Par Cadfael

Une baisse généralisée du QI est observable dans nos sociétés occidentales. Le processus de longue durée est problématique quant à ses possibles répercussions socio-économiques.

Une baisse généralisée du QI

Les chiffres, qui font toujours débat à bien des égards et que l’on retrouve sur worldpopulationreview.com, un agrégateur de données, sont clairs et ont le mérite de comparer ce qui est comparable : le niveau d’intelligence, mesuré par le QI (Quotient intellectuel), est en baisse significative au niveau des populations occidentales.

Depuis de nombreuses années, le hit-parade des pays aux plus hauts QI demeure plus ou moins inchangé : les chiffres 2022 soulignent que les premières places demeurent fermement entre les mains des nations asiatiques : Japon, Taiwan, Singapour, Hong-kong, Chine et Corée du Sud. Suivent, toujours par ordre décroissant, le Belarus, la Finlande, le Liechtenstein et l’Allemagne. Le Luxembourg se place en 13e position. La Belgique se retrouve en 28e position et la France en 32e position. On constate avec un certain étonnement que le Portugal et Israël occupent respectivement les 48e et 49 -ème positions.

La méthode, un choix

Parmi les diverses méthodes d’analyse du QI, la méthode standard est un test psychométrique qui donne une indication quantitative standardisée de l’intelligence.

Deux scientifiques Richard Lynn et Tatu Vanhanen posaient en 2002 l’hypothèse que les différences en matière d’intelligence font une contribution significative dans les différences de la production de richesse des nations. Ils découvrent une corrélation étroite entre le Produit National Brut et le QI. En 2004, leur approche était fortement contestée, tant sur le plan scientifique que politique, la Finlande, pays d’origine de Vanhanen envisageant même un instant de lancer une procédure contre l’un des deux auteurs pour discours haineux envers des groupes ethniques, procédure abandonnée.

Les observations de longue durée faites entre autres par les deux chercheurs font ressortir que le 21e siècle se caractérise par une tendance à la baisse généralisée du QI, surtout en Europe du Nord contrairement a ce qui se produisait au 20e siècle où on observait une augmentation généralisée du QI de trois points par décade. L’explication largement acceptée était une amélioration des conditions sanitaires et d’éducation. Les tests sur une longue durée sont issus des armées norvégiennes et danoises dans le cadre des services militaires. En Norvège une étude portant sur 730.000 personnes a démontré que cette augmentation a atteint son sommet durant les années 70 pour ensuite commencer à décliner. Le même processus s’observait en Grand Bretagne et en France sur des échantillons plus petits.

Des tentatives d’explication

Les écologistes aiment à penser que les perturbateurs endocriniens, ces molécules largement utilisées dans l’industrie, agiraient sur l’équilibre hormonal et entraveraient le développement et le fonctionnement cérébral. Ainsi, ils ralentiraient les capacités cognitives. Sans nier la dangerosité de ces produits, il apparait que cette explication est largement erronée.

Le monde de la génétique opterait plutôt pour la thèse disant que les individus à QI élevé feraient moins d’enfants que les autres, ce qui amènerait une sous-représentation de ces enfants dans la société.  D’autres avancent que la consommation fréquente et régulière de cannabis entrainerait une baisse de QI jusqu’à 8 points.

Une autre théorie voudrait que des jobs moins exigeants dans l’industrie des services, du fait d’une utilisation accrue des technologies et de procédures informatisées, en étant moins demandeuse de capacités intellectuelles, serait une des causes de cette chute.

L’addiction aux jeux vidéo et aux smartphones

Cette dernière piste s’annonce comme porteuses de réponses partielles concernant les mécanismes à la source de la baisse du QI. L’impact de ces technologies sur le comportement individuel est loin d’être neutre.  Comme l’alcool, le tabac ou les drogues, l’addiction aux jeux vidéo est classée par l’OMS depuis le 1er janvier 2022 dans la catégorie affections mentales, comportementales et neurodéveloppementales. L’addiction au smartphone et à ses applications est considérée par les chercheurs anglo-saxons comme très proche de celle aux jeux vidéo. Les deux se manifestent par des difficultés a contrôler sa passion qui devient une priorité sur les autres activités avec dans des cas extrêmes avec  « des effets néfastes sur la vie de famille, professionnelle, sociale, scolaire comme études p. ex. »

Pour le site « neozone.org », site d’Informations sur les innovations technologiques, les profils sont clairs : « La première répercussion sur la santé du joueur se trouve dans le sommeil, ou plutôt le manque ou même parfois l’absence de sommeil. » Il y a une sorte d’isolement dans un monde virtuel, avec en corrélation un affaiblissement des interactions sociales. L’apparition de troubles de l’attention et des résultats scolaires en baisse sont souvent des signes précurseurs.

Le sujet va encore faire couler beaucoup d’encre. A en croire Jean Anouilh dans l’Alouette cette baisse du QI devrait en satisfaire plus d’un : « Qu’est-ce que gouverner le monde sinon faire croire à des imbéciles qu’ils pensent d’eux-mêmes, ce que nous leur faisons penser ? »