introduit en octobre 2017 dans les crèches, au profit des enfants de 1 à 4 ans. Tous les enfants de cette tranche d’âge sont mis en contact avec les langues du pays. En sachant que celle(s) de la famille est (sont) également valorisée(s). « Tous les enfants seront encouragés à s’exprimer dans leur langue, condition essentielle pour leur développement identitaire et langagier », précise le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse. Voilà pour le cadre. Et ? Eh bien, se frotter à cette diversité des langues va non seulement leur permettre de maîtriser plusieurs langues – ce qui est déjà une chance en soi, ne serait-ce que sur le plan professionnel, plus tard – mais aussi d’en apprendre d’autres plus facilement. Et cela ne s’arrête pas là, puisque la « gymnastique » qu’impose de passer d’une langue à l’autre attise aussi leurs compétences cognitives et leurs capacités de concentration. Cela participe aussi à enrichir leur vie sociale et à leur « ouvrir » l’esprit.

Ouverture sur le monde

Pour le dire autrement, les enfants qui dès leur plus jeune âge ont l’opportunité d’échanger avec d’autres petits et des adultes issus d’univers culturels différents sont plus naturellement ouverts au monde qui les entoure. Cet apprentissage ne passe pas uniquement par le langage, bien évidemment, mais aussi par la pratique des arts, la cuisine, les jeux, les livres… Autant d’activités qui favorisent la curiosité, une meilleure compréhension de ce qui peut sembler « différent » pour l’accepter (et le valoriser) car ce n’est pas perçu comme une menace. L’empathie, la bienveillance ou bien encore la tolérance en sortent également renforcées, ce qui alimente le bien-vivre ensemble et l’épanouissement social. 

Une réponse aux… tensions 

« La diversité culturelle est une réalité quotidienne au Luxembourg », pour reprendre les termes de l’UNESCO qui explique que « sur quelques 2586 km2, des citoyens de plus de 120 pays se côtoient au travail, à l’école ou dans les domaines social, culturel et sportif ». Bien évidemment, cela ne signifie pas pour autant que les relations entre les Hommes y sont exemplaires. Dans un rapport daté de septembre dernier, consacré au Grand-Duché, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), souligne une progression du racisme dans le pays à l’encontre des personnes noires, de confession juive ou des frontaliers. Une tendance observée dans bien d’autres pays d’Europe. Il n’en reste pas moins vrai qu’en sensibilisant à la diversité (culturelle) dès le plus jeune âge, le Luxembourg est dans le « juste ». L’intolérance qui gagne du terrain ici et là, qui alimente la division voire la haine,  est une invitation à la favoriser un peu plus encore, de la plus tendre enfance comme tout au long de la vie. En sachant que la tolérance ou l’empathie ne sont pas à confondre avec de la faiblesse comme d’aucuns semblent encore le laisser supposer. Ces qualités n’empêchent nullement d’avoir aussi, le sens de la… limite.