Photo : Marion Brunel

Après un voyage d’un an en Australie, Amélie Guesnet revient en France avec la folle envie de proposer des robes de mariées aussi disruptives que modernes. En 2019, elle se lance officiellement en donnant naissance à Maison Maelie. Depuis, elle s’amuse à imaginer des pièces, fruits d’un délicieux mariage entre son savoir-faire français et son amour pour la mode anglo-saxonne, pour les femmes qui osent.

Quel rapport entretenez-vous avec le monde de la mode ? Est-ce qu’il y a des créateurs que vous vénérez ?

J’évolue dans le milieu de la mode depuis 13 ans. J’aime beaucoup les créations d’Alexander McQueen et d’Yves Saint Laurent. Ma passion remonte à mes années lycée. Une brodeuse professionnelle qui travaillait pour de grandes marques était venue nous parler de son métier. Nous avons longuement échangé, grâce à elle j’ai découvert un monde que je ne connaissais pas. Je dois dire que cette rencontre m’a profondément marquée. Par la suite, j’ai travaillé pour plusieurs Maisons comme Dior, Chanel, Saint Laurent, mais aussi Hermès. J’ai adoré mon expérience chez Chanel, je bossais au contrôle qualité. La Maison incarne des techniques et des savoir-faire traditionnels français qui résonnent en moi. Chez Saint Laurent, j’ai découvert une bienveillance et le goût pour les matières nobles. Dans toutes ces grandes Maisons, c’est une immense richesse de pouvoir travailler de telles matières pour en faire de sublimes créations.  

Vous avez eu donc plusieurs expériences dans des Maisons de haute couture, comment avez-vous découvert l’univers du mariage ?

J’ai fait mes études en alternance à la Chambre syndicale de la Couture à Paris. À l’époque, j’étais attirée par le sportswear. Une fois mon diplôme en poche, je suis partie en Australie pour perfectionner mon anglais. Là-bas, j’ai intégré une entreprise spécialisée dans le mariage réputée dans le monde entier qui se nomme KYHA Studio. J’ai découvert un style de robes de mariée, que nous n’avions pas en France, un peu plus libérée. Il y a de la perle et des jeux de transparence, mais aussi un côté un peu plus sexy. Je suis complètement tombée amoureuse de ce style australien, je le trouvais magnifique. En rentrant en France, je me suis rapprochée du mariage. L’idée de pouvoir proposer ce type de créations à la mariée française m’a poussée à créer ma propre entreprise. L’aspect que j’aime et que l’on retrouve à la fois dans la haute couture et dans l’univers du mariage, c’est que l’on propose à une cliente de pouvoir porter au moins une fois dans sa vie une pièce sur mesure de luxe.

En quelle année est née Maison Maelie ? Quel est l’ADN de la marque ?

J’ai commencé à concrétiser l’idée qui me trottait dans la tête en 2018, à mon retour d’Australie. Maison Maelie a officiellement été lancée en 2019. J’avais profondément envie d’apporter à mon savoir-faire français cette touche anglo-saxonne que j’avais découverte de l’autre côté du globe. Dans le même temps, j’ai donc découvert l’entrepreneuriat. L’ADN de Maison Maelie, c’est la femme forte ultra féminine qui n’a pas peur de casser les codes de la robe de mariée traditionnelle. Elle se permet d’avoir un décolleté, un modèle qui peut être près du corps, de la brillance. Pour résumer, elle ose oser !

Le style australien vous inspire au quotidien, qu’est-ce qui fait la singularité de vos créations ?

Chez Maison Maelie, on retrouve des formes un peu plus près du corps et sexy. Je dirais que les robes de mariée que je propose sont assez audacieuses. Je ne travaille pas du tout la dentelle, je trouve qu’il y a déjà énormément de créatrices talentueuses qui font un travail exceptionnel avec cette matière. Je préfère opter pour des tulles brodés, plus chargés, tout en restant sur des coupes sobres. Cela donne une touche très moderne à mes créations. Mon expérience australienne continue d’influencer mon processus créatif. En matière de mode, l’Australie est un pays assez jeune par rapport à la France dont l’histoire et le savoir-faire continuent d’inspirer toutes les générations. De ce fait, leur style s’imprègne de ce qui se fait dans le monde entier, le rendant unique et tout à fait moderne. Cette vision audacieuse purement australienne est intrinsèquement liée à Maison Maelie.  

