Des séries dévorées et même filmées pendant la pandémie vont rivaliser ce mardi 13 juillet pour les très convoitées nominations aux Emmy Awards 2021. La série historique The Crown de Netflix est pressentie pour dominer le cru d’une année pandémique très spéciale pour le petit écran.

Cette dernière année, les 25.000 votants de l’Académie de la télévision ont eux aussi passé des mois coincés chez eux, passant au crible une sélection réduite de séries depuis leur canapé. Les nominations pour les 73e Emmys, l’équivalent des Oscars pour la télévision, seront annoncées ce mardi, lors d’une cérémonie diffusée en direct sur internet et sur les réseaux Facebook Live et Twitter, restrictions sanitaires obligent. Les vainqueurs seront proclamés le 19 septembre à l’occasion d’une cérémonie virtuelle sur la chaîne américaine CBS.

La cérémonie sera diffusée en direct sur YouTube dès 17h30

“Pagaille” pandémique

L’arrivée de la Covid-19, l’an dernier, a forcé les tournages à baisser le rideau et bouleversé les programmes des productions télévisuelles. Le nombre de séries en lice a donc chuté cette année.

Des poids lourds comme The Crown sont parvenus à boucler leur tournage juste avant le confinement. Tandis que d’autres séries, comme la dystopique La Servante écarlate (the Handmaid’s Tale), se sont ruées sur les plateaux aussitôt les restrictions allégées. Mais cette pause forcée a causé des dommages. Des séries populaires comme Succession, gagnante l’an dernier de la catégorie phare de la série dramatique, n’ont pas pu produire de saison à temps pour les Emmys de cette année. Ce qui a laissé la place à de nouvelles arrivantes. Ainsi dans la catégorie comédies, La Méthode Kominsky avec Michael Douglas est la seule nominée de l’an dernier à être encore en lice cette année.

“Il va y avoir tellement de sang frais dans les séries comiques”, confiait Libby Hill, spécialiste des prix télévisuels à la rédaction du site IndieWire. “Quand votre travail est d’avoir une idée de ce qui va se passer, une année comme celle-ci, c’est juste la pagaille.”

Netflix veut le premier prix

Ces dernières années, Netflix a largement détrôné HBO pour le plus grand nombre de nominations. Au vu de la production pléthorique du géant du streaming, il est peu probable que cela change cette année, selon Libby Hill, pour qui HBO est “une salle d’art et d’essai”, par comparaison avec “le multiplexe Netflix”. Pourtant, les nominations ne se traduisent pas nécessairement par des victoires, et Netflix n’a encore jamais gagné de prix de la meilleure série dramatique, de la meilleure comédie ni de la meilleure série limitée. Cela pourrait-il changer en septembre?

The Crown, favorite

“Cette année est très probablement celle de The Crown qui a livré une quatrième saison “spectaculaire”, pour Libby Hill. La série événement déjà nommée 26 fois aux “Primetime Emmy Awards” retrace l’histoire de la famille royale britannique, mêlant intrigues personnelles, sentiments et rivalités politiques autour de la Reine Élisabeth II, de 1947 à 1990. La série a notamment explosé cette année avec l’arrivée de Lady Diana à l’écran, touchant ainsi plusieurs générations de téléspectateurs, quand bien même le réalisateur Peter Morgan n’hésite pas à écorcher l’image de la princesse du peuple.

Compétition dans les séries limitées

Autre succès du géant du streaming, Le Jeu de la dame semble lui bien parti pour dominer les séries limitées (productions qui ne comptent qu’une saison). La mini-série américaine tente un pari de dépoussiérer les échecs avec une protagoniste prodige du jeu, luttant contre ses problèmes émotionnels et ses addictions aux drogues et à l’alcool. La mini-série la plus vue de l’histoire sur Netflix avec plus de 62 millions de téléspectateurs dans le monde, est parvenue à re-populariser un jeu démodé. Le site Chess.com pour faire des parties en ligne a notamment enregistré 2.5 millions de nouveaux membres en novembre dernier.

La catégorie de ces séries limitées est devenue de plus en plus compétitive ces dernières années, attirant de grands noms d’Hollywood vers les projets les plus prestigieux du petit écran. La concurrence sera rude en face de Mare of Easttown où Kate Winslet campe une inspectrice de police, et The Underground Railroad de Barry Jenkins, qui traite de l’esclavage.

En lice également, deux séries sur les communautés noires de Londres: l’acclamée I May Destroy You de HBO, qui raconte les suites d’un viol, et l’anthologie migratoire Small Axe de Steve McQueen.

Marvel s’invite à la fête

Toutes ces séries limitées vont devoir lutter contre de nouveaux ennemis: les super-héros de WandaVision de Marvel. La série, qui met en scène des personnages populaires des films Marvel, dont Wanda Maximoff jouée par Elizabeth Olsen, a eu des critiques dithyrambiques pour sa version décalée des sitcoms classiques.

Une autre série Marvel, Falcon et le soldat de l’hiver, concourt dans la catégorie dramatique, au côté de The Mandalorian qui a obtenu 15 nominations et sept victoires l’an dernier. “Je ne pense pas qu’il y ait ce préjugé inné comme on en trouve au cinéma, ce fossé entre ce qui est “populaire” et ce qui est “du grand art”, selon Libby Hill. “Je pense qu’il y a beaucoup de place pour Marvel aux Emmys”, ajoute la spécialiste.

Foule sur le streaming

Les groupes télévisuels américains traditionnels sont de moins en moins présents dans la course aux Emmys, tandis que le nombre de plateformes de streaming continue d’augmenter.

Cherchant à tirer parti de leur lancement l’année dernière, Apple TV+ fait campagne pour Ted Lasso – le favori de la comédie, à propos d’un malchanceux entraîneur de foot – et Disney+ compte sur Hamilton en plus de ses super-héros. Pour leurs débuts, la nouvelle plateforme HBO Max de streaming de HBO propose les comédies originales The Flight Attendant et Hacks, et la plateforme Peacock de NBC fait concourir Girls5eva, produite par Tina Fey.