Début novembre, Virginie Depoorter dévoile le second volet de Nomade, née de sa rencontre avec le créateur Ezri Kahn, pour laquelle elle signe une nouvelle fragrance : « Royal Oud ». Avec cette collection, la créatrice signe le second volet de cette belle rencontre artistique.

Virginie nous dévoile son parcours le temps d’une petite interview.

« J’ai passé 15 ans à créer des bijoux et photophores, au sein de ma petite boutique-atelier, à Helmsange. À l’aube de la cinquantaine, la vie en a décidé autrement : j’ai dû arrêter, à cause d’une tendinite. Pour me remonter le moral, mes amis ont décidé de m’offrir, pour mon anniversaire, une formation sur les parfums naturels à Grasse. J’ai tout de suite compris mon obsession pour les odeurs. Et ce depuis toujours ! Cette expérience ne fait pas de moi un nez – un tel degré de qualification nécessite au moins 15 années de dur labeur –, mais j’ai découvert que j’avais une véritable sensibilité pour jongler avec les senteurs. D’autant que j’ai eu la chance de vivre un grand moment – presqu‘un coup de foudre – avec le nez de Galimard, l’une des maisons historiques de la cité du sud de la France. Résolument, cette opportunité s’est muée en une formidable résurrection. Vous savez, quand on est manuelle, se résoudre à ne plus travailler avec ses mains est impossible. J’ai enchaîné très vite : des cours en aromathérapie émotionnelle à Bruxelles, suivie d’un stage consacré aux bougies, à Strasbourg. C’était presque compulsif. Et depuis deux ans, j’ai l’impression de vivre un rêve éveillé ».

Une promenade dans un bois lui donne matière à créer l’une de ses premières bougies, devenue un best-seller depuis. Baptisée à juste titre « Bambësch », elle dégage des effluves terreux, mousseux, évocateurs de ballade au sein de la nature luxembourgeoise. Une création née après des heures passées à chercher les notes justes, celles que l’on peut humer dans les nombreuses forêts du Grand-Duché. « Parfois, j’ai dû envoyer à Grasse de la terre fraîche pour qu’ils comprennent exactement l’odeur que je souhaitais (rires) ! »

Cependant, si les matières premières olfactives proviennent de Grasse – pour leurs qualités exceptionnelles – et les cires de soja, naturelles bio et garanties sans OGM, des États-Unis (le seul fournisseur mondial, ndlr.), c’est au sein de son fourmillant atelier que les odeurs sont assemblées et les bougies fabriquées, lui permettant ainsi de revendiquer le label Made in Luxembourg. « C’est une vraie reconnaissance pour moi d’avoir obtenu cette distinction. »

Un perfectionnisme poussé à l’extrême, dont il est impossible de faire fi. Au sein de son laboratoire, elle fait des essais, parfois infructueux, mais s’obstine jusqu’à recréer la fragrance qu’elle a fantasmé. Un véritable exercice de style, qui demande une grande maîtrise, mais qui, parfois, peut se révéler d’une simplicité enfantine. Ce fut justement le cas avec le couturier Ezri Kahn. « Entre lui et moi, le courant est immédiatement passé, dès la première minute. La première collection avait demandé près de trois longues semaines de tests, mais cela a permis de nous apprivoiser. J’ai besoin de cerner les personnes. Pour ce second chapitre (qui ne sera pas le dernier, nous confie-t-elle au passage), je savais exactement ce qu’il souhaitait. » Cet hiver, une nouvelle fragrance découle de cette belle complicité. Baptisée « Royal Oud », elle est construite autour de notes de bois précieux, pachouli et accords cuir.».

Amoureuse de son pays d’adoption, dans lequel elle vit depuis près de 30 ans, Virginie désire à présent réaliser une fragrance qui évoquerait le passé historique du Grand-Duché. Un pari audacieux et passionnant, mais tout aussi complexe, pour cette région aux multiples facettes. « Luxembourg est un pays fascinant : ses habitants, la diversité des paysages, sa richesse singulière et immense. »

Si elle fourmille de projets, Virginie Depoorter n’en a pas fini de retranscrire ses histoires – nos histoires – à travers ses créations parfumées…