Avec ses petites mains, aux gestes précis et perfectionnistes, Gaïa Anastasio, depuis sa plus tendre enfance, adore enfiler des perles, travailler les matières et assembler des pièces. De sa passion de fillette, elle en a fait un métier.

La créatrice s’est lancé le défi d’en vivre, mais a pris le temps de nous raconter comment elle a créé sa marque : Les Tatillonnes.

« Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé bricoler des bijoux. Tous les samedis, invariablement, j’allais à La Souris Verte, à Thionville, puis je rentrais avec mes merveilleux trésors pour confectionner des bracelets, des colliers ou des bagues. J’ai toujours adoré les activités manuelles. » Puis les jeux d’enfants ont cédé leur place aux pérégrinations adolescentes, puis aux études qui la conduisent à Paris. Elle y exerce la profession de graphiste, chez Konbini d’abord, avant de devenir directrice artistique pour l’agence Uzik.

Le fil rouge entre sa passion et sa profession ? La créativité, qui s’illustre, cette fois, dans les nombreux moodboards qu’elle doit réaliser pour son travail.

Quand elle décide de renouer avec ses premières amours, elle délaisse les perles pour travailler le cuir. Autodidacte, elle apprend sur le tas, se forme au gré de tutoriels trouvés sur Internet, pose des questions, et apprend aussi beaucoup de ses expériences. « Les bijoux en cuir vieillissaient mal. Alors, j’ai eu l’idée de poser une plaque de métal, derrière chaque pièce pour assurer son maintien. Mais, très vite, j’ai mis de côté le cuir pour me vouer entièrement au métal ! »

Elle avoue collectionner, depuis son tout jeune âge, des chutes de tissus, de plastiques ou de métal dénichées çà et là. Dans le plexiglas, elle retrouve le côté translucide des perles de son enfance. Une madeleine de Proust qui l’incite à s’intéresser à ce nouveau matériau. Ses proches, séduits par ses bijoux originaux, la sollicitent, ses sœurs notamment. Adoubées par ces dernières, elle se dit alors qu’il y a sûrement quelque chose à faire. Après six ans à « tatillonner », elle se lance, à plein temps dans sa passion pour en faire son métier l’aube de l’année 2017. Dans son atelier à Blida, à Metz, elle designe elle-même chacune de ses pièces. Tout ce qu’elle ne peut pas faire seule, comme la découpe chimique ou la dorure, elle le confie à des prestataires en France et en Italie, rigoureusement sélectionnés pour leur savoir-faire et leur professionnalisme. Elle l’avoue sans détour, elle est perfectionniste et rigoureuse. Rien d’étonnant à cela, dès lors que l’on observe de plus près ses créations.

Colliers, bagues ou boucles d’oreilles, chaque bijou est un savant dosage d’épure et de rigueur. Gaïa confesse d’ailleurs être davantage passionnée d’architecture et d’art que de mode. « Mon livre de chevet ? Jewellery by Architects, de Barbara Radice. Un beau livre hyper rare que j’ai reçu en cadeau de mes soeurs pour mon anniversaire ! Feuilletez-le, vous trouverez beaucoup de détails qui ont contribué à façonner mon identité, mon style. C’est vraiment ma bible ! » Lignes architecturales, touches de couleurs pop qui évoquent les eighties, motifs ultra géométriques et structurés, avec parfois quelques influences orientales. « Ces motifs orientaux me suivent depuis les débuts. Je les ai délaissés, à un moment, davantage tentée par une esthétique minimaliste. Mais j’y reviens. » Le modèle Cosmos qui revient chaque saison et se décline selon ses envies du moment. Forcément, nous nous enquerrons de sa collection printemps-été « je continue à être fascinée par les possibles du plexi. Cette matière sera à nouveau au cœur de ma collection. Je reviens avec plus de motifs orientaux, comme la rosace. Et toujours des touches de couleurs. » Un univers fantaisiste qui lui plaît.

Dans 10 ans, elle se voit bien posséder sa propre boutique-atelier, dans laquelle elle présenterait ses créations, mais également une sélection d’autres accessoires. Si ce projet n’est encore qu’un joli rêve, Gaïa a les pieds bien sur terre. Point de rêve de luxe, l’univers de la joaillerie, par exemple, ne l’attire aucunement. « Au quotidien, je porte toujours une chaîne avec une médaille qui représente la Vierge Carmen. Je ne suis pas croyante, mais je trouve cela très beau. En dehors de cette pièce, je choisis mes bijoux comme mes tenues, même si je reconnais que je porte souvent les mêmes pièces de façon compulsive pendant six mois. Puis je me lasse et j’en élis une autre ! J’aime l’idée de pouvoir changer souvent, et je préfère donc créer des pièces fantaisie, accessibles. Et pour être franche, personnellement, je n’achèterais pas une pièce contemporaine en or, j’aurais trop peur de me lasser.»

Ses projets ? Là encore, la jeune créatrice sait exactement ce qu’elle veut. « Je me laisse encore une année pour voir si cela fonctionne. J’ai un e-shop et je collabore avec quelques boutiques. Mes bijoux sont également à la boutique du Mudam, j’étais ravie de pouvoir y présenter une sélection de mes créations. Reste à voir si, dans la durée, je parviens à en vivre. Ce serait merveilleux ! Mais une chose est sûre, je vais tout mettre en œuvre pour réussir ! »