L’une s’est reconvertie avec succès dans la mode, l’autre fête les 50 ans de sa marque, la troisième est la reine de la couleur: les créatrices Victoria Beckham, Margaret Howell et Roksanda ont confirmé leurs talents dimanche, au troisième jour de la Fashion Week de Londres.
Victoria Beckham et la Slow Revolution
Pour sa collection automne/hiver 2020/21, Victoria Beckham a voulu “rendre hommage à la tradition tout en défiant les conventions. Être subversive mais aussi sophistiquée”, explique-t-elle dans ses notes de collection. Ce jeu avec les codes, “c’est ce que j’appelle ma douce révolution”.
Robes fluides noires portées avec des bottes à plateforme que n’auraient pas renié ses anciennes comparses des Spice Girls, jupe-culotte à petits carreaux égayée par un pull jaune, robe pull col roulé avec des losanges découpés dans les manches: pour sa collection automne/hiver 2020/21, la créatrice explique avoir “réfléchi à la tension entre le raffinement et la rébellion”.
Les mannequins ont défilé sur un sol réfléchissant dans la magnifique Maison des banquets, au coeur de Londres, sous un plafond peint par Rubens.
La créatrice est venue furtivement saluer le public à la fin du défilé, vêtue d’un chemisier en soie blanche et d’un pantalon noir taille haute.
Après des années à New York, l’ex-Spice Girl est revenue dans son pays natal en 2018 pour fêter les dix ans de sa marque avec un défilé organisé pour la première fois dans la capitale britannique.
Elle s’est depuis lancée dans les cosmétiques avec Victoria Beckham beauty.
50 années de création pour Margaret Howell
La Britannique Margaret Howell fête cette année les 50 ans de sa marque, vendue dans le monde entier, avec notamment une centaine de points de vente au Japon. Elle a débuté en fabriquant des accessoires à la main, peu après un diplôme aux Beaux-Arts de Goldsmiths College à l’Université de Londres en 1969.
“J’ai commencé par concevoir des vêtements pour hommes, puis j’ai découvert que les femmes en voulaient”, explique sur son site internet la créatrice.
Attachée à concevoir des produits authentiques et résistant au temps, elle est restée fidèle à des matières so british comme le tweed Harris et les laines et cachemires écossais.
Pour la Fashion Week, elle a présenté sa collection automne/hiver 2020/21 dans l’immeuble abritant la compagnie de danse Rambert, non loin de la Tamise. Les femmes paradent en pantalons de costumes rayés taille haute, cravate négligemment nouée sur le côté. Jupes plissées ou robes-chemise sont portées avec des chaussettes remontant juste en dessous des genoux, dans des tons aubergine, taupe, noir ou vert anis.
Les hommes portent des pantalons larges retroussés aux chevilles, avec des bottines montantes et des chapeaux de pluie, un style à l’aise à la campagne comme à la ville.
Le color block de Roksanda Ilinic
Présente à la Fashion Week de Londres depuis 2005, la Serbe Roksanda Ilincic séduit les stars, de Kate Middleton à Melania Trump en passant par l’actrice Cate Blanchett qui assistait dimanche au premier rang à son défilé. Celui-ci était organisé au ministère des Affaires étrangères, dans une majestueuse cour entourée de trois étages de colonnes en granit, entourant un sol en marbre.
L’artiste anglo-bangladaise Rana Begum y avait suspendu des filets de pêche de couleurs vives, qui tranchaient dans le décor classique.
Pour mieux faire jaillir la lumière, Roksanda a introduit un noir profond dans certaines de ses créations, s’inspirant de l’artiste peintre expressionniste américaine Lee Krasner, dont l’oeuvre a été marquée par la mort de son mari, le peintre Jackson Pollock, dans un accident de voiture.
“J’ai aimé ce voyage très émouvant: commencer par la couleur, entrer dans ce deuil et redécouvrir la couleur”, a expliqué la créatrice en coulisses.
Les tissus se juxtaposent et les matières s’entremêlent, avec une robe combinant similicuir grenat et jersey de laine japonais ou un manteau tricoté à la main, où le relief jaillit sous la forme de tresses et de noeuds géants multicolores.