Encore étudiante et à seulement 19 ans, Eva Bromberg a créé une marque singulière répondant au doux nom de Keur. Elle a imaginé un univers dans lequel la broderie est reine, passion transmise par sa grand-mère dès son plus jeune âge. Des petites broderies personnalisables ou non, toujours placées sur le cœur, ornent ainsi toutes les pièces de la marque. Keur propose également des cours et des kits de broderie pour customiser vos vêtements en totale autonomie.

Comment est né Keur Paris ?

À l’âge de 19 ans, j’ai brodé un cœur sur un t-shirt pour mon amoureux. Il a beaucoup plu à mon entourage. De fil en aiguille, Keur est né. J’ai commencé à broder d’autres cœurs sur d’autres t-shirts. Au début, c’était pour des amis et ensuite pour des personnes que je ne connaissais pas. J’aime dire que Keur est né d’une histoire d’amour. La symbolique du cœur est d’ailleurs toujours présente. Il représente l’aspect humain, central à la marque. Lorsque vous échangez avec le service client, ce n’est pas un robot, mais bel et bien un humain qui vous répond. Cela m’importe énormément. Nous travaillons vraiment pour donner du plaisir à nos clients et leur réchauffer le « Keur ».

Comment crée-t-on sa marque, à seulement 19 ans ?

J’étais effectivement très jeune quand j’ai créé Keur. J’ai commencé en m’amusant, sans trop savoir ce que la création d’une marque impliquait. Encore étudiante en école de stylisme, je n’avais encore jamais travaillé dans une entreprise. J’ai tout appris sur le tas. Keur est mon école de la vie. J’ai été très épaulée par mon entourage et ce fut ma grande force. J’ai aussi eu l’opportunité de faire partie du programme d’accélération de marque de la Fédération française du prêt-à-porter. Les réseaux sociaux ont également joué un grand rôle, ils sont une vitrine incroyable. Grâce à eux, nous avons très vite été repérés par des marques, par des journalistes et surtout par des futurs clients. En brodant dans ma chambre, j’ai pu toucher des tas de gens.

D’où vient cette passion pour la broderie ?

Quand j’étais petite, j’étais un peu hyper-active. Ma grand-mère m’a donc appris à broder pour m’occuper et j’ai immédiate- ment adoré cela. Elle brodait énormément. Aujourd’hui, elle vient encore dans les ateliers pour donner des conseils aux brodeuses. C’est génial ! Ce qui est super avec la broderie, c’est qu’on peut broder un peu partout et cela prend beaucoup moins de place que le tricot notamment.

À quelle fréquence sortez-vous de nouvelles pièces ?

Nous sortons des nouveaux produits tous les mois autour de différentes thématiques. À côté de cela, nous faisons de nombreuses collaborations, avec des artistes comme Louise Bourgoin, mais aussi avec des marques qui souhaitent mettre en avant ce savoir-faire un peu oublié. Par exemple, nous brodons quotidiennement pour la Maison Bonpoint, une marque spécialisée dans la petite enfance. Cela nous permet de travailler sur d’autres supports. Et nous brodons également à la commande. Pour ces produits, il n’y a évidemment pas de stock.

Quelles sont vos inspirations ? Vous avez visiblement un penchant assez prononcé pour la nourriture…

Oui, c’est vrai (rires). Je ne suis pas sûre de pouvoir l’expliquer, mais effectivement la majorité de nos pièces tournent autour de la nourriture. Nous avons trouvé l’univers très sympa dès le début, et il faut dire que la nourriture réunit tout le monde. Les clients en sont aussi visiblement très fans puisque lorsque nous créons des pièces autour d’autres thématiques, ils nous en redemandent ! D’ailleurs, pour ces pièces, nous avons imaginé des packagings adaptés. Par exemple, nos t-shirts hamburker sont vendus dans des boîtes à hamburger. L’idée est d’aller au bout du concept, se différencier du début à la fin. Ce cadeau fera forcément sourire et plaisir, c’est totalement ce que nous recherchons.

Pour les pièces personnalisables, tous nos souhaits sont réalisables ?

Nous avons trois types de personnalisation sur notre site. Vous pouvez choisir de broder un message, et dans ce cas-là tout est permis sauf bien évidemment des propos haineux. Nous pouvons également broder un dessin que vous aimez et que vous avez vous-même créé. Beaucoup de mamans nous demandent de broder les dessins de leurs enfants. Et désormais, nous brodons aussi des photos. Nos brodeuses les interprètent pour en faire une broderie et donc une pièce unique. Toutes les personnalisations sont placées sur le cœur et restent assez discrètes.

Comment expliquez-vous cet intérêt grandissant pour une mode personnalisable et le DIY ?

Je pense que les gens ont envie de sortir du lot, de ne pas s’habiller comme tout le monde. La possibilité de porter une pièce unique, que personne d’autre n’aura, plaît énormément. Nous le remarquons beaucoup avec les mamans qui nous envoient les dessins de leurs enfants. Nous ne nous n’attendions pas à un tel engouement, et pourtant cela fonctionne plutôt bien. Les mamans sont trop fières de pouvoir porter les créations de leurs bambins, cela sort vraiment de l’ordinaire. Les gens aiment s’offrir des cadeaux différents. Il y a aussi un vrai regain pour le DIY. Les clients sont de plus en plus réceptifs. Ils aiment pouvoir faire les choses eux-mêmes et se dire « je l’ai fait ».

Où vos pièces sont-elles confectionnées ?

Nos vêtements sont fabriqués au Portugal et sont brodés dans notre atelier à Paris. Ce dernier est d’ailleurs totalement ouvert. J’ai toute une équipe de brodeuses, formées par mes soins, qui fait un travail formidable. Nous avons également un tout nouvel atelier showroom où les clients peuvent venir récupérer leurs commandes.

Vous y organisez également des cours de broderie ?

Oui, exactement ! Nous donnons des cours de broderie toutes les semaines pour poursuivre la transmission. Courant mars, nous allons également lancer des cours en ligne. Car toutes les semaines, ils sont complets. Mais aussi, parce que nous nous sommes rendu compte que tous nos clients ne pouvaient pas se rendre dans nos locaux parisiens. L’idée est donc d’étendre cette activité pour toucher davantage de personnes. Les cours seront diffusés en français et en anglais. Nous espérons les développer, par la suite, dans d’autres langues. Au-delà de créer des vêtements, nous souhaitons transmettre aux gens ce que l’on nous a transmis.

Vous proposez également des kits de broderie, pourquoi ?

C’est un projet qui nous tient beaucoup à cœur et qui est né pendant le confinement. Les gens étaient bloqués chez eux et ne savaient pas vraiment quoi faire. Les plus curieux ont commencé pas à pas la broderie. Ils nous ont demandé de concevoir des kits. Aujourd’hui, c’est vraiment un de nos best-sellers. Nous les renouvelons tous les mois. Le client peut faire lui-même la pièce de ses rêves, en totale autonomie.