Après un album-hommage à Charles Trenet, paru il y a sept mois, le dernier des poètes maudits Benjamin Biolay revient sur le devant de la scène avec un nouvel album intitulé Palermo Hollywood (en référence à un quartier de Buenos Aires, ndlr.), à paraître le 22 avril prochain.
Entre pop-rock à la française et sonorités latines, ce nouvel album s’annonce virtuose.
Nouveau visage
Une semaine après l’annonce de son retour, le voilà qui dégaine un premier titre et son clip, single éponyme à la fois sombre et classieux, suave et sous tension, qu’il a tourné directement en Argentine, dans les lieux qui l’ont inspiré pour réaliser cet album. De sa voix grave et toujours aussi sensuelle, l’artiste nous conte ses dernières errances romantiques, inlassable dandy au cœur toujours épris de la féminité, mais d’aucune femme. Le spleen du 21ème siècle le guide à travers les rues de Palermo Hollywood, de jour comme de nuit, l’accompagne en studio et le transperce à chaque mot, sur le papier comme dans la voix. L’orchestration lyrique se mélange parfaitement avec les sonorités de la néo-cumbia. Une guitare inquiétante se pose sur la mélodie, traversée par le timbre intense d’une soprano, pour un titre sans fausse note, qui investit et remet à jour les bases stylistiques de l’œuvre Bioleyesque.
A corps perdu
Si les médias ne semblent pas pouvoir s’arrêter de comparer Biolay à Gainsbourg, force est de constater que plus celui-ci avance dans la musique, plus il se détache de ses références, installant son propre univers et ses propres codes, que ce dixième album risque de confirmer avec brio. Parolier de la chanson française, Biolay est surtout un artiste qui multiplie les performances et va plus loin que sa première vocation artistique. Auteur, compositeur, interprète, musicien et acteur, Biolay confirme sa place dans le paysage culturel français. Si, comme on l’entend souvent, un artiste produit la même œuvre d’art toute sa vie, ne réalisant que des variations autour de cette-dernière, B.B semble réécrire la sienne, après Vengeance en 2012, en s’inspirant de l’Amérique Latine, se perdant comme à son habitude en plein égo-trip, prisme essentiel de sa plume, pour venir charmer nos esprits. On aime et on attend la suite.
Etienne Poiarez