Manque d’investisseurs et manque de légitimité, à l’heure où les femmes prennent leur place et s’imposent à chaque strate de la société, qu’en est-il de l’entreprenariat ? C’est ce qu’a voulu découvrir l’association Empow’Her en présentant les résultats de son étude, menée de janvier à septembre 2019. Une enquête édifiante qui montre bien que rien n’est acquis.

Loin de n’être que des revendications surfant sur la vague féministe qui déferle sur les réseaux sociaux, les préoccupations liées à la place des femmes dans l’entreprenariat apparaissent comme des enjeux bien réels. A l’heure où elles ne sont encore, en Europe, que 30% à la tête d’entreprise, inclure les femmes sur ce secteur reste un défi pour l’économie européenne. Sous le prisme du genre et dans l’optique de promouvoir les femmes cheffes d’entreprise, l’association française Empow’Her a publié une étude détaillée, pour mieux définir les leviers d’action à débloquer et les mesures concrètes à mettre en place pour créer, enfin, un secteur professionnel plus inclusif.

Qui est la femme entrepreneure ?

Âgées en moyenne de 39 ans et bénéficiant d’un haut niveau d’études (75% des répondantes ont un niveau Master ou équivalent), les quelques 200 femmes ayant participé à l’étude ont ainsi pu dessiner les contours de l’entreprise sociale actuelle pour mieux répondre aux besoins de celle de demain. Si les initiatives sont jeunes, leur développement reste limité. 50% des entreprises interrogées sont en activité depuis moins de deux ans. Avec un fort potentiel de création d’emploi, le niveau reste malgré tout faible et fortement dépendant aux financements extérieurs. Même lorsqu’elles sont à temps plein, les interrogées porteuses de projet ne parviennent pas à se dégager un revenu. En revanche leur motivation apparaît comme un atout considérable, de même que leur volonté de créer de l’impact.

Des freins encore genrés

Concernant les difficultés, on note un fort besoin d’accompagnement dans la recherche de financement, dont le manque d’accès apparaît comme un frein à leur développement. Plus de la moitié des femmes interrogées déclarent qu’il est plus difficile de trouver un financement lorsque l’on est une femme et 64% des projets sont financés par des investissements personnels. D’autres manques ressortent également de l’étude. Le manque de temps, de visibilité et role models inspirants ont un impact négatif sur le secteur de l’entreprenariat social. Le peu de légitimité et de confiance en soi influe également sur leur motivation à monter un projet, elles déclarent à ce sujet qu’il est plus compliqué pour les femmes d’affirmer son leadership, et encore davantage dans le secteur de la tech où elles ne représentent d’ailleurs que 12,8% au Luxembourg.

De fait, l’étude montre qu’un meilleur accompagnement des femmes entrepreneures sociales permettrait une plus grande inclusivité du secteur et offre des recommandations bienvenues qu’il s’agirait de mettre en place : mettre en lumière des roles models féminin, utiliser une communcation non-genrée, organiser des temps spécifiques vers les femmes entrepreneures, renforcer l’accès aux financement en adoptant une approche de genre et évidemment agir sur les politiques publiques.

 

Helena Coupette