Le vieillissement au travail nous concerne tous et constitue une priorité économique. Les pratiques managériales des entreprises concernant les « travailleurs âgés » ainsi que la politique de gestion des ressources humaines se doivent de participer à une évolution positive, afin que les regards changent.
A partir de quel âge devient-on vieux sur le marché du travail ?
Franz Clément, Docteur en Sociologie au sein du Luxembourg Institute of Socio Economic Research (LISER), s’est penché sur la question. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle divise. Si plusieurs études situent le cap où l’on passe dans la catégorie dite des « travailleurs âgés » entre 55 et 65 ans, d’autres, pourtant, placent quant à elle cette barre dès l’âge de 45 ans. Une problématique contrastée, qui varie au cas par cas, selon les pays et de l’âge d’accès à la pension de retraite. En effet, au sein des 28 Etats membres de l’Union Européenne, l’uniformisation de la définition d’un « travailleur âgé » n’existe pas, ni celle de l’harmonisation de l’âge accédant à la pension de retraite, chaque pays ayant sa propre politique les concernant.
« Travailleur âgé » ou « senior actif » ?
Sur le marché du travail, « devenir vieux » ne se résume pas à « travailleur âgé ». Le 20 novembre 2017, l’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi (OEI) a organisé une conférence-débat consacrée à la situation de ces employés dans la Grande Région au sein LISER. Le Professeur Aline Muller, directrice générale de ce Centre de recherche, a utilisé une tournure différente : « On peut parler successivement de « travailleurs expérimentés », de « seniors actifs » ou de « travailleurs âgés ». Pour Franz Clément, « le choix de l’expression n’est sans doute pas innocent en fonction du type d’acteur qui emploie telle ou telle tournure de langage ». Une entreprise soucieuse de ses employés et de ses ressources humaines utilisera davantage les mots « expérimentés » ou « senior actif ». Dans le cas inverse, une société qui envisage de se séparer de son personnel usera du terme « travailleur âgé ».
Vers une image plus positive
L’année 2012 fut baptisée « Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle ». Selon un rapport du même nom, produit par les autorités de l’Union européenne, cette même année a mis en lumière le potentiel des personnes âgées ainsi que leur participation dans la société et l’économie sur le marché du travail. Ce rapport a permis d’introduire une image plus positive du vieillissement des employés.
Ce désir de maintien des personnes « âgées » sur le marché du travail s’ancre de plus en plus dans les politiques européennes. Afin d’y parvenir pleinement, des actions à plusieurs niveaux doivent s’opérer dans les politiques européennes, politiques nationales, au sein des entreprises, ainsi qu’avec les travailleurs eux-mêmes. Pour Franz Clément, les sociétés sont en train de vivre un véritable changement de paradigme : « Il ne s’agit ni plus ni moins de l’adaptation du travail aux réalités de la digitalisation et de l’économie numérique ». Ce bouleversement entraînerait une inéluctable perte d’emploi à laquelle les travailleurs dits âgés vont devoir se former.