Dans une campagne d’éducation sexuelle et affective destinée aux jeunes, le Planning familial luxembourgeois entend poser les bases du consentement sexuel. Selon l’organisme, 10% des adolescents se seraient sentis obligés à des actes sexuels lors de leur première relation.
Du consentement à tous les stéréotypes de genre en passant par la gestion des émotions, les champs d’action du pôle Education sexuelle et affective (ESA) du Planning familial sont larges. Le service lance d’ailleurs une grande campagne de sensibilisation autour du consentement sexuel, auprès des jeunes, avec un slogan évocateur qui ne laisse pas la place au doute : « Si je n’ai pas dit oui, c’est non !!! ». Selon le Planning familial, 10% des adolescents se seraient sentis obligés à des actes sexuels lors de leur première relation. Et d’après une étude menée en 2020 par Amnesty Belgique, 24 % des jeunes de 15 à 25 ans se sont vu imposer des relations sexuelles par une personne qui a profité de leur ivresse ou de leur dépendance à la drogue.
4 000 préservatifs distribués
« Savoir dire oui et aussi important que de dire non. Un seul refus, sans justification, devrait suffire. De plus, le consentement peut également être retiré à tout moment, même pendant l’acte sexuel. Actuellement, 1/3 des jeunes pensent que si on ne dit pas explicitement non ce n’est pas un non » assène Emilie Kaiser, la directrice adjointe du Planning familial. 4 000 préservatifs arborant le slogan de la campagne et des flyers explicatifs seront distribués d’ici l’été, dans les maisons de jeunes et les lycées. « Être consentant, cela implique de savoir à quoi on est consentant (connaître son corps, ses besoins, ses envies…) et être d’accord pour y participer » peut-on voir sur les petits dépliants. Dans la loi luxembourgeoise, le consentement sexuel est effectif à partir de 16 ans.
Un enjeu majeur
Les six chargés d’éducation, du Planning familial, se déplacent également dans de nombreux établissements scolaires, en duo ou seul. Les cours sont évidemment adaptés en fonction de l’âge du public et ne sont en aucun cas « une incitation à avoir des relations sexuelles ». Ils reçoivent aussi les jeunes et les parents qui le souhaitent, en entretien individuel. « Lors de notre première séance d’Education sexuelle et affective en classe, nous ne faisons pas un simple cours de biologie. Nous échangeons sur des sujets plus vastes et évoquons notamment les émotions. Les élèves se posent énormément de questions, il est donc primordial d’instaurer un temps pour leur répondre », explique Emilie Kaiser. Pré-requis essentiel à l’émancipation des jeunes, l’ESA représente 22 % des activités du Planning familial en terme de contact et de demandes. Son activité a explosé en 2021 (+191 %). « La demande est telle que nous ne pouvons pas répondre à toutes les sollicitations », se désole la directrice adjointe du Planning familial. Au total, ce sont 8 000 personnes qui ont été prises en charge par l’équipe du centre. Les membres de l’organisme plaident pour une intégration pleine de l’ESA dans les programmes scolaires, pour que l’éducation se fasse de 5 à 18 ans et pas de manière épisodique.
Les autres actions du Planning familial
Outre cette campagne sur le consentement, le Planning familial a lancé une autre campagne contre la précarité menstruelle. L’enjeu ici est de désacraliser les règles et d’informer les jeunes filles sur toutes les protections menstruelles existantes. Dans le même temps, les personnes qui le souhaitent peuvent venir déposer dans un des trois centres de l’organisme des protections périodiques qui seront ensuite redistribuées gratuitement. Plus de 44 000 serviettes ont ainsi été données à LUkraine Asbl. L’organisme met également à disposition de la documentation sur le consentement et d’autres sujets, à destination des parents. Il va également distribuer des « cup condom », petit capuchon qui permet de réduire le risque d’intrusion de substances illicites dans un verre ainsi que le renversement de la boisson.
Pour plus d’informations : http://www.pfl.lu/fr/