Texte par Cadfael

Ursula et Charles sont en froid depuis que l’un s’est vu offrir une chaise à la droite du sultan et l’autre a eu droit au divan.

Un divan n’est pas une chaise

Ce que la presse internationale appelle le Sofagate de l’Union Européenne est loin d’être terminé, la rancœur et l’amateurisme continuant à alimenter les esprits dans les « hautes » sphères du monde Bruxellois là où, un peu de sagesse ferait le plus grand bien. Un rappel des faits :

Le 4 avril, l’Union Européenne devait rencontrer le président turc Erdogan. Dans la salle de réunion, deux chaises avaient été préparées, l’une pour le président turc, l’autre pour Michel, président du Conseil Européen, Mme Von der Leyen, présidente de la Commission avait droit à un sofa, également appelé divan, mot persan signifiant « administration ». Ce terme désigne par extension le siège où, dans les temps anciens, les hauts fonctionnaires de l’empire ottoman prenaient place. Il s’agissait de grands sièges à dossier semblables à des canapés contemporains.

Selon « Les Echos » du 7 avril 2021, les choses se seraient passées ainsi : « Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, on voit Ursula Von der Leyen, visiblement surprise et désemparée, lâcher un « Ehm » (« Hum » en français) lourd de signification, les mains écartées en signe d’incompréhension. Sans que cela ne semble émouvoir Charles Michel, bien calé dans son fauteuil et passif face à la tournure des événements. »

Mic-Mac à la tête de l’Union Européenne

Les prérogatives et pouvoirs des organes de direction de l’Union Européenne ne sont pas clairs. Le Conseil de l’Union européenne et le Conseil européen ne sont pas identiques. La présidence du Conseil de l’union européenne change tous les 6 mois, et actuellement le Portugal mène la danse. Celle du Conseil, le poste actuellement détenu par le belge Michel, fils d’un ancien commissaire européen, est fixe pour une durée de deux ans et demi. Les devoirs et privilèges de la fonction sont pour le moins mal définis, et concernent surtout la représentation extérieure de l’Union Européenne. Il y a souvent doublon avec la présidence par rotation du Conseil de l’Union Européenne et avec la présidence de la Commission détenue par l’allemande Von der Leyen, fille de Ernst Albrecht ancien haut fonctionnaire bruxellois et ancien premier ministre démocrate-chrétien de Basse-Saxe. Autre fonction gravitant au même niveau, le Haut Représentant de l’Union Européenne, actuellement le socialiste catalan Josep Borrell, ingénieur en aéronautique et prof de mathématique, désigné par les chefs d’état et de gouvernement, qui a pris fonction le 1er décembre 2019. Il remplace l’italienne Federica Mogherini qui est partie pantoufler à la direction d’une institution de formation de l’UE, nomination qui selon la presse de l’époque n’était pas tout à fait orthodoxe.

La visite en Russie de Joseph Borrell début février, était plutôt désastreuse, ce qui a entrainé une pétition de 81 députés du Parlement Européen demandant sa démission. Borrell a argumenté pour sa défense, qu’il se sentait agressé par Moscou. Tout cela n’est pas une success-story. Si on y ajoute le cafouillage de l’approvisionnement en vaccins et l’absence de toute politique coordonnée anti Covid, on se demande à quoi sert Bruxelles alimentée par des centaines de fonctionnaires.

La story Von der Leyen-Michel continue

Michel a fait un léger mea-culpa en ce qui concerne l’épisode avec le sultan turc en disant qu’il « ne voulait pas aller plus loin pour ne pas créer de polémique ». Il déclarait également dans une interview aux chaines de télévisions le 26 avril  «  qu’il ne voulait pas ruiner des mois de préparation diplomatique ». On ne peut s’empêcher de penser que ces mois de travail ont été bien peu efficaces. Le voyage auprès du président néo-ottoman était manifestement mal préparé, les unités du protocole tant de la commission que du conseil ayant fait preuve d’un manque de professionnalisme qui rejaillit sur l’ensemble de l’image de l’Union Européenne. Il aurait suffi de regarder les déroulements protocolaires turcs sur n’importe quelle vidéo YouTube pour se douter que les choses ne seraient pas simples face à un système où la femme est remisée en seconde ligne. Et le comportement de Michel sur place laissait pour le moins transparaitre un manque de savoir-vivre évident, doublé d’une absence totale de sens de la diplomatie.

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette

On peut lire dans la presse que la commission aurait eu une équipe du protocole sur place. Un peu de travail de la part de l’équipe Von der Leyen nous éviterait maintenant une présidente de la Commission qui se lance dans une vaste opération collecte de sympathies  en déclarant selon diverses agences de presse « qu’elle a été traité ainsi parce qu’elle était une femme (…) qu’elle se sentait blessée et seule » …. Selon Reuters elle a laissé comprendre qu’elle allait se lancer dans un vaste mouvement stratégique, encore un, en faveur des femmes. A l’époque où elle était ministre de la défense de la République Fédérale, elle avait déjà allumé ce genre de contre-feu. On a bien peur de comprendre que la commissaire maltaise, Helena Dalli, dont c’est le job, se sente pour le moins mise à l’écart.
Cet appel pathétique à la solidarité féminine montre à quel point la diplomatie européenne est tombée bien bas et ne présage rien de bon pour l’Union Européenne. 

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