Votre marque met l’accent sur la modernité tout en préservant le savoir-faire français. Comment faites-vous pour allier tradition et style contemporain ?

La tradition passe par le choix des matières et la confection puisque j’ai étudié le savoir-faire français au cours de mes études et dans les différentes Maisons où j’ai travaillé. La très grande majorité des textiles utilisés proviennent de France. Pour la soie, je collabore avec un fournisseur lyonnais. L’histoire mondiale de la soierie est intimement liée à la région, j’avais à cœur de garder ce côté très traditionnel. Ainsi, je peux proposer des modèles qui ressemblent à des robes de princesses, mais je les twiste avec une matière à laquelle on ne s’attend pas forcément.

Justement, les matières jouent un rôle essentiel dans vos créations. Pouvez-vous nous expliquer comment vous les choisissez et en quoi cela contribue à l’originalité de vos robes ?

À chaque début de collections, je réfléchis à ce que j’ai envie de montrer et d’évoquer à travers mes créations. Naturellement, cela va m’amener vers des matières. Je participe ensuite à un salon, Première Vision, qui se déroule deux fois par an à Paris. Celui-ci répertorie tous les fabricants de tissus du monde entier. Je suis très sensible au toucher, il faut que je sente la matière pour la sélectionner.

Comment vos idées prennent-elles vie ? Quel est votre processus créatif ?

Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Je suis également très observatrice des femmes et de leurs façons de s’habiller lorsque je marche dans la rue. Je m’inspire aussi beaucoup des idées de mes clientes. Je regarde aussi beaucoup les défilés et les tendances, que ce soit au niveau des matières ou des coupes, qui en découlent. Je vais ensuite définir un thème qui va être le fil conducteur de la collection. Je m’inspire énormément de la nature pour le choisir. Je me rends compte que cette idée de nature revient dans toutes mes collections : la première s’articule autour de l’eau et des océans, la deuxième repose sur un style rocailleux et organique, et pour la dernière je suis partie dans le désert. Après avoir fait mes recherches, je réalise des croquis qui vont évoluer au fil du temps. Au fur et à mesure de l’avancée de la collection et en fonction des matières choisies, il y a des formes qui vont varier. Ainsi, lorsque je suis à l’étape de création du patronage et de moulage sur mannequin, je vais faire des ajustements.

Pouvez-vous nous parler de l’émotion ressentie lorsque votre cliente porte enfin la robe de mariée que vous avez créée spécialement pour elle ?

Lorsque je livre une robe, je ressens un plaisir immense. J’ai toujours une certaine appréhension puisque je souhaite que tout soit parfait pour que la cliente se sente bien et à l’aise dans sa robe. Celle-ci doit être comme une seconde peau, avec assurément « un effet wahou », et représente la personnalité de la mariée. Je suis très touchée et tout aussi fière lorsque je reçois les photos. C’est assez indescriptible comme sentiment, c’est un mélange d’émotions. Je trouve que c’est hyper vivifiant de voir des clientes qui portent vos créations. Je tisse une relation particulière avec elles puisqu’on se voit plusieurs fois dans l’année. On n’est pas du tout sur un achat de prêt-à-porter, mais sur un achat d’émotion. On réalise une création qu’elles vont porter à l’un des moments les plus importants de leur vie. Forcément, on s’attache et c’est aussi un crève-cœur au moment de la livraison puisque cela marque la fin de notre histoire.

Quelle histoire avez-vous voulu raconter avec votre dernière collection ?

Ma dernière collection se nomme donc Mystic Desert. Comme son nom l’indique, elle m’a été inspirée par le désert et son côté un peu sauvage mystérieux. C’est un endroit envoûtant que l’on retrouve aussi dans les contes des mille et une nuits. J’avais envie de raconter ces histoires-là. Je souhaitais mettre en scène une femme forte, un peu féline. J’ai opté pour des matières assez haut de gamme (du satin, du tulle brodé de perles) qui cassent avec la neutralité du lieu.