Quel plaisir de passer la soirée avec Hedda ! Mise en scène par la talentueuse Marja-Leena Junker, la pièce “Hedda Gabler” est actuellement jouée au Grand Théâtre de Luxembourg. Bien que cette pièce norvégienne ait été écrite en 1890 par Henrick Ibsen, elle est aujourd’hui plus que d’actualité, traitant de la condition de la femme et de sa place dans la société.

Par Karin Altmeyer

Hedda, interprétée par l’éblouissante Myriam Muller, est une femme en avance sur son temps alors qu’elle ne peut se satisfaire de ce que lui offre la société de l’époque : le rôle de l’épouse, celui d’une mère au foyer, au mieux d’une mère ! Hedda ne supporte pas la médiocrité et a de grands rêve. Mais ne parvenant pas à les réaliser, nait une grande frustration en elle.

Et pourtant, c’est en connaissance de cause qu’Hedda, issue de la haute bourgeoisie, épouse Jorgen Tesman, joué superbement par tom Leick-Burns, historien sans grande ambition, qui est davantage       passionné par la recherche et ses vieilles tantes que par sa femme. Après leur voyage de noces de presque 6 mois,  Jorgen lui offre une superbe maison dans laquelle l’un  de ses seuls plaisirs est de pouvoir recevoir son attachante tante, interprétée par la grande Hana Sofia Lopes ainsi que son conseiller, Brack, joué par le brillant Serge Wolf !

Mais Hedda,  qui ne rêve que de beau, est malheureuse car sa vie est celle d’une femme mariée terne et vide de sens comme l’était celle d’Emma Bovary !  Entre alors en scène son ancien amant qu’elle n’a pas su retenir, Lovborg, talentueusement interprété par Valéry Plancke. Lovborg, délivré de ses anciens démons, réussit à devenir un grand auteur grâce à Théa, jouée par la remarquable Claire Cahen, qui a su croire en lui.

Hedda, enfermée dans une petite vie bourgeoise,  s’ennuie. Elle va commencer par envier et jalouser Théa, va devenir cruelle, destructrice et folle. N’ayant alors aucune perspective et n’ayant su se donner un rôle pour réaliser ses rêves, Hedda va alors manipuler son mari pour se venger de son ancien amant et de Théa, celle qui a su influencer un homme !

Dan un magnifique décor nordique, blanc, très épuré et froid de Christian Klein, le sublime jeu de lumières signé Teemu Nurmelin, , va révéler la perversité d’Hedda et faire éclater au grand jour sa folie, elle qui ne demandait qu’à vivre, ne voulant accéder qu’à du pur et du beau….Une folie qui lui imposera un sort irrémédiable.

Une très grande pièce qui sera encore jouée les 05, 10, 11 et 13 mai à 20.00 heures ainsi que le dimanche 8 mai à 17.00 heures au studio du Grand Théâtre.