Il était une époque pas si lointaine où Vladimir, maître omnipuissant de toutes les Russies ou de ce qu’il en reste, comptait beaucoup de sympathisants en Europe, de l’extrême droite qu’il finançait jusque dans les milieux des responsables politiques et de hauts fonctionnaires. Cet engouement s’est refroidi, mais il reste toujours des irréductibles.

Par Cadfael

Allemagne, les premières têtes tombent

Un scandale de plus du côté de Berlin a été soulevé par le Spiegel, un des hebdomadaires de référence d’outre-Rhin. Ce n’est pas la volonté du chancelier Scholz de vendre une participation de 35% du port de Hambourg à la Chine qui a mis le feu aux poudres, mais la découverte par la presse que le président de la toute puissante Agence Fédérale de Sécurité informatique (BSI) se soit fait virer de son poste par la ministre fédérale de l’intérieur. La mission de l’agence est de conseiller les patrons de l’industrie et de la politique en matière de sécurité informatique. On lui reproche des contacts un peu trop suivis avec des éléments du renseignement russe. Ce qui, selon le porte-parole du ministère, a porté dommage à la nécessaire neutralité et impartialité de son office. Ces relations se seraient établies par le biais du Cyber Security Council of Germany qu’il avait aidé à fonder il y a dix ans auparavant. Un membre du conseil de ce forum s’était déjà fait éjecter : une société au nom de Protelion. Jusqu’en mars, elle s’appelait encore Infotecs, filiale de « A.O.A. Infotecs » Russie par un membre de l’ancien KGB décoré par son ancien collègue, l’actuel maître de toutes les Russie.

Une nouvelle victime

Au moment où l‘ambassade des États-Unis à Budapest rappelait que la Hongrie était membre de l’Union européenne et de l’OTAN et que les deux pays étaient alliés, Sylvio Berlusconi, faisait des siennes. Le patron de « Forza Italia »se voyait déjà un membre du prochain gouvernement italien, il rêvait d’occuper le portefeuille de ministre des Affaires étrangères. Il y a à peine un mois, Sylvio soutenait son ami Poutine qui selon lui « était forcé d’attaquer l’Ukraine ». L’insubmersible Sylvio, qui a été chef de gouvernement à trois reprises et  qui se retrouve avec une condamnation à quatre ans de prison pour fraude fiscale (finalement aménagée à 168 heures de travaux d’intérêt général), semble représenter une sorte de valeur sûre dans le paysage politique byzantin de l’Italie.

Il a visité la Crimée avec Vladimir en 2014, après son annexion. Avant cela il l’avait reçu en 2010 dans sa villa en Sardaigne, la même villa dans laquelle il avait lancé le un programme culturel appelé « bunga bunga » réservé à ses invités. Déjà en 2008 la presse italienne dénonçait le rôle de Berlusconi en le classant dans la catégorie d’« homme de paille » parmi les Schröder ou Romano Prodi, pour leur « enthousiasme » en faveur du gaz russe.

Jeux politiques imprévisibles

Il y a quelques jours les agences de presse ont fait les gros titres avec les déclarations du « cavalière » qui fanfaronnait après avoir repris contact avec Poutine. Celui-ci lui aurait envoyé 20 bouteilles de vodka et une très gentille lettre pour son anniversaire… « Moi je lui ai répondu avec 20 bouteilles de Lambrusco et une gentille lettre », pouvait-on entendre dans un commentaire enregistré. Meloni, la patronne des Fratelli d’Italia et nouvelle première ministre avait averti Sylvio que l’Italie ne serait jamais l’élément faible d’une OTAN forte. Elle a assuré à l’Ukraine et à Zelenski qu’ils pouvaient compter sur le soutien loyal de son pays pour la liberté de l’Ukraine.

Gageons que les Fratelli d’Italia et leur cheffe, la première femme Premier ministre dans un pays connu pour ses valeurs masculines, auxquelles viennent de se rajoutent une belle couche néofasciste, saura nous surprendre avec ses jeux politiques imprévisibles. Poutine n’a pas tout perdu, il reste le nouveau ministre des Infrastructures Matteo Salvini, patron de la Lega Nord. En attendant, les autorités italiennes ont arrêté le fils d’un oligarque sur demande des États-Unis.  Par l’intermédiaire de sa société NDA Nord-Deutsche Industrieanlagenbau GmbH (NDA GmbH) installée à Hambourg, il fournissait du matériel militaire sensible aux Russes, matériel que les Ukrainiens retrouvaient sur le champ de bataille. De plus il trafiquait pour contourner l’embargo vers le Venezuela avec des technologies militaires volées.