Ce n’est pas un scoop, l’industrie textile consomme énormément d’eau et génère beaucoup de pollution. Des nuisances qu’attise la fast-fashion. Face à ces dérives, de nombreux consommateurs réagissent en privilégiant une mode éco-responsable. La quête d’un « green dressing » implique d’opter pour des matières textiles plus respectueuses de l’environnement et d’en bannir d’autres. Voici des informations utiles pour faire les bons choix. Et si vous ralentissez un peu le rythme de vos achats et plébiscitez le second hand, c’est mieux encore.    

Par Fabrice Barbian

Le chanvre

Produit en Asie et en Europe (la France est un gros producteur), le chanvre est une fibre textile écologique. Sa culture a pour intérêt de nécessiter peu d’eau et d’engrais, les rendements sont également importants. De plus elle pour avantage de stocker le CO2 dans le sol et de participer à l’assainir. Au-delà de ses qualités « vertes », le chanvre a aussi pour atouts de délivrer des fibres solides (donc des vêtements résistants), antifongiques et antibactériennes. Mais alors pourquoi ne trouve-t-on pas du chanvre dans tous les vêtements et textiles ? Pour deux raisons. La première, car le processus de transformation du chanvre est long. Ensuite, car le chanvre a la réputation de ne pas être très doux, même si les techniques utilisées aujourd’hui attestent du contraire. Et puis le chanvre a aussi une petite connotation sulfureuse compte tenu de ses propriétés psychotropes. Cela dit, dans le secteur de la mode, les marques éthiques et responsables lui accordent une place grandissante.

Le lin

On aurait pu commencer par lui tant le lin est lui aussi un textile écolo apprécié. Également fabriqué en Europe et tout particulièrement en France, le lin partage d’autres points communs avec le chanvre en termes de résistance ou bien encore de sobriété en ce qui concerne sa culture (mais il puise davantage dans le sol). Sa transformation est intéressante puisqu’elle ne fait appel qu’à des processus naturels. Le lin est 100 % recyclable et biodégradable. Cela dit, les industriels sont tout de même moins « regardants » en ce qui concerne la transformation. Mieux vaut, soit privilégier le lin certifié agriculture biologique, soit se renseigner sur la façon dont travaillent les marques. Elles communiquent volontiers sur ce point lorsqu’elles font preuve d’un sens des responsabilités.

Le liège

Imperméable, résistant aux déchirures, aux rayures et à l’usure, léger, facile à nettoyer… Le liège est une matière qui cumule les atouts. Les professionnels de la mode l’utilisent pour confectionner des sacs, des vêtements, des accessoires, des chaussures, des ceintures… Sur le plan écolo, l’écorce utilisée est celle du chêne-liège dont l’exploitation ne nécessite pas le recours à de quelconques soutiens chimiques. L’écorce se récolte sans fragiliser les arbres et en plus elle se régénère. Ce matériau, notamment produit dans le sud de l’Europe, monte en puissance.  

Le simili cuir végétal ou vegan

« Simili », car un cuir est forcément d’origine animale. Il est utilisé pour confectionner des sacs, des chaussures, des sacs, des accessoires ainsi que des vêtements. Ils sont fabriqués à partir de matières végétales, notamment des fruits ou des champignons, dont la transformation aboutit à une matière qui, sur le plan visuel, ressemble à du cuir. L’un des plus connus est le Piñatex® de l’entreprise espagnole Ananas Anam. Ce simili cuir est fabriqué à partir de feuilles d’ananas, issues des déchets de la récolte d’ananas. Aucun ananas n’est spécifiquement cultivé pour produire ce simili cuir. C’est donc une matière qui a une valeur ajoutée d’un point de vue écologique même si le produit final n’est pas 100% végétal, des substances chimiques étant utilisées dans le processus de fabrication. Autre faiblesse, les ananas ne sont pas produits en Europe, ce qui génère du transport et donc de la pollution.  

Le lyocell

Le lyocell (aussi appelé Tencel qui est une marque) est une fibre confectionnée à partir de la pulpe de bois comme le bouleau ou l’eucalyptus qui se régénère très rapidement. Sans détailler tout le processus, il vise à extraire la cellulose présente dans l’écorce de bois avant de la concasser et de la dissoudre à l’aide de solvants non toxiques qui sont quasi intégralement recyclés. Le textile obtenu a de multiples atouts en termes d’élasticité, de solidité et de résistance, de confort ou de toucher (on parle aussi de « soie végétale »). Il est également 100% biodégradable. Les marques l’utilisent pour créer des vêtements confortables qui s’adressent notamment aux sportifs compte tenu de ses propriétés.  

La laine

Douce au touché, anti-odorante, thermorégulatrice, résistante, biodégradable… La laine a de multiples propriétés et en plus elle est naturelle puisque c’est une fibre d’origine animale. La laine est donc une matière à privilégier tout particulièrement si elle est bio et prend en considération le bien-être animal. Des labels comme GOTS (Global Organic Textile Standard), ou son alias allemand kbT, imposent des exigences élevées dans ces domaines.

L’upcycling

Ce n’est pas à proprement parler une matière, mais nul doute que cela participe à s’habiller plus écolo. Le principe consiste à réutiliser des tissus et matières existantes pour les recycler et les transformer en de nouveaux vêtements. Différentes marques se sont déjà positionnées sur ce segment de la « mode circulaire » qui ne puise pas dans les ressources naturelles et consomme notamment bien moins d’eau.  Et ce n’est pas inutile tant l’industrie textile en consomme des quantités faramineuses.