Harcèlement, sexisme, propos déplacés, racisme, le quotidien dans le monde du travail n’épargne personne ni aucun secteur. Et certainement pas les femmes qui semblent bien décidées à ne plus se taire. Via le compte @Balancetonagency, elles dénoncent ces pratiques trop longtemps passées sous silence.

Racisme et sexisme dans le secteur de la pub

Les femmes représentent plus de 52% des travailleurs contre près de 47% d’hommes dans le domaine publicitaire. Et bien qu’elles soient majoritaires, les postes clés restent tout de même, en général, occupés par des hommes, selon l’Observatoire des métiers de la publicité.

Suivi par plus de 42 000 personnes, le compte Instagram @balancetonagency dénonce les abus et les pratiques toxiques qui ont court dans le secteur de la publicité. Stagiaires, nouveaux employé·es, handicapé·es, collègues racisé·es : le harcèlement et les discriminations toucheraient tout le monde. Sexisme, racisme, propos homophobes, grossophobes et démoralisateurs conduisent certain·es à la démission, au burn-out, voire à la dépression.  

Un climat anxiogène et un problème systémique

Derrière ce compte, on retrouve Julie Camille, trente ans, qui a commencé à travailler dans la pub il y a dix ans. Après des débuts plutôt calmes, Julie a ouvert les yeux. L’élément déclencheur ? Une réunion durant laquelle un homme qui occupait un poste important a tenu des propos déplacés et sexistes envers une collègue qui ne se trouvait plus dans la salle de réunion. Au lieu de réagir directement et relevé cette remarque choquante, personne n’a répliqué. Abasourdie, elle non plus n’a rien dit par peur des représailles.

Dès lors, elle prête plus attention aux remarques qui fusent autour d’elle, la concernant ou non. Puis, parce qu’elle avait voulu faire bouger les choses et qu’elle ne se laissait plus faire, son agence lui propose une rupture conventionnelle. L’idée ? Ne pas parler et partir sans esclandre. Surtout, ne pas faire de bruit.

Elle intègre une autre agence, plus petite, avec l’espoir d’y être mieux accueillie et respectée. Raté. Cela fut bien pire. On l’aurait recruté au physique car son chef fonctionne ainsi d’après certaines rumeurs. Les employé·es seraient constamment surveillé·es. Ses journées, alors rythmées par des “Je vais te cramer si tu te plains” ou “Si tu fais chier, ta carrière est finie”, l’ont conduite à un burn-out total. C’est comme cela qu’elle crée un matin le compte Instagram @Balancetonagency. L’objectif ? Sur le modèle du hashtag Balance ton porc qui visait les agresseurs et violeurs, les victimes de harcèlement physique ou morale peuvent témoigner anonymement afin de dénoncer mais également d’informer les salarié·es de la pub des pratiques qui ont cours en interne.

D’autres comptes pour d’autres secteurs

Pourquoi maintenant ? #Balancetonporc, #Metoo et la vague d’engagement initiée par le collectif @NousToutes, ont bien décidé les femmes à ne plus se laisser faire. Car le sexisme est systémique et existe partout, à toutes les strates de la société. De fait, le monde de l’entreprise et le marché du travail n’y échappent pas, bien au contraire. Les femmes y subissent harcèlement moral, physique et sexuel, agressions et autres intimidations. Les médias (@Balancetaredac), les grosses entreprises (@Balancetonboss) ou encore les écoles d’études supérieures (@Balance_ton_ecolesup) ainsi que les stages (@Balancetonstage) ont leur propre compte instagram dénonçant les abus au sein de leur propre secteur d’activité.  

Texte par Fanny Muet

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