Et c’est une première dans l’histoire du festival puisque jamais en 73 ans, un réalisateur racisé n’avait présidé le jury de Cannes. Alors que les Oscars américains viennent justement d’être épinglés pour leur manque de diversité et de représentation, aussi bien raciales que genrées, le Festival de Cannes s’illustre par ce choix aussi nécessaire que cohérent.

Habitué de la Croisette, Spike Lee y foule le tapis rouge depuis 1986. A l’époque tout jeune réalisateur en vogue, il figure en sélection de la Quinzaine des réalisateurs pour son premier long-métrage Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, qui suit les tumultes sentimentaux d’une jeune artiste entre ses trois amants et qui remporta le Prix de la Jeunesse. Il présentera ensuite son film emblématique Do the Right Thing en 1989. Suivront ensuite Jungle Fever et Girl 6 en 1996, présenté hors-compétition. Puis Summer of Sam, Ten Minutes Older et enfin BlackkKlansman l’année dernière, pour lequel le réalisateur est reparti avec le Grand Prix du Jury.

« Je suis honoré d’être la première personne de la diaspora africaine à assurer la présidence de Cannes »

Cinéaste militant et engagé, le choix de Spike Lee intervient 24 heures seulement après l’annonce des nominations pour les Oscars, vivement critiquées pour leur manque de diversité. Le réalisateur s’est dit « à la fois heureuse, surpris et fière » et « honoré d’être la première personne de la diaspora africaine » à honorer cette fonction. Les organisateurs du festival, dont Pierre Lescure, son président et Thierry Frémaux, le délégué général, ont quant à eux souligné que « Cannes est une terre d’accueil naturelle et une caisse de résonance mondiale pour ceux qui (r)éveillent les esprits et questionnent chacun dans ses postures et ses convictions. La personnalité flamboyante de Spike Lee promet beaucoup ». Rendez-vous en mai prochain pour découvrir le reste du jury qui entourera le cinéaste et qui succèdera à Parasite, lauréat de la Palme d’Or en 2019.