Le monde de la culture continue de se mobiliser pour l’Ukraine, plus de deux mois après l’invasion russe. Christie’s a annoncé son intention de donner un million de dollars à trois associations caritatives venant en aide aux Ukrainiens, à travers une série de ventes aux enchères qu’elle organise ce printemps.
La première est une exposition-vente privée, intitulée “Safeguarding the Irreplaceable”, qui se déroule jusqu’au 5 mai en ligne et à Londres. Elle est composée d’une centaine de pièces réalisées par des artistes ukrainiens ou appartenant à la diaspora ukrainienne. Parmi elles, une vingtaine de photographies et vidéos artistiques sélectionnées par Peter Doroshenko, directeur du musée américain Dallas Contemporary. Les collectionneurs peuvent notamment tenter d’acquérir des œuvres sépia de Boris Mikhailov issues de sa série “Salt Lake” ou encore des clichés de la photographe Odessa Ira Lupu.
L’exposition-vente “Safeguarding the Irreplaceable” propose aussi une dizaine de toiles de peintres modernistes comme Maria Siniakova et David Bourliouk, ainsi que la collection personnelle du regretté mécène des arts, Yakov Peremen. Une partie des commissions de cet événement sera reversée à l’organisme à but non lucratif américain World Monuments Fund, afin de préserver le patrimoine ukrainien. Et il y a urgence à agir : l’Unesco s’est alarmé, dans un communiqué publié le 3 mars, des dommages infligés aux villes de Kharkiv et Tchernihiv, qui ont toutes les deux été la cible de bombardements russes.
Christie’s mettra également aux enchères, le 13 mai, une dizaine d’œuvres contemporaines données par des artistes et des galeries d’art pour soutenir l’action de Médecins Sans Frontières en Ukraine. C’est le cas de deux dessins de Yoshitomo Nara, dont les estimations vont de 80.000 à 150.000 dollars ; ainsi qu’un ensemble de clichés du photographe russe Boris Mikhailov.
“Frackattack” de Kenny Scharf et “Invisible Lip” de Gina Beavers seront proposés à la vente le même jour, afin de lever des fonds pour la fondation CORE. Le premier est estimé entre 100.000 et 150.000 dollars, tandis que le second pourrait être adjugé entre 40.000 et 60.000 dollars. “La crise humanitaire en Ukraine est l’un des moments les plus déchirants de notre vie et une urgence pour le monde entier. C’est un moment crucial pour nous, non seulement pour soutenir le peuple résilient d’Ukraine, mais aussi pour l’humanité elle-même”, a déclaré Sean Penn, qui dirige la fondation CORE avec Ann Lee, dans un communiqué.
Phillips dans la tourmente
Christie’s n’est pas la seule maison d’enchères à avoir pris l’initiative de reverser une partie de ses bénéfices à des associations caritatives intervenant en Ukraine. Phillips a donné les honoraires de sa vente d’art contemporain et du XXème siècle du 3 mars à la Croix-Rouge ukrainienne, soit sept millions d’euros. Une initiative charitable… mais pas que. La maison d’enchères britannique s’est retrouvée dans la tourmente suite à l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes. La raison ? Elle est détenue depuis 2008 par les Russes Leonid Friedland et Leonid Strunin.
Si aucun des deux hommes n’est visé par les sanctions occidentales, des voix se sont élevées dans le milieu de l’art pour appeler au boycott de la maison d’enchères. Anish Kapoor est l’une d’entre elles. L’artiste britannique a déclaré au New York Times que Phillips est “une cible légitime, au même titre que le club de football de Chelsea”, qui appartient à l’oligarque Roman Abramovitch. Le collectionneur d’art contemporain Andy Hall partage cet avis. “Ce serait de l’hypocrisie totale que de continuer à vendre ou acheter au travers de cette entreprise russe”, a-t-il affirmé au quotidien américain.