Si les journalistes sont devenues les nouvelles coqueluches d’Hollywood, le 7ème art ne les représente pas toujours de façon très flatteuse. Une situation qui porte atteinte aux femmes dans les médias, selon une nouvelle étude américaine.

Elles crèvent le grand écran grâce à des films comme “Broadcast News”, “Les complices” et plus récemment “Scandale”. Cela fait des années que le cinéma s’est pris de passion pour les journalistes, qui semblent souvent prêtes à tout pour obtenir un scoop. Quitte à avoir des relations sexuelles avec l’une de leurs sources. C’est le cas de Heather Holloway (interprétée par Katie Holmes) dans “Thank You For Smoking”, qui n’a aucun scrupule à user de ses charmes pour séduire un représentant de l’industrie du tabac. 

Bien que fictionnel, ce comportement contraire à l’éthique porte atteinte aux femmes exerçant le métier de journaliste au quotidien, selon le chercheur américain Frank Waddell. Ce professeur adjoint à l’université de Floride s’est penché sur les préjugés sexistes dont sont victimes les journalistes au cinéma dans une étude récemment publiée dans le journal Journalism Studies. 

Il a découvert que la plupart des Américains interrogés trouvent ces stéréotypes réalistes, et ont une vision globalement négative des femmes dans les médias. Ils sont enclins à penser que les femmes sont prêtes “à avoir des relations sexuelles avec une source pour un scoop”, alors qu’ils voient mal leurs collègues masculins faire de même.

De plus en plus de violences sexistes

A l’origine, Frank Waddell voulait recueillir les impressions de son panel sur des représentations plus positives des femmes journalistes à l’écran. Il n’a pu en trouver aucune. “J’avais tellement de mal à trouver des exemples positifs que je n’ai pas pu faire cette partie de l’étude”, se remémore-t-il. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant que la plupart des gens ont peu, voire pas du tout, d’interactions avec des journalistes dans leur vie quotidienne.

“J’espère qu’Hollywood saura mieux trouver les moyens de dédramatiser la pratique du journalisme”, confie Frank Waddell. “Les gens traitent les femmes dans les salles de presse différemment parce qu’ils n’arrivent pas à comprendre que ce qu’ils voient [dans les films] n’a rien à voir avec la vie réelle.”

L’Unesco a récemment mis en lumière les violences sexistes que doivent affronter les femmes journalistes à travers le monde. L’organisation a interrogé plus de 900 professionnelles venant de 125 pays pour son rapport “The Chilling: Global Trends in Online Violence Against Women Journalists”. Près des trois quarts d’entre elles (73%) affirment avoir subi des violences en ligne, et 25% disent même avoir reçu des menaces de mort. Face à ces abus répétés, certaines journalistes font le choix de se rendre moins visibles en ligne (38%) tandis que d’autres abandonnent totalement la profession (2%).