Investir dans des fonds durables ou « écoresponsables » permet de donner du sens à son épargne. L’ambition est de faire fructifier son épargne tout en veillant à ce que cela se fasse dans le respect des valeurs que l’on porte, en accord avec les convictions que l’on défend.

Par Fabrice Barbian

Qu’est-ce qu’un fonds d’investissement ?

Un fonds est une structure qui accueille et qui est constituée de sommes mises en commun par des investisseurs. Les fonds d’investissement sont gérés pour le compte des « épargnants » par un gestionnaire de fonds. L’argent ainsi récolté est investi dans divers types de placements :  bourse (actions, obligations, matières premières…), immobilier, private equity (qui consiste à investir dans des entreprises non cotées, des start-up…). L’ambition : dégager de la performance financière redistribuée aux investisseurs.

Qu’est-ce qu’un fonds durable ou éco-responsable ?

C’est un fonds qui ne se concentre pas uniquement sur la performance financière dans sa stratégie d’investissement. Il prend également en considération différents critères en lien avec des enjeux environnementaux, sociaux (conditions de travail, égalité homme-femme…) ou de bonne gouvernance (indépendance du conseil d’administration, vérification des comptes…). On parle souvent de critères ESG. L’investissement socialement responsable (ISR) et « l’épargne solidaire » sont les deux grands « types » d’investissements durables. Plus concrètement, cela peut se traduire par des fonds qui privilégient des investissements dans des entreprises actives dans le développement durable, dans les énergies propres ou l’eau, par exemple.

D’autres fonds ont une approche différente qui consiste à exclure des investissements dans des domaines précis comme les OGM, le tabac ou l’armement. L’approche « Best in class » consiste à choisir un secteur donné et à sélectionner les meilleures entreprises selon des critères de responsabilité alors que « l’Impact investing » vise à investir dans des sociétés qui ont pour objectif de générer un impact social ou environnemental mesurable. Ce ne sont là que quelques exemples en sachant qu’un même fonds peut cumuler différentes stratégies.

Comment les identifier ?

Différents labels européens de finance durable permettent de les distinguer. Avec pour ambitions d’offrir une plus grande transparence aux investisseurs, d’apporter des « gages » de confiance en luttant, notamment, contre le greenwashing, l’écoblanchiment ou le verdissage.Cela consiste à promouvoir une image de marque plus responsable, éthique et écologique qu’elle ne l’est en réalité. Le label (français) ISR est l’un d’eux. Mais cela ne signifie pas que tous les fonds désignés comme étant ISR sont labélisés. Il a pour but de « permettre aux épargnants, ainsi qu’aux investisseurs professionnels de distinguer les fonds d’investissement mettant en œuvre une méthodologie d’investissement socialement responsable, aboutissant à des résultats mesurables et concrets ».

Le label Greenfin (ex-TEEC), également français, met quant à lui l’accent sur le volet environnemental des fonds. Il exclut, par exemple, les investissements en lien avec le nucléaire. Les différents labels (Microfinance, Green Bond, ESG…) accordés par l’association Luxflag sont également bien reconnus. Citons encore le label belge « Towards Sustainability », déployé par Febelfin, qui représente le secteur financier du pays. Cela dit, ce n’est pas parce qu’un fonds est labellisé qu’il est vertueux – ou exemplaire – à tout point de vue, sur l’intégralité des critères ESG. Un label n’apporte également aucune garantie en ce qui concerne la performance financière, bien entendu.

Au Luxembourg, 21% des résidents ont déjà investi dans des fonds ISR, la finance solidaire ou le microcrédit, selon les résultats d’un sondage*.

Pas inutile, donc, de s’intéresser aux produits et aux détails pour se faire préciser les choses par son conseiller ou son « banquier », en sachant que les intermédiaires « offrant un conseil en investissement ou un service de gestion de portefeuille » ont aujourd’hui l’obligation de recueillir les préférences de durabilité de leurs clients avant de leur proposer un placement financier. Un gros travail de pédagogie est à faire pour mieux appréhender ce qu’est la finance durable. Un sondage* daté de 2022, réalisé par l’ILRES pour le compte de CSSF, de la Fondation ABBL et de LSFI a mis en lumière, le besoin d’information et de formation en la matière.  

« De manière générale, la finance durable est un sujet que le grand public a du mal à cerner : 47% des répondants avouent ne pas savoir ou mal savoir de quoi il s’agit. Par ailleurs, 43 % du public sondé associe finance durable et ‘impact sur l’environnement’. Les autres dimensions (sociales et de gouvernance) sont méconnues », souligne le trio dans un communiqué non sans indiquer qu’il déploie des outils et solutions à destination du grand public pour l’éclairer, via le net, notamment.

Comment investir ?

Il faut savoir que c’est peut-être déjà fait pour les épargnants qui détiennent une assurance-vie multisupport, un plan d’épargne retraite (PER) ou un plan d’épargne entreprise (PEE). Ces placements proposent d’investir dans des « unités de compte » (autrement dit des supports d’investissement) ou des FCPE (Fonds Communs de Placement d’Entreprise), qui sont généralement des fonds d’investissement. Ils ne sont pas « durables » mais certains peuvent l’être. Le plus simple pour investir dans des fonds durables (ou pas) est de se rapprocher de sa banque ou de son conseiller en patrimoine afin de bien sélectionner des fonds qui sont en phase avec les valeurs et préoccupations que l’on porte. Mais aussi vérifier leur « potentiel » en termes de performances financières -c’est tout de même le but-, compte tenu de son « profil », donc de toute une palette de critères : ses objectifs, son horizon, sa tolérance au risque… Il faut savoir que les fonds annoncés comme très performants sont aussi ceux qui sont les plus exposés au risque, par exemple.

*sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1011 personnes résidentes au Luxembourg de mi-avril à mi-mai 2022. Commission de Surveillance du Secteur financier (CSSF), Fondation ABBL pour l’Éducation financière et Luxembourg Sustainable finance Initiative (LSFI)