Le commerce digital est la bête noire des commerçants traditionnels, et pourtant il n’a fait que combler un besoin du marché. Amazon, numéro un du secteur, se voit fortement concurrencé par son plus grand rival le chinois Alibaba, connu pour la distribution de produits de qualité médiocre. La compétition s’annonce féroce au niveau européen au détriment d’une économie de classe moyenne.

L’américain

Amazon, le n° 1 en commerce digital selon le classement établi par digitalcommerce 360.com a, selon les chiffres disponibles au 29 juillet 2021, enregistré des revenus annuels qui se chiffrent à 221.6 milliards de dollars. La vente de produits à elle seule, enregistre une hausse de 25.4% sur un an pour atteindre 115.5 milliards. À cela s’ajoutent 106 milliards qui proviennent de ventes de services, avec une croissance de 46.8 %. Elles comprennent les ventes sur « Amazon web services » la société de cloud, les ventes sur commission pour des tiers qui utilisent les plateformes de vente en ligne et les services d’Amazon « Prime » où le groupe affirme avoir 200 millions d’adhérents. Fin mars 2021, Amazon avait un endettement de 33.7 milliards.

Jeff Bezos vient de s’offrir MGM studios, un complément à sa plateforme « Prime ». Après avoir voulu attraper les étoiles, le fondateur d’Amazon, vient d’investir dans la vie éternelle. Il a pris une participation dans « Altos Lab », start up hautement dotée, qui, selon la MIT tech revue, cherche un processus pour renverser le vieillissement des cellules. On notera que lorsque les 11 Boeings commandés par le groupe, des 767-300, seront en service, fin 2022, la société aura une flotte de 85 unités. Comparé aux 679 de Fedex ou 572 d’UPS cela peut sembler léger, mais elle est essentielle dans un domaine où la rapidité de livraison prime.

Le chinois

Alibaba a annoncé  des revenus de 109 milliards de dollars et de 72 milliards pour les ventes en ligne pour l’année fiscale 2020. L’Europe participe pour 5% à ces montants. La nébuleuse chinoise comprend « Aliexpress.com », plateforme de commerce digital et de streaming, « Koala.com » une société spécialisée dans la distribution du luxe non chinois en Chine, « Alibaba cloud » une société de développement de « cloud computing » et de gestion de données. Il y a également la mégastructure de gestion de payements et de crédits, « ANT group », précédemment « Alipay », actuellement mise sous contrôle de l’état chinois. Dans ce jeu le site « Taobao.com » rebaptisé « Tmall.com » est particulièrement important puisqu’il propose des services directs entre consommateurs et un rôle d’intermédiaire entre des PME et des individuels dont des start-ups désireuses de faire du commerce en ligne.  À cela s’ajoute une nébuleuse de sociétés actives en Turquie, Pakistan, Bangladesh et en Asie. À l’instar d’Amazon, le groupe possède également une société de production de films. On notera avec intérêt l’existence de « DingTalk, International Medical Expert Communication » plateforme du groupe ouverte aux communications médicales entre spécialistes désireux de communiquer avec des médecins chinois sur la COVID 19. D’après digitalcommerce360 du 13 septembre, Alibaba aurait actuellement 26 millions de consommateurs actifs et 200.000 vendeurs.

Son fondateur Jack Ma, connu pour ses apparitions flamboyantes et les fêtes organisées pour ses milliers d’employés, a disparu d’octobre 2020 à la mi-janvier 2021 après s’être exprimé de manière critique sur la Chine. Sous enquête de la part du parti et de l’état pour pratiques monopolistiques, Ma a démissionné de son poste pour officiellement pouvoir mieux se consacrer à des taches philanthropiques !

Avec l’aide du roi des belges

La Belgique a fait un lobbying sans précédent pour pouvoir accueillir Alibaba. L’actuel président de l’Europe, Charles Michel, à l’époque où il était premier ministre et son roi, ont fait moult génuflexions et se sont pliés en quatre pour les installer à Liège. Mission accomplie, Alibaba a une plateforme de 33.000 mètres carrés, faisant parti d’un investissement de 300 millions promis par « Cainiao Smart Logistics Network », la filiale logistique du groupe. Le projet s’intègre dans la stratégie d’expansion de la Chine dite de « la route de la soie » dont un des moteurs est la société « ZIH China- Europe Railway express ». Une liaison ferroviaire bi-hebdomadaire a été établie entre Liège et Zhengzhou en Chine Centrale. La plateforme digitale Ali Express est un rouage important de ce montage car elle doit permettre aux entreprises chinoises de pénétrer les marchés européens et aux entreprises européennes de trouver des partenaires chinois.

Les espions chinois

Les services de renseignement belges surveillent de près toutes les activités chinoises sur leur territoire. Ainsi en 2019 le directeur de l’Institut Confucius, établi sur le campus de l’ULB, langue néerlandaise, et deux de ses collègues ont été interdits de séjour sur le territoire belge. Les IC étaient suspectés de collecter des informations scientifiques et d’avoir des activités de renseignement. Toujours est-il qu’avant les congés d’été, le monde politique belge était en ébullition.

 « 7sur7 » le site d’informations généralistes belge, relayé par « Le Monde », a repris les paroles du ministre belge de la justice. Se basant sur le fait que « selon une loi chinoise de 2017 sur le renseignement national, des entreprises comme Alibaba sont tenues de coopérer avec les agences de renseignement chinoises et d’ouvrir des postes à leurs agents, et ce quel que soit le pays dans lequel ces entreprises déploient leurs activités » il souligne que  « Alibaba devra également obéir à l’appareil de sécurité chinois dans le cas où ce dernier souhaite avoir accès aux données commerciales et personnelles potentiellement sensibles détenues par Alibaba dans le cadre de ses activités à Liège” ».

L’Europe commence lentement à réagir, le 9 octobre dernier la Commission Européenne a annoncé : « Le mécanisme européen de filtrage des investissements directs étrangers devient pleinement opérationnel ». Il prévoit entres autres.  « la mise en place de points de contact formels et de canaux sécurisés dans chaque État membre et au sein de la Commission en vue de l’échange d’informations et d’analyses. »