On ne compte plus les applications et autres campagnes de prévention destinées à la sécurité des femmes qui s’adonnent au running, et pour cause. Malgré des avancées faites sur le sujet, la plupart d’entre elles craignent toujours pour leur sécurité lorsqu’elles pratiquent cette activité sportive solitaire. Une nouvelle étude internationale révèle même que la majorité des femmes ne part jamais courir sans avoir pris les précautions adéquates au préalable.

Partir courir ne devrait nécessiter qu’une tenue de sport, une paire de baskets adaptée, éventuellement un peu de musique, et une motivation sans faille. Mais cela ne reflète pas le quotidien des femmes qui s’adonnent à cette activité physique. La plupart d’entre elles s’attèlent également à vérifier que tous les voyants sont au vert, et qu’elles seront protégées tout au long de leur parcours, avant de mettre une chaussure de running dehors. Des précautions indispensables alors que plus de neuf femmes sur dix à travers le monde (92%) se disent inquiètes pour leur sécurité lorsqu’elles vont courir, comme le révèle une nouvelle étude menée auprès de 9.000 coureurs et coureuses dans neuf pays, dont la Chine, le Japon, la France, et les Etats-Unis.

Harcèlement physique ou verbal

Réalisée par Vitreous World pour adidas, dans le cadre de son initiative ‘With Women We Run’, et de son partenariat avec l’organisation caritative White Ribbon, cette étude nous apprend plus précisément que plus d’une femme sur deux dans le monde (51%) appréhende d’être agressée physiquement lorsqu’elle s’adonne au running. A titre de comparaison, seulement 28% des hommes partagent cette crainte. Une peur qui est tout sauf le fruit du hasard, et encore moins de leur imagination. Près de quatre femmes interrogées sur dix (38%) affirment avoir déjà été victimes de harcèlement physique ou verbal, dont plus de la moitié évoquent des commentaires sexistes ou à caractère sexuel (55%), déclarent avoir été klaxonnées (53%), et même suivies (50%) durant leur parcours.

Pour faire face à ces agressions potentielles, les femmes n’envisagent pas le running sans avoir pris quelques précautions au préalable. Plus des deux tiers des répondantes (69%) avouent préparer leur course de façon très spécifique. Il s’agit notamment de porter des vêtements amples, pour éviter toute forme de harcèlement, voire même de demander à une personne de confiance – et capable de les protéger – de faire le parcours avec elles. Mais il ne s’agit que de la partie immergée de l’iceberg, car ce sentiment d’insécurité permanent peut également induire des troubles mentaux et physiques.

Un impact sur la santé mentale

Quelle que soit la forme de harcèlement subie par la gent féminine, celle-ci impacte la santé mentale des principales concernées, et parfois même leur santé physique. Plus d’une sondée sur deux (53%) déclare être sujette à des troubles anxieux, contre 38% des hommes, et près de la moitié des femmes interrogées (46%) affirme avoir renoncé au running après avoir subi une forme de harcèlement, contre un tiers de ces messieurs. Ces derniers reconnaissent d’ailleurs qu’il y a un problème d’insécurité pour les femmes, à hauteur de 62%, mais seulement un cinquième des répondants (18%) estime que c’est à eux de faire en sorte que les femmes ne soient plus préoccupées par leur sécurité lorsqu’elles s’adonnent à la course.

Si l’on s’intéresse spécifiquement à la France, on s’aperçoit que le sentiment d’insécurité est également présent pour les femmes. Près de six répondantes sur dix (59%) affirment se sentir inquiètes quand elles courent, contre 22% des hommes. Là encore, les Françaises ont été confrontées aux coups de klaxon (75%), à des comportements inappropriés (58%), à des commentaires sexistes (53%), ou encore au harcèlement verbal (37%).

*Cette étude a été réalisée auprès de 9.000 personnes âgées de 16 à 34 ans au Japon, en Chine, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Mexique, aux Emirats arabes unis, en France, en Allemagne et en Corée du Sud. Les réponses ont été recueillies entre le 17 décembre 2022 et le 6 janvier 2023. Pour la France, 1 000 personnes (500 femmes et 500 hommes) âgées de 16 à 34 ans ont été interrogées.