A quelques semaines des élections européennes von der Leyen la très agile présidente de la Commission Européenne vient, une fois de plus, de se mettre en relief et pas du bon côté.

Par Cadfael

L’image de la brave mère allemande

Issue d’une famille de politiciens démocrates-chrétiens pas trop éclaboussés par un passé nazi, von der Leyen a grimpé dans la hiérarchie du parti grâce à Mme Merkel (surnommée gentiment « Mutti ») et à l’irascible Wolfgang Schäuble, longtemps son ministre des finances. A l’époque des preuves de plagiat concernant son doctorat en médecine ont été considérées comme non « importantes » par un comité de son Alma Mater.

Son profil soigneusement travaillé, de mère blonde de 7 enfants dans une famille parfaite et d’universitaire a été un levier efficace auprès d’un électorat conservateur. Son père, notable du parti a facilité son accession aux premières charges ministérielles dans les domaines de la famille et du social. De 2015 à 2019 elle a occupé, avec moins de succès, le ministère de la défense allemand, ministère complexe s’il en est. Juste avant sa prise de fonction à la Commission Européenne un ancien ministre de la défense allemand issu de son propre parti,  a tiré un bilan : « La Bundeswehr est dans un état catastrophique. Toute la capacité de défense de la RFA souffre, ce qui est totalement irresponsable. » Les militaires se souviennent avec ironie qu’elle a introduit avec efficacité des garderies pour enfants et des téléviseurs à écran plat.

L’amour de l’uniforme

Son échec comme ministre de la défense serait dû selon la presse allemande à la complexité de la tâche qu’elle ne maîtrisait pas. Son utilisation abusive de cabinets de consultants comme Accenture ou McKinsey pour des millions d’euros et sans soumission officielle a fait l’objet d’une enquête parlementaire. Déjà à l’époque elle avait effacé des messages de son téléphone mobile ainsi que des documents confidentiels amenant des suspicions. Une demande d’enquête sur sa politique d’approvisionnements en armes a été diligentée : sur 97 systèmes d’armement qui ont été livrés seuls 38 étaient en état de marche selon les experts. A l’époque un rapport du parlement allemand a épinglé un sous-équipement chronique en hommes et en matériel.

Et ce n’est que l’un des échecs de son mandat à la défense. La très controversée restauration du célèbre voilier école Gorch Fock est passée de 10 millions budgétés à 135 millions facturés. Cela n’a pas empêché la très agile politicienne de tenter, très discrètement, il y a quelques mois une candidature au poste clef de secrétaire général de l’Otan. Le Chancelier Scholz aurait selon « Die Welt » du 22 février dernier fait obstruction avec un non catégorique.

Les copains d’abord

Sa gestion du Covid a suscité des critiques : l’épisode de sa guerre des vaccins avec le Royaume Uni, le manque de solidarité face à des pays comme l’Italie ou les méga commandes de vaccins au groupe Pfizer ne passent pas. Selon la presse internationale du 2 avril dernier elle serait sous enquête suite à une plainte déposée par un privé et deux pays auprès des services du procurateur européen pour suspicions « d’interférences, destruction de sms et corruption en relation avec Pfizer ».

Le plus récent des scandales date de début avril. Selon la presse il concerne un poste offert à un camarade du parti démocrate allemand. Ce job doté de 17.000 euros par mois est censé s’occuper des petites et moyennes entreprises européennes. Selon le « Guardian » cela a provoqué une levée de boucliers en provenance de membres du Parlement européen et du commissaire français Thierry Breton, de Borel, le chef de la diplomatie européenne ainsi que des commissaires italiens et luxembourgeois pour favoritisme. Le camarade de parti a démissionné avant même d’avoir occupé son bureau. Le très respecté Martin Schulz, un social-démocrate allemand à l’époque président du Parlement européen tweetait à sa prise de fonctions : « Mme von der Leyen est notre ministre la plus faible. Apparemment cela suffit pour devenir président de la commission » une opinion partagée par nombre de démocrates chrétiens.

Aujourd’hui, plus que jamais sa démarche européenne est sous le feu des critiques. Luc Ferry, ancien ministre français de l’éducation a exprimé récemment dans les médias audio visuels français que « Mme von der Leyen est la plus grande catastrophe qui soit arrivée à l’Europe » et de préciser sur Europe 1 « elle est épouvantable à tous égards » Et le sourire de la dame est plus lisse et plus télégénique que jamais. Est-ce vraiment la bonne approche du leadership dans un moment aussi crucial pour l’Europe. Au royaume des aveugles le borgne n’est-il pas roi ?

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