Sont actuellement représentées au Théâtre du Centaure dans le cadre de “La Bibliothèque des Livres Vivants (III)”, deux pièces extraites des livres “Extension du Domaine de la Lutte”, et Michel Houellebecq et “Nana” d’Emile Zola, mises en scène par Frédéric Maragnani, assisté d’Olivier Waibel. 

La première représentation est celle du héros de Michel Houellebecq, ou plutôt son anti-héros ! C’est un cadre moyen en informatique interprété par Sullivan Da Silva, qui représente à la perfection ce rand ado attardé de 30 ans, sans aucune ambition qui subit plus sa vie qu’il ne la vit. Ce jeune homme, sans aucun relief, a déjà tout du vieillard, mène une vie sociale on ne peut plus banale ! Ce personnage dépressif qui n’a pas réussi à se remettre de sa dernière rupture amoureuse, part en tournée en province avec un collègue de travail. On ressent la tristesse et la solitutde dans la vie de ceraté qui n’a aucun désir, aucune envie, pas d’amis, aucune relation aussi bien en amour qu’en amitié ! Même si cet anti-héros décrit très bien son mal être et explique clairement les difficultés qu’un homme peut avoir à trouver sa place dans la société, son problème n’a cependant rien d’inhérent à son époque : cet homme, rempli d’obsessions personnelles, ne sait pas se remettre en cause, pleurniche constamment sur son sort et ne cesse de rejeter sa frustration sur les autres, qui sont pour lui, responsables de sa misère !

Changement de monde avec la deuxième représentation : “Nana”, roman d’Emile Zola, publié en 1880. Nana, interprétée par Laure Rodin, parle de son monde, celui de la prostitution féminine et expose son parcours de courtisane qui commence en 1867 pour se finir en 1870. Nana, prononcé de manière lascive, voire érotique par sa magnifique interprète, raconte sa vie qui se résume à se servir de son corps pourvoir ce qu’elle veut. Elle est consciente que tous les hommes la désirent, ce qui lui permet de vivre au jour le jour et de plumer et déplumer ses amants dont Muffat qui voulait qu’elle devienne sa maîtresse exclusive. Elle l’humiliera, ne se mariera jamais mais tombera follement amoureuse d’un amant qui la bat et qu’elle fuira. Elle disparaitra et ne réapparaîtra que lorsque son fils tombe malade. Elle mourra en 1870.

Les personnages de ces deux pièces sont des personnes cabossées aux antipodes, alors que l’un subit sa vie et que l’autre la prend en mains. Mais ont-ils choisi leur destin ? Il ressort de ces deux très belles pièces, cette réflexion ainsi qu’une analyse intéressante des relations sociales hommes-femmes.

Cette pièce sera jouée les 28, 29, 30 novembre et le 1er décembre à 20h au Théâtre du Centaure, ainsi que le 17 mars 2020 au Théâtre de Chelles.

Texte : Karin Santer 

Crédit photo : Bohumil Kostohryz