Alors que depuis ce matin, les messages abondent sur Facebook, à la radio, dans la presse écrite, pour célébrer la Journée de la Femme, j’avoue que je suis perplexe. Non pas que je remette en cause la légitimité d’une telle initiative. C’est la façon dont elle est détournée qui me pose problème.

Rappelons pour commencer que le 8 mars n’est pas la Journée de la Femme, mais la Journée des Droits de la Femme. C’est la même chose, me direz-vous? Pas vraiment, non. N’en déplaise à certains, ces quelques mots font toute la différence. C’est en 1977 que la très virile ONU, a invité «tous les Etats à proclamer un jour Journée des Nations Unies pour les Droits de la Femme et la paix internationale». Non pas pour leur faire un immense honneur, un jour dans l’année. Non. Mais pour leur donner l’occasion de créer un véritable moment de réflexion et de réfléchir à la situation des femmes de par le monde. Cette décision fait également écho à tous les progrès qui avaient été faits, depuis le début du XXe siècle, quant à la condition féminine, à chacun des combats que les femmes ont gagné. L’émancipation, le droit d’ouvrir un compte bancaire à leur nom. Le droit de vote, bien évidemment. Mais aussi le droit à l’IVG et à la contraception, la liste est longue…

Au départ, c’était un truc fort, un truc vrai, avec un message, une vraie symbolique.

Et puis, les médias sans doute, les réseaux sociaux et tout ce que l’internet a fait de génial se sont approprié le truc. Et en ont fait cette journée un peu navrante et pathétique pour laquelle on voudrait nous faire croire, que «chouette, c’est ta journée aujourd’hui, viens on va au resto pour fêter ça».

Pour bien enfoncer le clou, Facebook regorge de message mielleux, de photos à base de cœurs, de fleurs et je ne sais quoi. Je passe les blagues lourdingues et autres photos-montages qui ont également défilé sur mon mur. Et les émissions estampillées «Journée de la femme». Non pitié, aujourd’hui, on n’offre pas de fleurs. On n’est pas à la Saint-Valentin, où je ne sais trop quelle fête mièvre et commerciale, comme on sait les faire.

Non, on ne se la joue pas féministe non plus en hurlant que les hommes devraient avoir leur journée, etc. Le sexisme qui gravite autour de cette journée ne découle que de la façon dont les gens l’ont reprise à leur compte.

Le 8 mars devrait juste servir à rappeler qu’à travers le monde, des femmes se font encore lapider et tuer pour n’avoir dévoilé qu’un morceau de peau, parce que des petites filles sont toujours mariées de force à des vieillards qui les violent, parce que certaines se font encore excisées pour ne pas avoir droit au plaisir, parce que d’autres se font siffler et insultées de «putes» parce qu’elles ont une jupe courte ou un décolleté, parce que les femmes sont encore moins payées que les hommes, parce qu’être une femme en 2016, ça n’est finalement pas aussi évident qu’on voudrait nous le faire croire. Et que nous, Européennes, sommes pour la plupart des privilégiées.

A éveiller les consciences pour le futur, également. Cette année, la thématique décidée par l’ONU est la suivante «La Parité en 2030: avancer plus vite vers l’égalité des sexes». Un bien vaste programme pour lequel le chemin est encore long.