Par Cadfael

La guerre en Ukraine focalise les médias. En Chine, un régime de même nature que celui de Moscou, les exactions en matière de droit de l’homme passent au second rang. Pour pouvoir conforter son pouvoir et justifier d’une répression de plus en plus large, il lui faut des ennemis, vrais ou fictifs.

Le covid un ennemi opportun

Shanghai la mégalopole de 25 millions d’habitants est pratiquement coupée du monde depuis deux mois sous prétexte de lutte anti-covid. Le confinement qui ne devait initialement durer que 4 jours, a été brutalement prolongé de manière indéfinie, ne laissant aucune chance aux habitants de la ville pour se préparer comme stocker de la nourriture ou des médicaments.

Prisonniers dans leurs immeubles avec des interdictions de sortie strictes, les habitants sont dépendants des livraisons de nourriture de la part du gouvernement alors que les restaurants et traiteurs sont dans l’impossibilité de fonctionner. Le régime ne tolère pas la moindre discussion sur le principe et l’application du confinement. La censure des médias et réseaux sociaux est absolue, les contrôles d’une lourdeur sans précédent. Les habitants réussissent parfois à circonvenir les algorithmes des censeurs en piratant sur les réseaux sociaux un hashtag critiquant les États-Unis.

Ce post a été vu 20 millions de fois avant de disparaître. Même l’Organisation mondiale de la santé n’est pas à l’abri de la censure.  Des scientifiques, des professeurs de droit, des financiers disparaissent pendant une période, d’autres perdent leur emploi pour avoir osé parler des conséquences économiques du Lock Down. Un analyste financier de renom a disparu et son blog de 3 millions de followers rayé.  Un blogueur avec 40 millions de followers aurait été détenu pour « provocation de troubles. » Une compilation avec les détails de 200 cas de décès par suicide, de manque de soins médicaux, de faim a réussi à passer entre les mailles du filet.

Une méga opération de police

Selon une évaluation faite par des scientifiques de Hong Kong relayée par Bloomberg, la mégalopole de Shanghai représente 20 % du PIB chinois et le Lock Down coûterait de 46 milliards de dollars par mois. Mais comme l’a souligné le Président XI : il ne considérera aucune critique et « le parti doit combattre de manière résolue les distorsions, doutes et dénis de la politique de prévention épidémique. »

Sous la pression du mécontentement de la population, le pouvoir central a décidé de réduire le confinement à partir du 1er juin. Il est intéressant de noter avec quels moyens le Parti communiste chinois et ses organes ont réussi à maintenir en cage une population de plus de 25 millions d’habitants, plateforme financière et économique d’ordre mondial.

Nous assistons probablement à la plus importante opération de police à grande échelle mise en place par un gouvernement autoritaire. Elle est destinée à contrôler un groupe social sans égards quant aux conséquences sociales ou humaines. La soumission au parti et à l’état est la règle absolue et Shanghai, la ville avec la population la plus aisée et la mieux éduquée de Chine qui en plus possède une tradition de ville libérale se doit d’être dominée.

Les Uigurs, un génocide accepté ?

La politique de répression que subit la communauté Uigurs dans le Xinjiang chinois est connue. Trop souvent l’occident ferme les yeux au nom d’une réalpolitique économique à court terme.

Pour Pékin, la version officielle est que les camps d’internement, qualifiés « de centres d’entraînement et de formation professionnelle offrent aux volontaires Uigurs et autres minorités turkmènes reconnaissantes des formations qui les éloignent des dangers du terrorisme et de l’extrémisme. » Grâce à la cartographie par satellite, on dénombre environ 400 camps avec plus d’un million d’individus internés selon l’ONU.

Les « Xinjiang Police Files »

Un hacker anonyme a réussi a s’introduire dans le système informatique chinois et des centaines de milliers de documents administratifs, photos, plans concernant la répression ont été transmis, sans contrepartie pécuniaire, au professeur Adrian Zenz, Ph.D. sinologue de renom et membre du « Victims of Communism Mémorial Foundation» de Washington. www.xinjiangpolicefiles.org. Ils offrent une vue approfondie de l’univers concentrationnaire chinois. Ils sont en voie d’évaluation et d’exploitation par un consortium de médias européens. Les documents sont passés en analyse technique par un département du Fraunhofer Institut, organisme de recherche allemand, en ce qui concerne des possibilités de manipulation ou d’altération numérique.

On y trouve une collection biométrique de 2884 Uigurs détenus dont le plus jeune est une adolescente de quinze ans. Les documents traduits en anglais révèlent des instructions précises (avec photos à l’appui) pour les gardes sur les procédures en cas de transferts de détenus (menottés, enchaînés avec une cagoule sur la tête). En cas de révolte ou de fuite d’étudiants internés, un discours du chef du parti de la région de Xinjiang de 2017 précise que chaque détenu est à abattre. Selon une documentation de la BBC, les femmes sont systématiquement violées et soumises à des abus sexuels allant parfois jusqu’à la stérilisation forcée. Les documents qui ont fuité, donneraient à conclure que ce génocide est directement à relier au président XI. Il en va ainsi de la vision « d’amitié perpétuelle et consolidation du pilier des échanges sociaux, humains et culturels » entre les groupes sous la houlette du communisme chinois.