On sait déjà que le cycle menstruel peut impacter la santé physique et mentale des femmes, mais une nouvelle étude scientifique révèle que sa durée peut aussi avoir des conséquences sur le risque de maladies cardiovasculaires. Une nouvelle analyse menée auprès de plus de 58.000 femmes nous apprend qu’un cycle trop long ou trop court, à savoir non compris entre 21 et 35 jours, est associé à un risque plus élevé de développer certaines maladies cardiaques.
On parle souvent d’une durée de 28 jours pour un cycle menstruel régulier, mais il s’agit bien évidemment d’une moyenne qui peut s’étendre à plus de trente jours pour certaines femmes, et à une vingtaine de jours pour d’autres. Pour les besoins de cette étude, une équipe de chercheurs basée en Chine a estimé entre 22 et 34 jours la durée d’un cycle menstruel dit régulier, traduisant “un fonctionnement normal des systèmes hormonaux connectés entre l’hypothalamus, l’hypophyse et les ovaires”. À partir de cette estimation, ils ont analysé les données de santé de 58.056 femmes âgées en moyenne de 46 ans au début de l’étude et ne souffrant d’aucune maladie cardiovasculaire. Toutes les données, incluant notamment la durée et la régularité du cycle menstruel, ont été collectées lors de quatre visites de suivi qui se sont déroulées en 2006-2010, 2012-2013, 2014 et 2019, le tout sur une période de suivi médiane de 12 ans.
Un risque accru de maladies cardiaques
Publiés dans le Journal of the American Heart Association, ces travaux ont d’abord révélé que 39.582 femmes avaient des cycles menstruels réguliers, tandis qu’ils étaient irréguliers ou absents pour 18.474 participantes. Un taux plus élevé que les dernières données publiées par les U.S. National Institutes of Health (NIH) en 2017, estimant entre 14% et 25% la proportion de femmes ayant des cycles menstruels irréguliers. Mais la principale découverte de cette étude réside dans le fait que les cycles menstruels irréguliers, en l’occurrence considérés comme trop longs ou trop courts, seraient associés à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires, et plus particulièrement de crise cardiaque ou de fibrillation auriculaire – un trouble du rythme cardiaque.
“L’association entre les caractéristiques du cycle menstruel et les effets cardiovasculaires indésirables n’est pas encore claire. Compte tenu de la prévalence croissante des maladies cardiaques – 45% des femmes dans les pays occidentaux sont touchées – et de la mortalité qui en découle, il est nécessaire d’étudier ces facteurs de risque”, explique le professeur Huijie Zhang du Nanfang Hospital of Southern Medical University of Chine dans un communiqué.
Dans le détail, les femmes ayant des cycles menstruels d’une durée de moins de 21 jours ou de plus de 35 jours étaient plus susceptibles de développer des maladies cardiaques (+19%) que celles dont le cycle s’établit entre 22 et 34 jours, et avaient également un risque accru de souffrir de fibrillation auriculaire (+40%). Les chercheurs suggèrent par ailleurs que les cycles menstruels plus courts sont davantage associés à un risque accru d’évènements cardiovasculaires (+29%) par rapport à des cycles d’une durée de plus de 35 jours (+11%). Un constat également valable pour le risque de souffrir de fibrillation auriculaire : +38% pour les cycles menstruels plus courts, +30% pour les plus longs – toujours par rapport à un cycle considéré comme régulier.
De l’importance de la prévention
“Notre analyse indique que les femmes souffrant d’un dysfonctionnement du cycle menstruel peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé cardiovasculaire. Nous devons donc faire prendre conscience que les personnes ayant un cycle menstruel irrégulier sont plus susceptibles de développer des maladies cardiaques. Ces résultats ont des implications importantes en termes de santé publique pour la prévention de la fibrillation auriculaire et des crises cardiaques chez les femmes et soulignent l’importance de surveiller les caractéristiques du cycle menstruel tout au long de la vie reproductive d’une femme”, précise le professeur Zhang, l’un des principaux auteurs de l’étude.
Notons toutefois que l’étude présente certaines limites, comme le fait que la régularité ou non du cycle menstruel repose uniquement sur l’interprétation des participantes, que les chercheurs n’ont pas exclu la potentielle influence de la transition ménopausique sur lesdits cycles menstruels irréguliers, ou que l’âge des femmes étudiées était relativement avancé (40 à 69 ans). D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les maladies cardiovasculaires demeurent la première cause de mortalité chez les femmes dans le monde. En 2022, un sondage mené en France par OpinionWay pour la Fédération Française de Cardiologie révélait par ailleurs que, pour un quart des femmes, les moments forts de la vie hormonale n’avaient pas d’impact sur leur santé cardiovasculaire, voire en réduisaient les risques.