Ludwig van Beethoven, si prolifique pourtant, n’a composé qu’un seul opéra: Fidelio, et pas sans mal, de 1805, sa création-échec, à 1814. Il a d’ailleurs écrit quatre ouvertures pour cette œuvre.

Le livret se base sur un événement réel survenu pendant la révolution française: une jeune femme, déguisée en homme, se faisant engager comme geôlier d’une prison, pour libérer son mari incarcéré. Dans l’opéra, Léonore se travestit en Fidelio pour favoriser l’évasion de Florestan. Le livret complique la situation avec l’amour pour «Fidelio» de Marcelline, la fille d’un gardien.

Pareille intrigue en pareil contexte convient à merveille pour exalter les idéaux de liberté, de fidélité, de fraternité, de justice du compositeur et atteint une valeur universelle qui dépasse le cadre de son intrigue.

Musicalement, cette œuvre rare est absolument remarquable dans la mesure où ses moyens musicaux – orchestre et voix – se caractérisent par leur nécessité pertinente. Rien de gratuit dans cette partition-là. Son finale, exalté, n’est pas sans rappeler celui de la Neuvième Symphonie.

Achim Freyer, le très renommé et parfois controversé metteur en scène allemand, a imaginé pour cet opéra une mise en scène typique de sa manière de faire, avec notamment des masques. Pour lui, Léonore est «une figure blanche dans l’obscurité de l’existence».

L’Orchestre Philharmonique du Luxembourg et le Arnold Schoenberg Chor seront dirigés par Mark Minkowski: on sait la prédilection qu’il éprouve pour cette œuvre, dont il privilégie la force et la puissance rugueuse sans aucune mièvrerie réductrice.