Peggy Dihé est créative, solaire et joyeuse. Elle travaille sur les plaisirs et développe sa recherche esthétique autour des émotions. Voici l’interview de cette jeune femme pétillante qui devrait vous plonger dans un univers d’espoir et de bonheur.

À quoi ressemble le parcours d’une artiste telle que vous ? 

Ce qui est super compliqué, c’est qu’être « artiste » c’est un état d’esprit mais aussi un métier. Je suis créative depuis toujours c’est-à-dire que je vis un peu dans mon univers et j’en ai fait mes études. Ensuite, je me suis déclarée, à l’époque, à la Maison des Artistes, afin d’obtenir un statut spécifique. Le but de cette opération était de gagner ma vie avec la vente de mes œuvres. J’ai fait l’Ecole Normale avec une seconde très poussée en Histoire de l’Art, en Arts Plastiques et en Philosophie. Puis les Beaux Arts à Lyon que j’ai arrêtés pour aller à la faculté d’Arts Plastiques à Metz pour avoir une formation pratique et théorique – parce que les études aux Beaux Arts de Lyon sont très pratiques et très peu théoriques. Ensuite, j’ai travaillé dans une galerie mais cela a été une vraie frustration parce que je n’avais plus le temps de créer. J’ai été maman après et j’ai toujours continué à peindre. Et je me suis finalement mise à mon compte. Voilà donc le début de l’aventure, c’était il y a vingt ans. 

Tout a donc réellement commencé il y a vingt ans. Cela vous plaît toujours ? En vingt ans, on se demande si vous avez une journée type. À quoi ressemble-t-elle, si elle existe ?

Cela se passe plutôt bien. C’est en réalité beaucoup de concessions mais c’est un épanouissement personnel incommensurable. Je peux librement réfléchir, travailler seule. En somme, je suis totalement libre. Je n’ai pas vraiment de journée type parce que mon activité s’est diversifiée au fil du temps. J’ai d’abord été illustratrice, puis artiste subventionnée par l’Etat. J’intervenais dans les déserts culturels. Ensuite, je me suis spécialisée en psychanalyse de l’Art et de l’acte créatif à la Sorbonne. J’ai donc jonglé entre les expositions et les interventions face à un public spécifique. J’ai ensuite fait de la scénographie, je suis devenue plasticienne. J’ai développé d’autres techniques, j’ai beaucoup de cordes à mon arc. Cela fait maintenant deux ans que tout est exponentiel et je vais devoir prendre des décisions importantes car il faut que je puisse tout facturer, tout est très compliqué quand on est artiste. 

Vous êtes créative depuis toujours. Vous avez un faible assumé pour les univers colorés et souvent florales que nous retrouvons dans vos œuvres et qui est, d’ailleurs, qualifié de rêves. D’où vous vient cette inspiration ?

Elle vient de mon enfance. J’étais rêveuse, tête en l’air et assez lunaire donc je passais beaucoup de temps dans les jardins, dans les champs. Je m’amusais comme tous les gosses. Je devais avoir 5 ou 6 ans et je me suis rendue compte que j’étais heureuse là. J’ai vu la différence entre faire sa vie, faire des trucs normaux où on a l’impression qu’on est bien et être heureux. Au fur et à mesure, j’ai commencé à raconter mon histoire dans mes travaux. J’ai développé plusieurs réflexions sur ma vie. D’abord, j’ai travaillé sur les femmes parce qu’à l’époque je lisais beaucoup d’ouvrages évoquant le féminisme. Après, j’ai travaillé sur la résilience parce que ma propre vie était compliquée : j’ai été malade à 30 ans et j’avais besoin de réfléchir à tout cela. C’était comme une sorte d’introspection. Mes recherches universitaires m’ont énormément aidé. Aujourd’hui, ayant fait le deuil de tout cela, j’ai enfin trouvé ma personnalité artistique et ma recherche esthétique. Je mets en avant des valeurs qui me tiennent à cœur comme l’éco-responsabilité, la bienveillance, les connexions entre les personnes. Ce travail de couleur est vraiment une étude sur l’impact qu’à la couleur sur les gens, les références aux chakras, aux ondes des couleurs. Et aux plaisirs et aux sens. Au fur est à mesure, j’étends ma réflexion.

Vous avez un message que vous souhaiterez faire passer à travers vos œuvres ou justement c’est simplement un plaisir et profiter de la beauté des couleurs ? 

Je crois que j’aimerais vraiment bien que les gens continuent à avoir de l’espoir et continuer de rêver. Le boulot d’un artiste, c’est d’observer le monde et de retranscrire ce qu’il voit et comment il voit l’avenir en offrant des possibles. Moi, mon message, c’est vraiment de sourire. 

Vous parliez, des champs, du fait de vivre dehors, de l’extérieur. Je pense donc à la nature. Avez-vous des revendications particulières que vous exprimez à travers vos œuvres ?

