Le cinéaste et écrivain Alexandre Astruc, l’un des pères spirituels de la Nouvelle vague, est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris à l’âge de 92 ans.

Figure du Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre et théoricien de la “caméra-stylo”, considérant le cinéma comme l’équivalent de la littérature, il hésitait à se définir comme “un metteur en scène qui aurait écrit des livres ou un écrivain qui aurait réalisé des films”.

Né le 13 juillet 1923 à Paris, le jeune Astruc, passionné de mathématiques, renonce à Polytechnique et, saisi par le démon de la littérature, multiplie les articles dans les revues de la zone libre pendant les années noires de l’occupation. Après la Libération, il rencontre Sartre, Camus, Juliette Gréco, fréquente les cinémas de la Rive gauche et s’enthousiasme pour Bresson, Rossellini, Hitchcock et Orson Welles, futurs cinéastes cultes de la Nouvelle Vague.

Astruc alterne films, romans et essais: Confluences, Poésie 44 ou Les Vacances, publié par Gallimard en 1945, sont le prélude à Le Rideau cramoisi, une adaptation cinématographique de Barbey d’ Aurevilly, couronné par le Prix Louis-Delluc en 1951.

En 1954, il réalise Les Mauvaises rencontres, salué par François Truffaut, puis signe deux adaptations soignées, Une Vie de Maupassant (1961) et L’Education sentimentale de Flaubert (1961), et La Proie pour l’ombre, un “drame mondain” à la limite de l’exercice de style, interprété par Annie Girardot et Daniel Gélin.

Il fut le précurseur de la “politique des auteurs” menée par Truffaut, Godard ou Chabrol.

Dans les années 70, Alexandre Astruc tourne pour la télévision, notamment un documentaire sur Sartre, Sartre par lui-même (1976), et des téléfilms tirés d’Edgar Allan Poe ou Balzac.

Revenu à l’écriture, il avait récemment publié Le Roman de Descartes (1989), une anthologie des ses textes critiques et ses mémoires, Le Montreur d’ombres (1996).