Texte par Cadfael
Le sans faute de Xavier Bettel et de certains de ses ministres dans la mobilisation contre le Covid-19 est remarquable sur tous les plans.
En particulier celui de la bataille sanitaire et hospitalière, de la communication, de la motivation des résidents et non résidents, du soutien aux entreprises afin d’éviter trop de dégâts sur un plan économique et social. Il aura réussi à établir un consensus national constituant une base saine pour un travail politique de reconstruction à long terme. Que du bon, même si toutes les belles choses ont une fin !
Le temps des idéologues est-il venu ?
Le Covid-19 est à peine « presque » maîtrisé, un début de déconfinement amorcé et déjà les idéologues ressortent à l’air libre et sans masques. Claude Turmes a senti son heure venir. Cet ancien prof de gymnastique, très à l’aise dans le vivier Bruxellois, entre politiciens professionnels et lobbyistes de tous poils, s’est vu propulsé au poste de ministre de l’aménagement du territoire et de l’énergie du fait de la succession d’un Camille Gira trop rapidement décédé.
Durant l’épidémie Covid-19 il avait disparu des écrans. Aujourd’hui, il est de retour et tente un effet médiatique en capitalisant sur le travail de Xavier Bettel. Il s’attaque non pas à un sujet des plus difficiles et des plus urgents, à savoir celui de l’aménagement du territoire en tant que détenteur du portefeuille du même nom. Ce terrain est trop risqué avec des promesses de plaies et de bosses. Avec sa collègue la ministre de l’environnement, du climat et du développement durable, son retour sur le devant de la scène se fait de manière abrupte. Cette dernière a pris une déculottée politique mémorable à la Chambre des députés en décembre dernier, lors de la présentation de son plan climat. Elle a même réussi le tour de force de se mettre les membres de sa propre majorité à dos, qui ont voté une motion de quasi rejet en réclamant plus de concret.
Les bons et les méchants
Claude Turmes, qui lors de la publication de son ouvrage en 2017 sur la transition écologique confiait au Tageblatt qu’il y avait « les bons et les méchants », a décidé de lancer une croisade contre les méchants qui, dans son monde idéologique, ne peuvent être que les « patrons pollueurs » comme on peut le dire chez nos voisins français. Il s’attaque à ce symbole d’une classe sociale honnie parmi les idéologues de gauche : la voiture de fonction.
Au lieu de rechercher une forme de consensus intelligent, il décrète qu’à l’avenir que le véhicule de fonction sera électrique. Afin de donner un semblant de légitimité politique à cet oukase, il met en place un groupe de travail avec d’autres idéologues, à savoir le ministre de l’économie, la ministre de l’environnement et bien-sur notre ex-Bruxellois lui-même, le tout sous la présence bienveillante du ministre des finances pour qui l’argent n’a pas d’odeur en ces temps de Covid-19 et qui se fera un plaisir de fiscaliser cette idée saugrenue en subventionnant les voiturettes électriques et les infrastructures qui vont avec, mais en contrepartie, en taxant lourdement tous les autres véhicules, une opération tous bénéfices mais pas pour les concernés.
Un type de véhicule qui est loin de faire l’unanimité
Inutile de revenir sur le bilan financier, énergétique et climatique de la voiture électrique : des experts européens ont calculé son bilan douteux de manière précise vous trouverez en fin d’article quelques sites web intéressants. Se faire une idée précise demeure très difficile lorsque l’on sait qu’un changement de batteries sur un véhicule électrique est extrêmement coûteux et que son coût d’acquisition est exorbitant. Dans notre climat il faut noter que son autonomie par temps froid baisse de manière importante et les bornes de chargement rapide à domicile sont rares. La cause n’est donc pas claire, du moins pour l’instant, d’autant plus que les conditions périphériques incontournables sont nombreuses, comme par exemple, une voiture électrique qui brûle est un cauchemar pour une unité de pompiers.
La voiture de fonction, un outil de travail
Les ministres idéologues seraient bien avisés de noter que la voiture de fonction n’est pas un cadeau à des employés méritants en une période où beaucoup d’entreprises craignent pour leur survie et que chaque centime compte. C’est un outil de travail d’autant plus précieux que notre ministre de l’aménagement du territoire devrait l’apprécier dans le cadre de son réseau routier car il permet de rester compétitif et de lisser le temps de transport nécessaire pour pouvoir aller vers son lieu de travail. Les collaborateurs non résidents, qui forment l’échine dorsale de l’économie luxembourgeoise, considèrent cet outil comme partie intégrante du salaire et de la motivation pour venir travailler au Grand-Duché. Les efforts faits ces dernières années par le gouvernement en matière de transports en commun arrivent bien trop tard et sont insuffisants pour garantir un déplacement dans des conditions décentes vers les lieux de travail.
Une écologie raisonnée repose sur un consensus
Les défis en termes d’aménagement du territoire sont énormes. Non seulement en matière d’infrastructures routières, mais également de décentralisation tant dans les lieux de travail que dans l’habitat. La pandémie Covid-19, qui n’est pas terminée, amène de nouvelles formes de travail qui impactent les lieux de vie et les infrastructures de communication. La politique n’a que peu de mérite en la matière. Les mutations sont dues à la pandémie et au pragmatisme des entrepreneurs qui se battent pour la survie de leurs entreprises et le maintien de l’emploi. Notre ministre des finances serait bien avisé d’obtenir de ses collègues des pays limitrophes, qu’il rencontre assez souvent à Bruxelles, des résultats en matière de non fiscalisation du télétravail de salariés luxembourgeois. La situation actuelle est telle que les objectifs climatiques ambitieux relèvent d’un défi consensuel qui fait que lorsque l’on doit choisir entre un arbre et un être humain, on choisit l’être humain. Du moins dans un monde humaniste. En ce qui concerne l’arbre on y arrivera de toute manière lorsque l’humain sera sécurisé.
Xavier Bettel serait-il en train de jouer le consensus qu’il a réussi à construire autour de sa vision de la société sur l’autel des membres de sa coalition qui n’ont jamais géré d’entreprise, qui n’ont aucune connaissance de la réalité économique si ce n’est à travers une petite lorgnette teintée de vert ou de rose.
« You don’t need a weatherman to know which way the wind blows. Vous n’avez pas besoin d’un météorologue pour savoir d’où vient le vent » écrivait Bob Dylan, en 1965 dans Subterranean homesick blues Le Zeitgeist n’est plus aux idéologues et à ceux qui volent au secours de la victoire. On demande des femmes et des hommes politiques avec de la grandeur, qui savent qu’il faut soutenir les petites et moyennes entreprises et ne pas les forcer à prendre des voies dont ils n’ont que faire.
Quelques sites web :
Ökobilanz: Elektroauto vs. Verbrenner. | ENTEGA Ökobilanz: Elektroauto vs. Verbrenner | ENTEGA
Wie stark belastet die Batterieherstellung die Ökobilanz von Elektroautos?