Mes travaux plastiques sont des collaborations avec des entreprises qui me permettent d’aller dans leurs poubelles. Je travaille avec du plexiglas plastique qui va bientôt disparaître parce qu’on est en train de se rendre compte que le plastique tue tout ce qu’il y a autour de nous. Pour moi, ce n’est donc plus un déchet mais un objet rare qui est voué à disparaitre. Cela permet aussi de travailler sur la transparence et l’accumulation. En fait, ce sont des thématiques qui me tiennent à cœur parce qu’il y a cette métaphore entre ce qu’on vit, notre écosystème et la psychologie. Pour moi, tout va de pair. Cette apparence de monde qui va bien, est-ce vraiment le cas ou est-ce une apparence ? Ce travail coloré, graphique, est ce qu’il y a quelque chose à voir à l’intérieur ? Petit à petit, je construis une sculpture, une peinture autour de ça. Comme je suis pluridisciplinaire, je construis tout mon travail autour de ça. 

Vous peignez, vous sculptez et vous rendez le monde dans lequel nous vivons magique. Comment vous est venue cette vision si fantastique du monde ?  

C’est comme ça que je le vois. En fait, bien sur qu’il y a plein de choses catastrophiques, bien sur qu’on souffre mais bon Dieu, changeons de point de vue. Apprenons la perspective, apprenons à nous détourner des médias. Il faut regarder le monde à travers nos propres yeux et on verra qu’il y a plein de choses, qui sont peut être anodines pour certains, mais pas pour d’autres. Je travaille beaucoup avec les scolaires et on parle beaucoup de la nature. Ils ont un point de vue incroyable sur ce qu’ils veulent dans leur futur. Ce n’est pas ce que j’entends quand j’allume ma radio. Je crois que les mentalités évoluent et je crois que dans l’histoire de l’Art il y a des choses affreuses mais c’est comme ça que l’être humain évolue et on ne peut pas changer cela. Ce qu’on peut changer, c’est notre manière d’accepter et de se projeter, avec de l’espoir. 

Avez-vous toujours eu la fibre artistique et est-ce que votre carrière en elle-même est un rêve réalisé ?

Oui, je me suis toujours battue pour gagner ma vie correctement avec ce que je faisais. Une passion, c’est essentiel et on peut réaliser ses rêves si on s’en donne les moyens. Je suis maman depuis longtemps et cela a été un sacerdoce de devoir l’expliquer à mes enfants. C’est beaucoup de concessions. J’ai même dû mettre de côté le fait d’être mariée avec quelqu’un alors qu’il était là pour m’aider quand je ne pouvais pas subvenir à mes propres moyens mais je crois que cela en valait la peine. Aujourd’hui, je peux partager ma bibliographie, ce que j’ai appris, mes expériences et surtout donner envie aux gens de rêver.

Justement, avez-vous des conseils à donner pour permettre aux gens de rêver et pour permettre à des jeunes artistes de se lancer dans un monde de folie comme vous avez réussi à le faire ?

Tous les jeunes artistes, les étudiants que je croise, qui me contactent, je leur réponds, je les aide et je leur donne des contacts. Je fais beaucoup d’expositions participatives. Ils peuvent m’écrire sur les réseaux sociaux et c’est avec grand plaisir que je partagerais mon expérience parce que j’aurais adoré qu’on fasse cela pour moi. Pour le reste, je ne sais pas, j’ai eu une expérience de vie assez compliquée donc cela m’a fait prendre conscience que j’aime la vie. Même beaucoup. J’aime très fort la vie et je suis contente de voir avec mes yeux parce que c’est un atout. Même si je passe pour une tarée, une illuminée, une idéaliste, je peux argumenter derrière, donner des références philosophiques, etc. Mais je préfère parler avec les émotions. C’est comme ça qu’on peut accrocher les gens et les échanges. Quand je parlais de connexion, c’est vraiment créer des liens de confiance et montrer que la bienveillance existe, que la sororité est essentielle. Il y a que comme cela qu’on va pouvoir avancer. Changer de mentalité passe par la gentillesse. Il faudrait l’apprendre à l’école. C’est ce que je fais d’ailleurs. Je développe un protocole thérapeutique et pédagogique où j’interviens dans les maisons de relais, les écoles, les centres avec des personnes touchées par Alzheimer, Parkinson. Je construis mon entreprise dans le but de former bientôt des artistes avec des spécialités différentes forcément dans les arts visuels pour partager leur passion. Ce ne sont que des ondes positives. Ces scientifiques qui ont analysé les cristaux d’eau avec les émotions, c’est un fait. Donc je crois qu’en étant fait à 99% d’eau, cela peut fonctionner. 

Pour en savoir plus…

Peggy Dihé travaille avec des entreprises qui portent des valeurs et possèdent des éthiques similaires aux siennes. Elle va créer un événement avec le chef talentueux, Jérôme Tavana, pour un vernissage Art & Goût autour de la recherche plastique des silences. Puis, au Luxembourg, elle va lancer ce même concept mais cette fois autour de l’odorat grâce à des sculptures olfactives, début décembre. Cet événement intitulé Le parfum des silences sera également organisé en collaboration avec la société luxembourgeoise Darmaxis et les docteurs en microbiologie, Sylvie Rouen Van Beek et en biochimie, Irina Simoncini Solovieva. Toujours sur le respect de la nature, les parfums sont des huiles essentielles.