Nous avons tous et toutes nos préférences en matière d’art. Certains ne ressentent rien à la vue d’une œuvre d’Artemisia Gentileschi ou de Claude Monet, tandis que d’autres se sentent submergés par l’émotion. Des spécialistes en neurosciences du California Institute of Technology ont trouvé une explication à ce phénomène surprenant.

Les chercheurs ont essayé de comprendre comment notre cerveau décide si un tableau est esthétique ou non. Ils expliquent dans une étude, récemment publiée dans la revue Nature Communications, que nous nous forgeons une opinion sur une création après l’avoir analysée sous différents prismes. Notre cerveau prête attention à certaines caractéristiques de base telles que les couleurs ou la texture d’une œuvre d’art, mais aussi à des éléments plus complexes comme le style. Il évalue chacun de ces critères individuellement avant d’émettre un jugement général sur le tableau, la sculpture ou l’installation qu’il a sous les yeux. 

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont demandé à six volontaires de regarder jusqu’à 1000 tableaux pendant que leur cerveau était scanné avec un appareil d’IRM fonctionnelle. Ces images sont ensuite venues nourrir un algorithme d’apprentissage automatique, tout comme les évaluations de chaque participant concernant les toiles qu’ils ont vues, et des données provenant d’un réseau neuronal entraîné à analyser des tableaux en fonction de différents critères (contraste des couleurs, style, etc.). 

L’équipe de recherche a constaté que plusieurs zones cérébrales participent à la construction d’une opinion concernant une œuvre d’art. Parmi elles figurent, sans surprise, le lobe occipital, cette région du cerveau traitant les informations visuelles, mais aussi le cortex préfrontal. Ce dernier joue un rôle important dans les émotions et la prise de décisions. “Lorsque vous voyez une image, vous décidez immédiatement si vous l’aimez ou non, mais si vous y réfléchissez, c’est vraiment compliqué parce que les informations recueillies sont très complexes”, a déclaré Kiyohito Iigaya, professeur adjoint à l’université Columbia et co-auteur de l’étude, dans un communiqué

En d’autres termes, contempler un chef-d’œuvre est une activité beaucoup plus cérébrale qu’on l’imagine communément. Les chercheurs de Caltech affirment toutefois que d’autres travaux scientifiques sont nécessaires pour essayer de percer le mystère de notre sensibilité esthétique. Et pour cause, ils n’ont pas pris en compte l’influence des facteurs sociaux et culturels dans la construction de notre goût pour l’art.