Issue d’une famille d’entrepreneurs, Carol Rodesch a compris qu’elle vivrait de l’architecture à la fin de ses études. Elle est aujourd’hui associée chez Team 31, le bureau d’architecture qui a notamment rénové l’Athénée du Luxembourg, l’un des lycées les plus illustres du Grand-Duché.
Rencontre avec cette femme qui préconise de « rester soi-même et bien se retrouver dans ce que l’on fait » tout en suivant les étapes « step by step ».
Parlez-nous de votre parcours ?
Originaire d’Ettelbruck, j’ai fait le lycée des Arts et Métiers dans la spécialisation Génie Civil. Avec un père entrepreneur, l’environnement familial m’a conduite vers les métiers de la construction. Après mon bac, je suis partie étudier en Autriche, à l’Université de Innsbruck, en Architecture ,puis j’ai terminé mon cursus de « Diplom Ingenieur Architekt TH», en Allemagne à l’Université de Kaiserslautern. Suite logique, je suis rentrée à Luxembourg pour travailler dans l’entreprise de construction familiale afin de faire ma première expérience professionnelle. J’ai compris alors que le travail d’Architecte au service de ses clients me plaisait davantage. J’ai donc rejoint le bureau Françoise Folmer Architecte, qui par après est devenu Team 31 Bureau d’Architecture, duquel je suis associée depuis l’année 2000.
Avez-vous fait face à des difficultés en tant que femme dans le milieu ?
Bien entendu, en tant que femme dans le milieu de la construction qui est essentiellement masculin, il faut toujours prouver ses compétences. Mais quand on fait bien son métier, on est aussi respectée par les autres.
Est-ce plus dur de gérer une société lorsque l’on est une femme ?
Actuellement je ne suis pas seule et mon associé est un homme (rires)… Non, je crois sincèrement que c’est la même chose, c’est juste une approche différente, une autre sensibilité, plus féminine. En revanche, c’est parfois compliqué lorsqu’on est enceinte puis maman, de combiner la vie de famille avec la gestion de l’entreprise et de poursuivre à la fois les chantiers.
Vous avez dû faire des choix au moment de votre grossesse ?
Personnellement, je me suis arrêtée une semaine avant mon accouchement et j’ai repris mon travail après le congé légal. Lorsqu’on est indépendant et cheffe d’entreprise, on ne fait pas de pause. Sauf si la santé le demande. J’ai eu beaucoup de chance de ce côté-là.
Comment êtes-vous arrivée à Team 31 ?
Je suis arrivée en 1997, Team 31 s’appelait alors Françoise Folmer Architecte. Ce n’était encore qu’un petit bureau de trois personnes, moi compris. Nous avions un grand projet à démarrer, c’était le lycée technique de Pétange, qui a été mon premier gros projet en collaboration avec le bureau Marc Tanson. J’ai « monté les marches » pas à pas en faisant mes propres expériences. Je suis devenue associée en 2000, nous étions 6 à 7 personnes.
Steve Weyland nous a rejoints en 2006. Aujourd’hui, nous gérons le bureau ensemble. Team 31 emploie à ce jour 19 personnes, principalement des architectes actifs dans les projets de construction publics et privés, les plans d’aménagement particuliers et le conseil en énergie.
D’où vient cette passion ?
Au départ, le domaine de la construction était une évidence, puisque c’est l’environnement dans lequel j’ai grandi. Puis l’intérêt de trouver des solutions aux besoins des clients m’est apparu comme essentiel dans mon travail quotidien. Chaque jour, une autre solution doit être trouvée, au fur et à mesure de l’avancement du projet et de la construction.
Quel est votre projet favori ?
Celui qui a occupé majoritairement mes six dernières années : l’Athénée du Luxembourg, « De Kolléisch » comme nous disons en luxembourgeois, une école des années 60 d’architecture Bauhaus, qui a été complétement rénovée à l’intérieur comme à l’extérieur. C’est un très grand lycée, renommé, un grand chantier que nous avons réalisé en association avec le bureau Marc Tanson, et nous avons prouvé que nous avons bien dirigé le projet.
Avec quel matériau préférez-vous travailler ?
Cela dépend du projet et de la volonté du maître d’ouvrage (le client). Je dirais que j’aime travailler avec des matériaux qui restent, au contraire de ceux qui, après deux ou trois années, deviennent vétustes. Pour moi, la réussite consiste à parvenir à marier les matériaux traditionnels, naturels, avec les nouvelles technologies.
Elle ressemble à quoi, la maison d’un architecte ?
Selon moi, un projet réussi est celui qui répond aux goûts et aux besoins du maître d’ouvrage, qui présente une architecture harmonieuse et contemporaine, mais qui doit aussi impérativement s’intégrer dans le tissu urbain.