À seulement 27 ans, Julia Michaux a lancé sa marque éthique, animée par une passion pour la mode transmise par sa maman dès son plus jeune âge, répondant au doux nom de Ohigo. Chaque collection est produite en quantité ultra limitée pour préserver la planète mais aussi pour permettre aux clientes d’avoir un style tout à fait unique. Les pièces Ohigo sont d’ailleurs disponibles en Ville, à La Malle de Lux. 

Quand et comment est née votre marque Ohigo ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer ? 

D’aussi loin que je me souvienne, depuis ma tendre enfance, l’idée de lancer ma marque m’a toujours trottée dans la tête. Je me suis donc naturellement orientée vers des études me permettant d’atteindre ce but, même si je n’ai pas suivi un « cursus traditionnel ». Je souhaitais acquérir des bases entrepreneuriales pour gérer à terme tous les aspects d’une entreprise. Après mon baccalauréat, j’ai intégré un IUT Techniques de commercialisation. J’ai ensuite obtenu un master en Marketing et Communication, achevé en école de commerce. Puis, j’ai fait une école de mode à Paris.

Une fois mon parcours scolaire terminé et ayant toutes les cartes en main pour me lancer, j’ai sauté le pas ! J’ai toujours dessiné et adoré la mode, c’était une évidence… Ma maman a toujours été une grande fan de mode, elle aimait me créer des looks tendances lorsque j’étais petite. Elle m’a transmis cette passion, cet amour pour les beaux vêtements et les beaux tissus. Le dépôt de la marque a été officiellement fait fin 2021, début 2022. Quant au lancement de ma première mini collection, il a eu lieu en février 2023, à travers une campagne de crowdfunding. 

Comment définiriez-vous le style Ohigo ?

À travers Ohigo, j’entends proposer aux femmes des vêtements uniques, tant par les tissus utilisés que par leur « existence ». Je réalise des petites séries de douze pièces. Je fais souvent des récoltes de tissus dormants, qui ont déjà été créés sur mesure à la demande des grandes marques. Une création Ohigo est portée par seulement douze personnes. Mes pièces sont destinées aux femmes qui aiment la mode et qui souhaitent ne pas être habillées comme tout le monde. 

« Elle m’a transmis cette passion, cet amour pour les beaux vêtements et les beaux tissus »

Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre dans la mode éthique ? Quel a été le déclic ? 

Depuis toute petite, j’ai eu la chance de m’exprimer et de me créer ma propre identité à travers la façon dont je m’habillais. C’est un moyen d’expression incroyable. Actuellement, il est impensable d’entreprendre dans la mode sans prendre en considération les questions environnementales.

Je souhaitais créer des pièces uniques produites en petite quantité, créées à partir de tissus responsables et respectueux de l’environnement, que l’on peut porter toute sa vie. Il y a quelque temps, j’ai eu des problèmes d’eczéma dans le dos. Après une consultation chez un dermatologue, j’ai su que c’était à cause de la teinture des vêtements que je portais. Allier style et éthique était donc une évidence. 

Il n’est pas toujours simple de conjuguer design et écologie. Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontée en tant que créatrice de mode durable et comment les avez-vous surmontés ? 

Lorsqu’on se lance dans la mode éthique, il faut garder en tête que les possibilités de création ne sont pas infinies. On est ultra limités. En tant que label éthique, cela paraît insensé de commander un tissu spécial sachant qu’il en existe déjà tellement sur terre, nous utilisons donc des tissus déjà existants ce qui nous demande une grande adaptation. Pour créer, je pars de l’étoffe disponible et je dessine après la pièce, et non l’inverse, ce qui me permet de faire des ajustements.

Je travaille avec des fournisseurs qui ont des certifications environnementales. Il faut savoir qu’en France, il est de plus en plus compliqué de trouver des ateliers dignes de ce nom. Selon moi, les savoir-faire se perdent. Ainsi, il y a très peu d’ateliers qui travaillent le jean. Si je veux produire une pièce dans cette matière, avec mes valeurs, il va falloir que je parte au Portugal. En tant que petite créatrice de mode, je n’ai pas le choix. Mais pour l’instant, ce n’est pas dans mes projets. J’essaye de trouver des alternatives pour les prochaines collections. Il en est de même pour la maille. 

Quels sont vos projets pour Ohigo ? 

Je travaille actuellement sur une collection capsule pour les fêtes de fin d’année. J’ai upcyclé de nombreux tissus, des sequins notamment, provenant de marques de luxe. J’ai pour projet de sortir aussi d’autres collections, je compte en lancer une fin mars pour le printemps. Je souhaite proposer d’autres matières afin d’ouvrir un catalogue plus grand, dans les mois et les années à venir. 

En septembre dernier, j’ai eu l’occasion de présenter mes collections aux Galeries Lafayettes de Metz, le temps d’un pop-up. Ohigo est aussi distribué au Luxembourg, à La Malle de Lux, rue Aldringen. L’objectif est de multiplier les points de distribution, d’avoir plusieurs présences physiques pour pouvoir aller à la rencontre des clients, au Luxembourg, à Metz ou à Paris.

« Allier style et éthique était donc une évidence »

Quels conseils donneriez-vous à une jeune femme qui souhaite se lancer ? 

Il faut s’accrocher ! On  entend souvent les gens dire que l’entrepreneuriat est teinté de hauts et de bas, et c’est vrai ! Il faut avoir un mental d’acier, et se dire que dès qu’il y a une difficulté, ça ira mieux le lendemain, même si le surlendemain une mauvaise surprise peut aussi arriver. C’est les montagnes russes au quotidien. Il faut être prêt mentalement à encaisser les difficultés. Le deuxième conseil que je donnerais c’est d’enfoncer les portes. Il ne faut pas avoir peur d’aller vers les gens pour présenter sa marque et ne surtout pas s’arrêter au premier refus. Il est aussi essentiel de croire en son projet pour convaincre les personnes que l’on rencontre.