Elle mêle entrelacs de la calligraphie arabe, vers amoureux et couleurs chatoyantes pour créer des vêtements féminins, arabes et contemporains: prisée par les célébrités du monde entier, Hana Sadiq reste enracinée dans son Irak natal.
Depuis la Jordanie voisine où elle vit, Mme Sadiq coud des vers de grands poètes comme le Palestinien Mahmoud Darwich ou le Syrien Nizar Qabbani en puisant dans les différents styles de la calligraphie, de l’élégant diwani aux formes géométrique coufiques.
“La calligraphie arabe est la plus belle des calligraphies”, s’enthousiasme auprès de l’AFP cette créatrice de mode qui a été la première il y a 25 ans à faire monter les pleins et les déliés des lettres arabes sur les podiums les plus courus du monde.
Dans sa résidence-atelier du centre d’Amman, Mme Sadiq rappelle que c’est sur les rives fertiles de l’Euphrate, dans l’Irak actuel, que, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, une écriture a été utilisée.
Sans ces débuts mésopotamiens “les autres civilisations n’auraient pas existé”, tranche la créatrice de 72 ans, cheveux lâchés, multiples colliers colorés et imposants pendants d’oreilles encadrant son visage.
“Nous imitons l’Occident”
Diplômée en littérature française avant d’aller se former à la mode à Paris, Mme Sadiq partage désormais son temps entre Amman et Paris.
Ses collections, elles, font régulièrement le tour de l’Europe et des Etats-Unis mais c’est durant ses tournées au Moyen-Orient que Mme Sadiq a rempli ses valises de bijoux traditionnels en argent, de milliers d’étoffes et de vêtements.
Ces trésors lui servent d’inspiration mais aussi à garder des traces d’un patrimoine qu’elle a compilé dans un ouvrage intitulé “Vêtements et bijoux arabes: un héritage universel”.
Ses caftans déploient une palette de couleurs riches et vives à l’image des “robes hachémites” traditionnelles irakiennes dont se parait sa grand-mère avant de parader “fière comme un paon”, raconte-t-elle.
Ce vêtement populaire –une fine étoffe noire ornée de fleurs dorées ou argentées aux larges manches transparentes– était l’incontournable du vestiaire irakien du milieu du siècle dernier.
Si aujourd’hui les créations de Mme Sadiq sont portées par les têtes couronnées arabes ou européennes, tout a commencé dans le magasin de textiles de son grand-père à Bagdad, où se côtoyaient vendeurs d’étoffes et de broderies venus de Turquie, d’Iran et même d’Inde.
“La mode arabe couvre le corps des femmes mais reste très féminine”, affirme Mme Sadiq, qui plaide pour la différence jusque dans l’habillement.
Pour la créatrice, les vêtements occidentaux ont inondé le marché alors même qu’ils ne sont pas adaptés.
“C’est le résultat malheureux de la mondialisation, (…) nous imitons l’Occident dans tous les domaines, l’architecture, le mobilier, l’habillement et la nourriture”, déplore-t-elle.
“La ligne directrice de mon travail c’est de permettre aux femmes de rester féminines et attirantes, je veux que quand une femme passe devant un homme, il la remarque et qu’il voit sa beauté”.