Températures caniculaires, plein soleil, ponts qui s’enchaînent et ville quasi-désertée… il fleure un parfum de grandes vacances sur la capitale.
A la faveur d’un réveil un peu plus matinal que de coutume, je me suis retrouvée dans le flux des écoliers. Si dès 8h, ce sont les cols blancs qui suivent le chemin du bureau, entre 7h et 8h, la ville qui sommeille encore appartient aux lycéens et autres étudiants qui profitent d’un peu de répit avant que ne sonne la cloche.
Il faut dire que notre quartier – le Limpertsberg – comporte de nombreux établissements. Et c’est d’ailleurs sur un air de joyeuse récréation que j’écris ce billet.
Trêve matinale qu’est la mienne, quelques pages d’un livre et un (bon) café, comme doux présages d’une journée placée sous les meilleurs auspices. Mais ce matin, mon attention est restée fixée sur la population de mon spot fétiche : uniquement des jeunes, café à la main, dévorant une part de cake, tout en révisant nonchalamment leurs notes sur Benjamin Constant, et échangeant leurs points de vue sur Schopenhauer…
En les observant, me voici plongée… une quinzaine d’années plus tôt, alors que je potassais moi aussi mes fiches de philo à quelques jours des épreuves du bac. « Ils ont bien changé, nos jeunes », me suis-je alors dit, demi-sourire aux lèvres. Quelque peu émue.
Quand j’avais 17 ans, je me souviens que nous « jouions » aux adultes, nous donnant quelques faux airs importants, en débattant des quelques sujets d’actualité que l’on avait bien voulu retenir. Pourtant, dès que la sonnerie de 17h retentissait, nous replongions dans le monde de l’enfance, avalant un bol de Nesquick à l’heure du goûter accompagné de tartines de beurre saupoudrées de chocolat. De même, nos tenues étaient encore celles de grands enfants, d’ados mal dégrossis, qui n’assumaient par leurs corps déguingandés, planqués sous des sweats informes ou des baggy XXL…
Les futures bacheliers de 2018 boivent du café – du vrai – sont déjà tatoués et percés, et semblent tout droit sortis d’un édito fashion. Ils sont au cœur de notre société. Sont déjà de véritables petits adultes. Eux, ne font pas semblant. Ils sont grands, pour de vrais. Est-ce l’actualité brûlante, la prise de conscience de l’impérative nécessitée de l’urgence de vivre dans un monde où tout peut basculer d’une seconde l’autre, ou la volonté d’émancipation véhiculée par les médias qui les a fait mûrir si vite ?
J’avoue les avoir un peu enviés, tout en leur souhaitant de pouvoir savourer aussi longtemps qu’ils le pourraient les quelques miettes de l’innocence que l’on a bien voulu leur laisser.