Par Maria Pietrangeli

Quarante années de bons et loyaux services, un âge respectable… les conditions sont réunies afin de bénéficier d’une retraite amplement méritée. Pourtant, si elle est souvent vécue comme le début d’une nouvelle vie, le réveil est parfois difficile. Avec notamment une baisse considérable de ses revenus, comment maintenir son niveau de vie dans un contexte économique aussi complexe ?

Quel type de retraite au Luxembourg ?

Au Grand-Duché, le système de retraite est déterminé par trois piliers :

  • Le premier est la pension légale, celle à laquelle a droit, toute personne active. Celle-ci est payée par la sécurité sociale. Le système choisi par l’État luxembourgeois est le principe des retraites par répartition : ce sont les actifs qui paient pour les retraités. Système qui semble atteindre progressivement ses limites. C’est bien évidemment pour cette raison que l’État favorise le développement des deuxième, et troisième pilier.
  • Le deuxième concerne la pension complémentaire individuelle qui est éventuellement mise en place par les entreprises pour leurs salariés.
  • Le troisième est l’épargne personnelle que les particuliers se constituent pour leurs propres besoins. Il est clair que ce troisième pilier constitue et, va constituer, l’essentiel d’une retraite décente.

La pension légale par répartition pour les actifs

Le régime par répartition repose sur l’idée de la solidarité. La solidarité intergénérationnelle entre actifs et retraités, mais pas seulement. Le système par répartition prévoit par exemple des avantages de retraite sans versement de cotisations pour ceux qui ont connu des périodes de perte involontaire d’emploi au cours de leur vie professionnelle. Son montant maximum est plafonné. En 2022, le montant maximum de pension perceptible s’élève à 9 422,19 euros. Il faut savoir également que le montant des pensions est lié à l’indice. Leur montant est automatiquement réajusté lors du déclenchement de ce dernier.  Mais ce régime a des limites liées à la baisse de la natalité, au vieillissement de la population ainsi qu’à l’augmentation de l’espérance de vie. L’indicateur est le ratio de dépendance démographique c’est-à-dire le rapport entre le nombre de retraités et celui des actifs. Celui-ci est largement utilisé pour déterminer la viabilité du système de retraite. Chez nos voisins français, le ratio de dépendance démographique est passé de 23,7%, en 1970 à 37,4% en 2021. Les projections démographiques de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) envisagent une augmentation de ce ratio de 37,4 % à 56,8% en 2070.

Selon les dernières projections démographiques d’Eurostat, le taux de dépendance économique des personnes âgées au Luxembourg serait identique entre 2020 et 2040 à condition que le taux de cotisation soit augmenté et si l’âge de la retraite passait à 72 ans. La réforme des pensions semble inéluctable, mais elle est si impopulaire que seul un politique ne briguant pas d’autre mandat ou conscient du défi et de son urgence, s’y attellerait.

La nécessité d’une retraite complémentaire

La démonstration a largement été faite, et même s’il est vrai qu’à 30 ans, penser à sa retraite semble incongru, l’idéal serait de contracter une retraite complémentaire le plus tôt possible. Toutes les compagnies d’assurance de la place peuvent proposer ce type de produit.

Ainsi, chaque personne décide du montant qu’elle va verser par mois, mais le maximum déductible est de 3 200 euros. Il existe ensuite au minimum deux formules. La première très sûre octroie une épargne garantie. La seconde, plus performante,  propose de faire fructifier le capital retraite grâce aux résultats de fonds d’investissement. À l’échéance plusieurs possibilités sont alors proposées :

– le déblocage du capital dans sa totalité

– une rente viagère mensuelle

– une combinaison de deux une part en capital et une rente viagère

Un quatrième pilier à inventer ?

Les trois piliers traités précédemment, même s’ils sont cumulés, ne parviendront peut-être pas à combler la différence entre le dernier salaire et la pension de retraite. Quelques pistes existent pour éviter de devoir réduire drastiquement son train de vie, comme par exemple le fait de financer intégralement son habitation principale et y effectuer les éventuels travaux de rénovation qui s’imposent. Un loyer ou un prêt en moins, cela fait une énorme différence !

Le quatrième pilier pourrait également être le fait de se constituer une épargne sans avantage fiscal ou éventuellement d’acquérir des actifs financiers susceptibles de générer des revenus récurrents. Un banquier aguerri peut être un accompagnateur dans la constitution d’un portefeuille adapté. Un salarié qui a cessé de travailler à 65 ans pour « partir » en retraite peut, au Luxembourg, obtenir de manière tout à fait légale un emploi et cumuler salaire et pension de retraite.

Vivre loin, mais vivre mieux ? De nombreux pays déroulent le tapis rouge aux retraités, en particulier sur le plan fiscal. Sans compter que la vie et de l’immobilier y sont parfois moins chers. Les pays européens trustent le haut du classement avec la Grèce en tête, devant le Portugal et l’Espagne. Ils se placent devant le Maroc, la Thaïlande et l’île Maurice, qui ont toujours la cote auprès des seniors. Mais avant de se lancer dans l’aventure, il convient de se renseigner à propos des démarches à effectuer pour s’y installer, sans oublier le volet fiscal ainsi que celui de l’assurance maladie

À 30 ans, personne n’a envie de songer à sa retraite, pourtant, anticiper et prévoir offrent la possibilité de réduire le delta entre notre salaire d’actif et celui de retraité(e).