Au Luxembourg, l’espérance de vie pour un homme est de 79,4 ans et pour une femme de 84,2 ans. La qualité de vie, les progrès de la médecine nous offrent la possibilité de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Mais dans quelles conditions ?

Par Maria Pietrangeli

Du domicile à la maison de soins

C’est un fait aujourd’hui : nous vivons de plus en plus longtemps. L’un des objectifs est alors davantage de vieillir en bonne santé. Même si avec l’âge les maladies sont plus présentes, il est possible de « bien vieillir », en tous les cas de mieux vieillir, en appliquant des principes de prévention mis en avant par de nombreuses études scientifiques.

Le « bien vieillir » désigne aussi tout un pan d’actions de prévention dont l’objectif est notamment de prolonger l’autonomie des personnes âgées et de préserver autant que possible une qualité de vie en restant à leur domicile. Mais c’est aussi maintenir des liens sociaux.

Il peut être plus difficile de maintenir des liens sociaux au fil des années. Les aînés qui ne conduisent plus peuvent moins aisément retrouver leurs amis. Des problèmes de mobilité peuvent empêcher les gens de participer à des activités ou à des événements sociaux qu’ils aimaient autrefois. En outre, les personnes qui ont perdu un conjoint et qui vivent maintenant seules peuvent aussi se retrouver aux prises avec une combinaison de deuil et de solitude.

Voir ses parents vieillir, prendre peu à peu en charge leur quotidien, c’est un renversement des rôles auquel nous ne sommes pas préparés et qui nous bouleverse.

Il est difficile de parler de l’éventualité d’intégrer une maison de retraite lorsque les parents sont encore indépendants et peuvent gérer leur vie, seuls à la maison. Et pourtant c’est bien à ce moment qu’il faudrait le faire de façon à ce le jour où la perte d’autonomie s’intensifie, le sujet ne soit pas effrayant.

Alors on laisse passer le temps et petit à petit les parents perdent de plus en plus d’autonomie. Les chutes des personnes âgées sont un signal d’alerte à ne pas prendre à la légère. Et un jour il y a ce constat : ils ne peuvent plus rester seuls dans leur maison. C’est un moment difficile. Lorsqu’une personne âgée, un parent ou les deux ne peuvent plus vivre dans sa maison, il devient alors indispensable de trouver un établissement qui peut l’accueillir. 

La société a évolué. Ce qui, auparavant, était la norme : la prise en charge par les enfants de leurs parents est aujourd’hui, quasi impossible. L’alternative est principalement un EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) pour la France et une maison de retraite ou une maison de soins pour le Luxembourg.

Et même si c’est à contrecœur, les enfants n’ont pas vraiment le choix. Vient alors la difficile question de la sélection de l’établissement, teintée par un sentiment de culpabilité qui ne les quitte jamais plus.

Le choix cornélien

Comment bien faire son choix ? Certains critères tels que la catégorie, la localisation, le coût peuvent intervenir dans la sélection.

Quoi qu’il en soit il convient de visiter les établissements, une brochure alléchante ou un site internet étoffé ne remplaceront jamais une impression lorsque l’on pénètre dans un établissement de ce type.

En parler autour de soi pour trouver des personnes qui ont eu une expérience avec l’établissement en question, cela permettra d’avoir des informations que l’on ne trouve jamais dans les dépliants. Il faut aussi rencontrer le personnel et visiter l’établissement avec les personnes concernées. L’établissement choisi semble jouir d’une bonne réputation, le personnel est gentil et attentionné. Il faut avoir une dose incommensurable de compassion et d’altruiste pour travailler dans les maisons de retraite. Il n’empêche que rien ne remplacera la chaleur et l’attention familiales.

La durée de vie dans les maisons de retraite s’allonge, elles ne sont donc plus des lieux où mourir tel que l’imaginaire social les a construits, mais des lieux où vieillir. Il est alors possible que la vie des résidents soit améliorée grâce notamment à la mise en place d’activités intelligentes, culturelles ou vivifiantes. Une maison où on peut assurer un suivi individualisé à chacun des pensionnaires est un investissement humain, mais c’est à ce prix que la personne âgée dépendante peut espérer une réelle prise en charge et évoluer au jour le jour dans un environnement de qualité, et dans le respect absolu de sa dignité. Les avantages à intégrer une maison de retraite sont légion. Il n’est plus nécessaire de se soucier de l’entretien de son domicile. L’établissement propose généralement des activités pour se maintenir en forme tant au niveau du corps que de l’esprit. La vie en collectivité offre la possibilité de maintenir le lien social et permet de briser une solitude souvent subie.

Les résidents évoluent dans un milieu en toute sécurité qui, grâce à un suivi médical régulier, contrôle leur état de santé. Effectivement les avantages sont nombreux, y compris pour les enfants qui peuvent continuer à vivre en toute tranquillité, sans ironie aucune. Quand les parents perdent en autonomie, c’est un souci important pour les enfants qui sont toujours inquiets, qui se demandent tous les jours, si cela se passe bien, qui, au moindre coup de fil inattendu, pensent déjà au pire. Alors même si à chaque visite de ses parents en maison de retraite, les enfants se disent qu’il s’agissait là de la meilleure, et de l’unique solution, le sentiment de culpabilité reste ancré et ne les quitte jamais.