La créatrice Elise Hameau a conquis nos cœurs avec ses robes de mariée au charme à la fois intemporel, délicieusement désuet et profondément éclectique, mais surtout avec sa philosophie: être soi-même et lâcher-prise le jour J. Jusqu’à convoler en baskets? Et pourquoi pas? Un leitmotiv en toile de fond de sa toute première collection destinée à la cérémonie civile.

Bianca Jagger l’a d’ailleurs inspirée pour cette petite ligne composée de 10 pièces. D’elle, elle aime «la sobriété de sa robe blanche, ce côté rock et ce mélange des codes masculins et féminins.» Son vestiaire condense tout ces univers: un jupon, un top en dentelle, mais aussi un tailleur-pantalon, et surtout un incroyable bomber rouge en satin estampillé «Dancing Queen».

Un premier pas vers une ligne de prêt-à-porter? En aucun cas. «La demande était forte. De plus en plus de mariages se déroulent sur deux jours et nécessitent donc deux tenues. Et puis la robe blanche, quasi sacrée… Les codes ont changé, les mariages sont plus festifs, champêtres, désinvoltes même! J’avais envie que ces pièces puissent être portées à la mairie, mais aussi pour aller danser, s’amuser, que les copines se les prêtent entre elles. En fait, je voulais que ces vêtements aient une autre vie, après les noces.»

Pourquoi avoir choisi l’univers du mariage? Parce qu’il cristallise tout ce qui la passionne. Ancienne journaliste de mode, Elise Hameau est retournée à ses premières amours en lançant sa propre maison de couture, en 2012. Formée au Studio Berçot, elle ne se reconnait pas dans le prêt-à-porter ‘classique’ lorsqu’elle reçoit son diplôme. Elle délaisse la création durant quelques années. À New York, elle collabore avec les stylistes de Wool and the Gang. Le déclic, elle se lance. «Créer des robes de mariée me permettait de conjuguer le made in France (hommage à sa maman couturière, ndlr.), de petites collections, un rythme plus cool, le travail de belles matières et un contact privilégié avec mes clientes. Je conçois chaque robe sur mesure, puis elle est réalisée dans nos ateliers français. Nous veillons à offrir la qualité haute couture, tout en restant dans une gamme de prix créateur.»

Chaque année, elle dessine une collection de 12 ou 14 modèles, nourris de son incommensurable culture. Férue de livres et d’art, amatrice de voyages, passionnée de mode, tout peut faire jaillir en elle le début d’une histoire qui donnera naissance à un nouveau modèle. Un savant melting pot, qui a façonné la plus belle de ses robes. La sienne, pour son mariage, l’année passée. «Une création unique, tout en dentelle, rebrodée de grosses fleurs. Je portais aussi une couronne de fleurs, un peu comme une matriochka russe. Elle incarne la perfection parce qu’elle me ressemble avant tout. C’est le plus important. Les filles, le jour de votre mariage, vous vous sentir vous-même, peu importe les conventions, ou ce que veut votre grand-mère (rires). Si vous n’aimez que les sneakers, alors remontez l’allée en baskets! Le grand jour n’arrive qu’une seule fois dans une vie! Enfin normalement (rires) !»

Une liberté d’esprit, un vent d’audace qui imprègne chaque vêtement de sa collection civile. «J’ai dessiné un vestiaire que les femmes peuvent s’approprier. Mixer les pièces entre elles. Switcher entre les escarpins et les sneakers. À l’image de nos vies fourmillantes et multiples. J’aime l’idée de casser les codes établis.»

Indomptable, Elise Hameau? Un esprit de rébellion auréolé de douceur. Un savant dosage des deux pour celle qui jongle constamment entre ses casquettes de créatrice et de chef d’entreprise, mais toujours en veillant «à lancer des blagues derrière son ordinateur».

Le bonheur attirant le bonheur, la talentueuse créatrice attend des jumeaux pour cet été. Un nouveau chapitre qui la comble, sa joie est palpable. Pour terminer l’interview, nous lui demandons quel est son mantra. Elle rit. «Oh, j’ai un peu honte, car il me vient d’un film qui prend le contre-pied total de ma culture: ‘Oublie que tu n’as aucune chance, vas-y, fonce!’, la célèbre réplique de Jean-Claude Dusse dans le film Les Bronzés font du ski. Lui parle de ses conquêtes. Moi, je l’applique à tout ce que j’entreprends.» Et ça lui réussit plutôt bien, non ?